Afghanistan: poursuite des combats pour empêcher les talibans de s’emparer de grandes villes

Par Epoch Times avec AFP
2 août 2021 15:44 Mis à jour: 2 août 2021 15:44

Les forces afghanes affrontaient toujours lundi les talibans dans la ville de Lashkar Gah, dans le sud de l’Afghanistan, pour empêcher qu’une première capitale provinciale ne tombe aux mains des insurgés qui resserrent leur étau sur plusieurs grandes villes.

Outre Lashkar Gah, Kandahar et Hérat – deuxième et troisième villes du pays – sont depuis quelques jours sous la menace directe des talibans qui affrontent les forces afghanes dans leurs faubourgs.

Dans un discours au Parlement, le président afghan, Ashraf Ghani, a attribué lundi la dégradation de la situation militaire à la « brusque » décision des États-Unis de retirer les troupes internationales du pays.

Censée s’achever d’ici le 31 août, l’opération de retrait des forces étrangères, présentes depuis 20 ans dans le pays, est désormais quasiment terminée.

Visas d’immigration spéciaux à des interprètes et autres auxiliaires afghans

M. Ghani a affirmé avoir élaboré un plan sur six mois pour briser l’élan des talibans, sans en dévoiler les détails. Un porte-parole des insurgés, Zabihullah Mujahid, a qualifié les propos de M. Ghani d‘ »absurdités ». 

Le président afghan Ashraf Ghani lors d’une réunion au Parlement afghan à Kaboul le 2 août 2021. Photo de Wakil KOHSAR / AFP via Getty Images.

Face à la « hausse des violences », Washington, qui a déjà octroyé des visas d’immigration spéciaux à des interprètes et autres auxiliaires afghans de l’armée américaine, a annoncé son intention d’accueillir des milliers d’Afghans supplémentaires, qui pourraient être en danger en raison de leur proximité avec les États-Unis.

Le gouvernement afghan a annoncé lundi le déploiement de centaines de membres d’unités commando à Lashkar Gah.

Se servir des civils comme bouclier

Dans la nuit, les talibans y ont mené une « attaque coordonnée » sur la prison, mais ont été repoussés par « une contre-offensive des forces afghanes au sol et des frappes aériennes », a indiqué l’armée afghane.

« Il y a des combats, des coupures d’électricité (…) les réseaux de télécommunications sont hors service, il n’y a plus de médicaments, les pharmacies et centres de santé sont fermés », a déclaré à l’AFP Hawa Malalai, une habitante de Lashkar Gah.

-Un membre du personnel de sécurité monte la garde au sommet d’un véhicule à l’extérieur de l’enceinte du bureau de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan dans la province de Herat le 31 juillet 2021. Photo de HOSHANG HASHIMI/ AFP via Getty Images.

Ataullah Afghan, le chef du Conseil provincial du Helmand (sud), dont Lashkar Gah (200.000 habitants) est la capitale, a accusé les talibans de « s’abriter dans des maisons de civils » et de s’en servir comme bouclier.

« Il y a sans arrêt des coups de feu, des frappes aériennes et des tirs de mortiers dans des zones densément peuplées. Les maisons sont bombardées et beaucoup de gens ont été grièvement blessés », a indiqué dans un communiqué Sarah Leahy, coordinatrice de Médecins sans frontières (MSF) dans le Helmand.

Personnes blessées par les combats

« C’est juste beaucoup trop dangereux et la vie s’est arrêtée », a-t-elle ajouté, précisant que MSF avait procédé à de nombreuses opérations chirurgicales sur des personnes blessées par les combats.

Le Helmand, une place forte des talibans, a été le théâtre de certains des combats les plus intenses au cours des 20 ans d’intervention internationale et la province la plus meurtrière pour les forces de l’Otan.

Un commando de l’armée nationale afghane monte la garde le long de la route dans le district d’Enjil de la province de Herat le 1er août 2021. Photo HOSHANG HASHIMI / AFP via Getty Images.

Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux d’Afghanistan lors d’une offensive éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales.

Les forces afghanes n’ont opposé qu’une faible résistance et ne contrôlent plus que les capitales provinciales – dont certaines sont encerclées -, qu’elles doivent désormais défendre bec et ongles.

Le moral sérieusement entamé

La chute d’une première capitale provinciale aurait un impact stratégique et psychologique désastreux sur le gouvernement afghan et son armée, dont le moral est déjà sérieusement entamé par les récentes conquêtes des talibans.

Cela renforcerait encore les doutes sur la capacité des forces afghanes à empêcher les talibans de prendre à nouveau le pouvoir.

Les combats se poursuivaient également dans les faubourgs et autour de Kandahar, grande ville du Sud (650.000 habitants) et berceau des talibans qui en avaient fait l’épicentre de leur régime islamique ultra rigoriste (1996-2001).

Un hélicoptère de l’armée de l’air afghane survole le Parlement afghan à Kaboul le 2 août 2021. Photo de WAKIL KOHSAR/AFP via Getty Images.

« Au cours des dernières 24 heures, ont été admis 18 civils blessés » lors de combats dans les faubourgs de Kandahar et les districts environnants, a indiqué à l’AFP le directeur de l’hôpital Mirwais de Kandahar, Daud Farhad.

Combats dans les faubourgs d’Hérat

Dimanche, les talibans avaient tiré des roquettes sur l’aéroport de Kandahar, endommageant la piste également utilisée par les appareils militaires afghans et cruciale pour le ravitaillement et le soutien aérien des troupes.

Dans l’ouest du pays aussi, des combats avaient lieu dans les faubourgs d’Hérat, notamment à quelques kilomètres à l’ouest de la ville, selon un correspondant de l’AFP.

Lundi, les forces afghanes « ont lancé des opérations de nettoyage dans les faubourgs d’Hérat » et « progressent désormais », a affirmé le porte-parole du ministère de la Défense, Fawad Aman.

Selon le chercheur Nishank Motwani, « si les villes afghanes tombent (…) la décision américaine de se retirer d’Afghanistan restera dans les mémoires comme une des bévues stratégiques les plus notables de la politique étrangère américaine ».

 

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