Afin de recouvrer la vue, un aveugle se fait implanter une dent dans l’œil

Par Robin Lefebvre
3 mars 2025 14:18 Mis à jour: 3 mars 2025 14:53

Pour la première fois au Canada, des chirurgiens ont placé une dent dans un œil pour redonner la vue à un patient. Brent Chapman, aveugle depuis son adolescence, a ainsi bénéficié de cette technique complexe.

Une procédure inédite au Canada. Brent Chapman, un massothérapeute de 33 ans originaire de North Vancouver, pourrait bientôt retrouver la vue grâce à une technique déroutante : l’implantation d’une dent dans l’œil. Il est l’un des trois Canadiens à avoir reçu la semaine dernière une ostéo-odonto-kératoprothèse (OOKP) – aussi appelée une opération dent dans l’œil – dans un hôpital de la Colombie-Britannique.

Depuis son adolescence, le trentenaire est aveugle des deux yeux à cause du syndrome de Stevens-Johnson, une réaction auto-immune grave qui, dans son cas, a été provoquée par l’absorption d’ibuprofène. Pour retrouver la vue, le jeune homme s’est toujours battu, et a subi pas moins d’une cinquantaine d’opérations, qui furent à chaque fois un échec.

Une méthode particulière

Mais cette fois, le patient a de solides raisons d’espérer. L’OOKP, véritable exploit chirurgical, a déjà permis à des patients dans plusieurs pays de recouvrer la vue après des années de cécité. Le docteur Greg Moloney, ophtalmologiste et chirurgien à l’hôpital Mount Saint Joseph de Vancouver, est l’un des pionniers de cette procédure.

Lors de la première opération, le Dr Moloney et ses collègues enlèvent une dent du patient, la rasent en un rectangle et y percent un petit trou pour y loger une lentille en plastique, explique Radio-Canada. Cette dent est ensuite placée temporairement dans la joue du patient, où elle restera pendant environ trois mois, le temps que des tissus de soutien se forment autour d’elle. Pendant ce temps, un greffon de tissu de la joue est placé à l’intérieur de l’œil, pour créer un environnement propice à la cicatrisation.

Quelques mois plus tard, ils retirent la dent de la joue et la placent dans l’orbite de l’œil. L’ensemble du système est maintenu en place par la greffe de tissu. Le résultat est un œil rose avec un petit cercle noir à travers lequel le patient peut voir. « Il n’y a pas de risque de rejet, car nous utilisons une partie du corps du patient », explique le docteur.

« Une opération rare »

Comme il existe un risque d’infection et de perte de la vision, cette opération n’est pratiquée que sur un seul œil, rappelle Greg Moloney. Néanmoins, selon le médecin, celle-ci est pratiquée dans une dizaine de pays depuis des décennies, dont le Royaume-Uni et l’Australie, avec un taux de réussite élevé. À noter que la procédure s’adresse uniquement à ceux qui conservent une rétine et des nerfs optiques sains, comme c’est le cas pour Brent Chapman.

Si le jeune homme a bien voulu tenter sa chance, c’est grâce à l’histoire inspirante d’une Australienne, qui a pu retrouver la vue après 20 ans de cécité. L’opération lui a permis de reprendre des activités comme le ski. « Quand je vois ce qu’elle a pu accomplir, cela me donne une motivation supplémentaire », a confié le trentenaire.

« Si nous réussissons à établir et stabiliser ce programme à Vancouver, nous serons le seul centre nord-américain actif pour cette opération », a précisé le docteur Moloney au média canadien CBC. « C’est une opération rare, dont la plupart des gens n’ont jamais entendu parler, même si l’on est chirurgien ophtalmologiste », affirme ce dernier.

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