Un jeune Marocain de 16 ans est accusé d’avoir essayé de voler un Airbus après avoir été arrêté aux commandes d’un A321 ; il devait être jugé vendredi, mais son état mental pose question.
C’est une histoire pour le moins étrange. Ce vendredi, un Marocain sans-papiers de 16 ans a comparu devant un juge des enfants du tribunal de Créteil pour avoir tenté au mois de juin « de soustraire frauduleusement un avion Airbus A321 au préjudice de la compagnie aérienne Vueling ». L’adolescent, dont la santé mentale pose question, aurait décidé de prendre l’avion pour rentrer chez lui.
En détention provisoire depuis 6 moins, l’adolescent, d’après son avocate Marie Dieudonné de Carfort, « n’aurait pas toute sa tête ».
« Il vit nu avec une simple couverture. Avec ses vêtements, il a bouché toutes les canalisations. Il fait ses besoins à même le sol et il écrit sur les murs avec ses excréments. » Pour son avocate, sa place n’est pas en prison. Elle estime également qu’il n’aurait pas été capable de voler un avion.
Que s’est-il passé ?
Parti du Maroc à 14 ans pour tenter sa chance en France, il erre sans papiers pendant 2 ans et s’essaye à des produits psychotropes. Au mois de juin 2019 à l’aéroport d’Orly, l’adolescent réussit à déjouer les contrôles de sécurité, sans qu’on sache comment, et essaie d’entrer dans un premier avion, sans succès. Il déplace alors un escalier mobile vers un autre appareil, un Airbus A321, et réussit à entrer dans le cockpit.
L’avion étant vide, l’adolescent s’installe aux commandes. C’est alors qu’un technicien dehors remarque une lumière indiquant que le cockpit est occupé. Il monte et voit l’adolescent avec un casque de pilotage sur la tête en train d’appuyer sur divers boutons.
Le technicien appelle immédiatement les forces de l’ordre, mais l’interpellation est difficile car l’adolescent résiste fortement. Une fois en garde à vue, celui-ci refuse de se soumettre aux prélèvements ADN. Une fois en détention provisoire, d’autres comportements incompréhensibles s’enchaînent, comme expliqué précédemment.
Une santé mentale défaillante ?
Pendant la procédure, l’adolescent s’est également masturbé devant des policiers et a craché devant la magistrate du parquet. Deux délits qui sont venus s’ajouter à sa « tentative de vol d’avion ».
Pour son avocate, il est impossible qu’il puisse voler un avion « dans la mesure où il est inenvisageable de faire décoller un appareil sans un minimum de connaissances ». « L’intention serait caractérisée par le fait qu’il a été vu en train d’appuyer sur des boutons. Mais avait-il vraiment l’intention de faire décoller cet avion ? » Pour la juge des enfants, cela reste une possibilité à prendre en compte.
Quant à la santé mentale de l’adolescent, une infirmière et psychologue avait estimé que son état était compatible avec la garde à vue. Cependant, son avocate déclare que son état empire en prison. À la question de savoir s’il s’agit d’une simulation, elle a déclaré : « On ne simule pas pendant des mois. » « On fait clairement courir un danger à cet adolescent en le mettant en prison. Un éducateur me disait que tous les matins, il se demandait s’il allait le retrouver en vie. »
À la suite de l’audience, un juge des tutelles doit se pencher sur la question.
Et en ce qui concerne les dispositifs de sécurité à l’aéroport d’Orly, ceux-ci devraient également être examinés.
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