Les avocats d’Yvan Colonna vont déposer une demande de suspension de sa peine, pour « pronostic vital engagé », après l’agression dont le militant indépendantiste corse a été victime à la prison d’Arles le 2 mars, a annoncé Me Sylvain Cormier.
Alors qu’il pratiquait des exercices de sport dans la prison d’Arles, Yvan Colonna a été victime « d’une strangulation à main nues, puis d’un étouffement » par Franck Elong Abé, djihadiste âgé de 36 ans. Elong Abé a mis un « sac » sur sa tête, avant de lui sauter sur le dos à pieds joints à plusieurs reprises, avait indiqué une source proche de l’enquête. « L’agresseur supposé, lui-même détenu, assurait un service d’entretien en qualité d’auxiliaire d’étage au moment des faits », avait précisé le procureur de Tarascon, Laurent Gumbau.
Depuis, le berger de Cargèse se trouve dans un « coma post-anoxique », un type de coma consécutif à une privation d’oxygène dans le cerveau, il est toujours entre la vie et la mort dans un hôpital à Marseille. Le 6 mars une enquête a été ouverte par le parquet de Tarascon pour « tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste ».
Les avocats d’Yvan Colonna réclament une suspension de peine pour leur client agressé en prison, actuellement dans le coma.
« C’est la demande déposée pour qu’il y ait une prise en considération de la situation médicale », précise @patrice_spinosi, avocat de la famille.#le57inter pic.twitter.com/rMSqziyqPY— France Inter (@franceinter) March 15, 2022
« Respect du droit pour Yvan »
L’un de ses avocats Me Sylvain Cormier a assuré que la demande de suspension de peine allait être déposée ce mardi auprès du tribunal d’application des peines antiterroriste de Paris. « La loi prévoit que la peine puisse être suspendue lorsque le pronostic vital d’un prisonnier est engagé. Nous demandons ni plus ni moins que l’application de la loi, le respect du droit pour Yvan », a-t-il déclaré.
Selon le Code de procédure pénale, la suspension de peine peut être ordonnée pour les condamnés dont il est établi qu’ils sont atteints d’une pathologie engageant le pronostic vital ou que leur état de santé physique ou mentale est durablement incompatible avec le maintien en détention.
Yvan Colonna libérable en droit depuis 2021
Définitivement condamné depuis 2012 à la perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac en 1998, Yvan Colonna est libérable en droit depuis 2021. Contrairement aux deux autres membres du commando Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, il n’avait pas encore déposé de demande d’aménagement de peine, à la date de son agression, mais avait l’intention de le faire.
Le gouvernement avait annoncé le 8 mars qu’Yvan Colonna n’était plus considéré comme « détenu particulièrement signalé » (DPS). « Cette décision (…) se fonde sur la particulière gravité de la situation de santé de M. Colonna », avait alors fait valoir Matignon.
Le Premier ministre a également annoncé la semaine dernière la levée du statut de DPS de Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, ouvrant la voie à leur transfèrement en Corse.
Quand les avocats de Colonna le demandaient Castex refusait de lever son statut de détenu particulièrement signalé.
Il a fallu l’agression sauvage dont Colonna a été victime pour faire changer d’avis le gouvernement ..
Médiocre.— rossel (@babonnay) March 8, 2022
Gérald Darmanin attendu en Corse
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé venir en Corse mercredi et jeudi, pour « ouvrir » un « cycle de discussions » avec « l’ensemble des élus et des forces vives de l’île ».
La présidente de l’assemblée Marie-Antoinette Maupertuis a indiqué lundi « l’impérieux besoin de vérité pour Yvan Colonna ». Elle réclame, aux côtés de Gilles Simeoni, président de la Collectivité corse, une commission d’enquête parlementaire sur les conditions de l’agression qui a laissé le militant indépendantiste entre la vie et la mort.
De son côté, le député corse Jean-Félix Aquaviva (groupe Libertés et territoires) a mis en garde : « Il n’y aurait rien de pire qu’un énième rendez-vous manqué, l’embrasement serait devant et pas derrière nous ».
Pour Me Patrice Spinosi, l’un des avocats d’Yvan Colonna : « la présence d’un ministre de l’intérieur en Corse n’a jamais été un facteur d’apaisement »; « On verra si celle-là est une première ! », a-t-il déclaré sur France Inter ce mardi.
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