Élevé dans le gaullisme et vieil ami de Jean-Marie Le Pen, Alain Delon était profondément de droite et a soutenu, au gré des présidentielles, les représentants du camp conservateur.
Une des premières réactions politiques à son décès dimanche à l’âge de 88 ans est venue du patron des Républicains rallié au Rassemblement national Eric Ciotti, qui a salué un acteur qui « restera à jamais aux yeux du monde l’Homme français avec un grand H. (…) Patriote sincère et homme de droite, Alain Delon a toujours défendu une certaine idée de la France », a-t-il écrit sur X.
🇫🇷 Hommage à Alain Delon, il incarnait une certaine idée du génie français, une légende du cinéma français, le dernier samouraï.
Pensées pour sa famille et ses proches.
Voici la lettre qu’il écrivit au Général de Gaulle à son départ du pouvoir.
Grâce à Alain Delon aussi, nous… pic.twitter.com/n6gIqEwb0Y— Gaullisme ☨ (@Gaullisme_Fr) August 18, 2024
En 1974 et 1981, l’acteur, favorable à la peine de mort, avait appelé à voter Valéry Giscard d’Estaing (contre François Mitterrand), en 1988 Raymond Barre (au premier tour) et, en 2007 Nicolas Sarkozy, avant de se fâcher, plus tard, avec le président.
S’il disait volontiers « adorer » et « admirer » Simone Veil, il était peu disert sur Jacques Chirac.
Après avoir soutenu Alain Juppé lors des primaires des Républicains en 2016, il avait voté François Fillon au premier tour de la présidentielle. Lors du second, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il disait « être resté chez lui ». Il n’aimait pas la façon dont la fille traitait son père.
Car depuis les années 80, Alain Delon a été un proche du leader du Front national. « J’ai des points d’accord et de désaccord avec lui. C’est un ami de longue date, je suis très sympathisant de M. Le Pen », disait-il en 1987, tout en soutenant alors, avec enthousiasme, Raymond Barre.
Alain Delon et Jean-Marie Le Pen, séparés par sept années, se retrouvaient notamment autour de leur participation à la guerre d’Indochine.
« Gaulliste depuis quarante ans »
Face aux nombreuses réactions qu’avait provoquées son appui au FN, Alain Delon n’avait rien cédé : « Je n’ai pas dérapé. Je suis gaulliste depuis quarante ans mais il faut vivre avec son temps. On ne peut pas être gaulliste dans un monde hollandiste ».
Lors de la campagne des européennes de 2014, celui qui jugeait l’homosexualité « contre-nature » avait prêté sa voix au clip promotionnel de Christine Boutin, l’égérie des anti-mariage pour tous.
« Je n’ai rien dit contre le mariage gay, avait-il expliqué. J’ai dit que je m’en foutais du mariage. Mais je suis contre l’adoption des enfants (…) parce qu’un enfant doit avoir un père et une mère et doit être élevé par un père et une mère ».
Ce positionnement ne l’avait pas empêché de cultiver des amitiés avec des gens de bords opposés, comme le réalisateur italien (homosexuel) Luchino Visconti, proche des communistes, ou bien d’aider financièrement un film comme Monsieur Klein de Joseph Losey, banni d’Hollywood pour ses sympathies communistes.
De même, après la défaite de la gauche aux législatives de 1986, il avait insisté pour que ce soit l’ancien ministre socialiste de la Culture, Jack Lang, qui lui remette les insignes de commandeur de l’ordre des arts et des lettres. Lors des municipales de 2014 à Paris, il avait soutenu la candidate du PS, Anne Hidalgo.
Quant à aborder la politique avec son vieux complice, Jean-Paul Belmondo, il n’en était pas question ! « Nous n’en parlons jamais, nous évitons », avait précisé en 2016 Belmondo qui était opposé, lui, à Mme Le Pen et « à tous les extrémismes ».
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