« Le mur de la peur a été cassé »: l’écrivain algérien Kamel Daoud a estimé vendredi sur la radio française RTL que ses concitoyens qui manifestent contre un cinquième mandat du président algérien Abdelaziz Bouteflika « ne reculeront plus » malgré les risques de violence.
A son image, plusieurs écrivains algériens se réjouissent vendredi dans des médias français de cette contestation inédite depuis plusieurs années, tout en craignant la répression d’un mouvement qui fait suite à la décision annoncée le 10 février du président, 81 ans, au pouvoir depuis 1999, de se représenter lors de la présidentielle du 18 avril.
« Le principal changement, c’est le fait que les gens n’ont plus peur. Ce qu’on appelle communément le mur de la peur a été cassé et c’est extraordinaire de sentir cette sorte de frisson, d’enthousiasme, cette sorte de joie », a déclaré Kamel Daoud sur RTL, en ligne depuis la ville d’Oran (nord-ouest de l’Algérie). « Les gens ne se sentent plus terrorisés, et je choisis bien mon mot ».
« Je pense que l’écrasante majorité des Algériens ne reculeront plus », a-t-il dit. « Mais d’un autre côté, le régime n’a pas de sortie de secours, pas de plan B pour le moment, et la tentation de la violence est là », a noté l’écrivain, soulignant la « volonté évidente (du régime) de terroriser les Algériens et de les immobiliser par ce chantage soit nous, soit le chaos, soit nous, soit la guerre civile ».
Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a mis en garde jeudi contre un scénario comparable à la Syrie, pays en guerre depuis 2011.
« Il faut être sincère, j’espérais ce mouvement, mais je ne l’attendais pas car les Algériens nous ont habitués à beaucoup de renoncements. Pendant des années, j’ai écrit que l’Algérie avait renoncé. Quel bonheur de m’apercevoir que je me trompais », commente dans le journal Le Parisien un autre écrivain algérien, Yasmina Khadra, qui vit en France.
Le régime « va tout faire pour calmer les esprits. Mais les Algériens sont fatigués. Ils ne veulent plus voir leurs enfants traverser la Méditerranée sur des bateaux de fortune et mourir au large », ajoute-t-il. Pour Boualem Sansal, « le pouvoir ne tombera pas ». « Il contrôle totalement le pays et dispose de tous les moyens et d’abord de la détermination pour abattre quiconque approcherait la ligne rouge », estime l’écrivain dans un entretien au journal Le Figaro.
D.C avec AFP
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