ENTRETIEN – Dans un climat politique où la vérité est souvent mise à l’épreuve, All the President’s Men, le nouveau documentaire de Sean Stone, réalisateur américain et fils d’Oliver Stone, se propose de décrypter les conspirations politiques orchestrées contre Donald Trump au cours de son premier mandat à la Maison-Blanche. Russiagate, tentative d’impeachment, évènements du Capitole… Les affaires qui ont marqué la présidence du républicain sont passées au peigne fin à travers les témoignages exclusifs d’anciens conseillers de Trump, tels que George Papadopoulos, Roger Stone, Michael Flynn, Kash Patel, et Rudy Giuliani. Animé par le désir de mettre en lumière les défis et dangers qui pèsent sur la démocratie américaine aujourd’hui, Sean Stone nous parle des ambitions et des enjeux de cette série documentaire, à découvrir prochainement sur Tucker Carlson Network.
Epoch Times : Le titre de votre documentaire, axé sur la fake news autour de la prétendue collusion entre la Russie et Donald Trump lors de la présidentielle de 2016, fait évidemment référence au film de 1976 sur l’affaire du Watergate, Les Hommes du Président. Pourquoi ce choix ?
Sean Stone : À bien des égards, le Watergate a constitué un coup d’État organisé contre le président Richard Nixon. Si des ouvrages majeurs comme Silent Coup de Len Colodny et Robert Gettlin, ou bien The Truth About Watergate de Nick Bryant explorent brillamment les ramifications de cette affaire, des questions demeurent.
Par exemple, comment Bob Woodward et Carl Bernstein, les deux journalistes du Washington Post dont les articles ont mené au déclenchement du scandale national responsable de la chute de Nixon, ont-ils obtenu leurs informations ? On sait que Bob Woodward était un ancien officier du renseignement naval dont la source d’information devait très probablement être Alexander Haig, le chef de cabinet de la Maison-Blanche, un homme bien ancré au sein de l’establishment.
Cette conspiration politique orchestrée par des membres de la communauté du renseignement pour faire tomber Nixon rappelle furieusement le coup monté contre Donald Trump entre 2016 et 2020, avec le Russiagate, une affaire compromise par des services de renseignement alors sous tutelle de Barack Obama et ouvertement favorables à Hillary Clinton.
Notre documentaire en six parties commence par l’affaire du Russiagate et explore ensuite d’autres scandales, notamment les mensonges entourant les événements du 6 janvier au Capitole, ainsi que les interrogations concernant l’intégrité de l’élection présidentielle de 2020.
Qu’espérez-vous que le public comprenne en visionnant ce documentaire ?
À l’origine, nous espérions publier ce documentaire avant les élections du 5 novembre, mais nous avons finalement décidé de le diffuser après cette date. Il s’agit d’une œuvre à caractère historique qui pourrait sans peine trouver sa place sur des plateformes comme Netflix, HBO, ou même CNN, si celles-ci faisaient véritablement preuve d’intégrité journalistique. Mais le paysage médiatique contemporain est si politisé que la plupart des chaînes défendent un agenda unique au service d’un seul parti politique.
Cette série a pour ambition d’offrir un contexte riche et complet sur cette conspiration dont on ne mesure pas l’ampleur véritable. À travers cette production, nous espérons améliorer la compréhension du public sur le déroulement du premier mandat de Trump et les raisons pour lesquelles celui-ci était considéré comme une si grande menace pour l’establishment qu’il lui a fallu façonner la croyance selon laquelle il serait un agent russe.
Le point central que nous mettons en avant pour expliquer cette hostilité, c’est sa position contre l’agenda des guerres sans fin. En 2016, se posant en artisan de la paix, il a mené sa campagne sur la promesse de favoriser de meilleures relations avec la Russie.
Lors de ses débats, il n’a pas non plus hésité à qualifier la guerre en Irak de « désastre », dénonçant les milliers de milliards de dollars dépensés et la destruction de l’économie irakienne, sans que les États-Unis n’en retirent le moindre bénéfice.
Trump a aussi remis en question le statu quo en ouvrant le dialogue avec les Russes et les Nord-Coréens, et en négociant avec eux. Il a aussi provoqué des remous en critiquant l’OTAN, pointant du doigt le fait que les Etats-Unis finançaient de façon disproportionnée les coûts de défense de l’Alliance, alors que d’autres pays ne contribuaient pas équitablement.
Ces prises de position revenaient à franchir une ligne rouge pour l’establishment. En un sens, cela revenait à défier la CIA. Et on se souvient des propos de Chuck Schumer en 2017 sur MSNBC : le chef du groupe démocrate au Sénat admettait alors lui-même que les « services de renseignement ont six manières différentes de se venger de vous avant dimanche si vous les attaquez », accusant Trump d’être un « idiot » pour avoir osé le faire.
Un leader démocratiquement élu se retrouvait donc en confrontation directe avec des agences de renseignement qui ne détiennent aucune légitimité démocratique. Cela en dit long.
Les commentaires de Schumer ont illustré le pouvoir d’influence exercé par les agences de renseignement aux États-Unis. À partir de vos travaux et de vos échanges, de quelles façons peuvent-elles tenter de peser sur les décisions politiques ?
Dans un épisode de cette série, nous interviewons Tucker Carlson, qui, s’appuyant sur ses discussions avec plusieurs membres du Congrès, explique que le chantage émanant des services de renseignement est un problème politique majeur.
À ce titre, l’affaire Epstein est un exemple révélateur. Cet homme, lié aux agences de renseignement, disposait d’un équipement de surveillance sophistiqué pour espionner et compromettre des profils de haut rang, souvent par le biais de relations sexuelles avec des jeunes filles mineures.
Le chantage peut aussi se faire via des affaires financières, ce qui est manifestement le cas de la famille Biden, visiblement protégée par la CIA et alignée tout au long de sa carrière sur les intérêts de l’establishment. Joe Biden s’est positionné comme un des architectes du Patriot Act et un fervent promoteur de la guerre en Irak. Plus tard, son fils s’est retrouvé impliqué dans des accords d’affaires controversés, notamment en Ukraine avec Burisma.
Des accusations ont même émergé selon lesquelles c’était la CIA qui aurait bloqué les enquêteurs fédéraux pour les empêcher d’interroger Kevin Morris, l’ami d’Hunter Biden, dans ses affaires de fraude fiscale. Tout cela pourrait indiquer une protection active de la famille Biden par la CIA. Pourquoi ? Peut-être Hunter travaillait-il pour eux de manière informelle, comme agent ou informateur sous couverture.
Ce documentaire sera disponible en exclusivité sur la plateforme de streaming de Tucker Carlson. Pourquoi TCN ?
Tucker Carlson fait partie des personnalités que nous avons interviewées, et son histoire est au cœur de l’épisode six. C’est une figure médiatique fascinante. Tucker a eu l’expérience de naviguer dans les médias mainstream au cours de sa carrière, en plus de partager un lien dès sa jeunesse avec ce milieu via son père, qui travaillait lui aussi dans la presse, à Voice of America.
Au fil de son parcours, il a vécu des prises de conscience marquantes, réalisant qu’il existait des sujets qu’il était interdit d’évoquer ou des dogmes qu’il ne fallait pas remettre en question. Curieux et ouvert d’esprit, refusant de percevoir un beau salaire en échange d’un silence complaisant, il n’a pas hésité pas à exprimer ses désaccords, se démarquant ainsi de nombreux autres journalistes qui, au contraire, se contentent souvent de suivre servilement la ligne officielle.
En tant que journaliste et animateur, je crois aussi en l’importance de rester fidèle à ses convictions. Même si nous ne sommes pas d’accord sur tout, nos approches se rejoignent à bien des égards. Il nous a donc semblé naturel de lui proposer de lancer la série sur sa nouvelle plateforme, pour qu’elle soit diffusée en priorité auprès de son public.
C’est pourquoi, dans un premier temps, la série est réservée exclusivement à Tucker Carlson Network. Ensuite, nous prévoyons de la diffuser sur d’autres plateformes comme Prime Video et iTunes, et espérons collaborer avec des distributeurs à l’étranger pour in fine atteindre un public international. Bien des personnes en dehors des États-Unis ne sont exposées qu’à la version politique véhiculée par CNN et d’autres chaînes du même acabit.
Les États-Unis se préparent à vivre, ce 5 novembre, l’une des élections les plus déterminantes de leur histoire contemporaine. Selon vous, quel en est le principal enjeu ?
Que le vainqueur soit Harris ou Trump, ce qui importe avant tout, c’est restaurer la confiance du peuple américain dans l’intégrité de son processus électoral. Le vote par correspondance, l’absence de contrôle d’identité des électeurs dans les bureaux de vote, la durée du comptage des bulletins de vote pouvant s’étendre sur plusieurs jours, minent la confiance des Américains dans leur démocratie.
Prenons, par exemple, le Michigan, où des problèmes importants avec les machines à voter persistent. Ironiquement, ce sont les démocrates qui avaient jadis été très critiques de ce système. Je me rappelle qu’en 2004, lors de l’élection opposant John Kerry à George W. Bush, de nombreuses préoccupations avaient émergé concernant la fiabilité et la transparence des machines à voter. Comme l’avait si bien dit Staline, « ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes ».
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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