Alliance LR-RN : « Il s’agit d’une grande clarification entre les élus LR courageux et une partie de ‘chapeaux à plumes’ enfermés dans leurs poncifs », déclare le sénateur RN Aymeric Durox

Par Julian Herrero
13 juin 2024 19:23 Mis à jour: 13 juin 2024 23:50

ENTRETIEN. Dans un entretien accordé à Epoch Times, le sénateur RN de Seine-et-Marne, Aymeric Durox, revient sur l’accord passé entre Éric Ciotti et Jordan Bardella.

Epoch Times : Éric Ciotti a annoncé un accord de « rassemblement des droites » avec le Rassemblement national en vue des élections législatives du 30 juin et du 7 juillet. Que peuvent apporter Éric Ciotti et certains élus LR au RN ?

Aymeric Durox : Même si les Républicains n’ont fait que 7,2 % aux élections européennes, je pense qu’ils vont nous apporter la moitié de leurs voix. D’après un dernier sondage, 50 % des militants LR soutiennent cette alliance.

Par ailleurs, ils apportent un réseau d’élus dans des territoires où le RN est peu implanté, et même si nous sommes en tête chez toutes les catégories socio-professionnelles, ils vont amener avec eux plus de CSP +, de retraités et une petite partie de la bourgeoisie.

L’électorat LR est très complémentaire du nôtre et c’est la raison pour laquelle cette alliance va fonctionner et porter ses fruits.

Le président des Républicains a été exclu de son parti par un bureau politique qu’il a lui-même qualifié « d’illégal ». Quel regard portez-vous sur les divisions au sein de LR ?

Il s’agit d’une grande clarification entre les élus courageux qui rejoignent cette union que nous appelons « l’union des patriotes », qui est nécessaire et légitime pour le redressement de la France, et toute une partie de « chapeaux à plumes » enfermés dans leurs poncifs, leurs brevets de « chiraquisme » et complètement déconnectés d’au moins la moitié de leurs militants. Des militants qui nous disaient sur le terrain qu’ils voulaient cette alliance puisque malgré des petits points de divergences, nous sommes d’accord sur l’essentiel.

Nous ne devons pas tergiverser face à l’alliance de gauche hétéroclite, qui va des radicaux-socialistes au NPA pro-Hamas, contre lequel d’ailleurs une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme. Il y a même dans ce bloc d’ultra-gauche, le collectif de la Jeune Garde antifasciste, dont les membres organisent des descentes contre tous ceux suspectés d’être à la droite du Parti socialiste.

Honnêtement, je pense qu’aujourd’hui, c’est ce bloc d’ultra-gauche qui fait peur.

J’ai d’ailleurs prévenu les sénateurs LR, qui ont apparemment rejeté à l’unanimité l’accord entre le Rassemblement national et Éric Ciotti, qu’ils ont le choix entre gagner avec nous ou mourir seuls. Il y a visiblement une bonne partie des sénateurs LR qui ont fait le choix de disparaître, y compris Bruno Retailleau qui est pourtant le président de groupe le plus à droite de l’histoire de son parti. Tant pis. Nous ferons sans eux. Le train avance et ils restent à quai.

« Si Jordan Bardella devient Premier ministre, des élus LR seront au gouvernement », a déclaré Éric Ciotti. Votre parti est-il prêt à gouverner avec des élus LR malgré des divergences de fond, en particulier sur le plan économique ?

Les divergences sont en réalité légères. Et j’imagine que dans le cadre d’un accord gouvernemental, il y aura des inflexions de part et d’autre — excepté sur les retraites, un sujet sur lequel nous resterons intransigeants.

Mais n’oublions pas que nous allons peser beaucoup plus que LR dans cet accord. Ce sera donc davantage aux Républicains de faire des efforts qu’à nous.

Quoiqu’il arrive, nous tiendrons compte de la feuille de route qui sera proposée aux Français dans le cadre de cette nouvelle alliance.

Au micro d’Europe 1 , l’ex-tête de liste LR aux élections européennes François-Xavier Bellamy a déclaré qu’en cas de second tour entre le Front populaire et le RN, il voterait pour votre parti. Faut-il s’attendre, selon vous, à d’autres ralliements à l’alliance LR-RN ?

Je félicite François-Xavier Bellamy pour ce début de courage. Il aurait aussi pu suivre le chemin courageux tracé par Éric Ciotti, comme trois autres de ses camarades députés européens nouvellement élus.

Je peux vous dire qu’aujourd’hui en Seine-et-Marne, il y a des ralliements. Il y a plein de sympathisants des Républicains qui n’ont que faire des déclarations des barons de leur parti qui ne représentent qu’eux-mêmes.

Il y aura de toute évidence des ralliements pendant, mais surtout après la campagne des législatives, quand certains réaliseront ce que nous représentons et le raz-de-marée qui va se déclencher.

Les sondages donnent votre parti en tête du scrutin à venir. Pour vous, la majorité absolue est-elle atteignable ?

Bien sûr. Selon certains sondages réalisés avant la finalisation de l’accord avec LR, nous pourrions obtenir environ 300 sièges.

Je note que ces enquêtes d’opinion indiquent que la majorité des seconds tours opposeront un candidat du Front Populaire à un candidat du Rassemblement national. Cela signifie que nous allons certainement en remporter deux sur trois.

Nous pourrons aussi compter sur une partie de l’électorat de Reconquête ! dont l’apport n’est pas négligeable puisque ce parti a quasiment fait le même score que LR le 9 juin.

Je crois que nous allons gagner facilement plus de 300 sièges de députés.

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