Kiev a imposé des sanctions à Petro Poroshenko, homme politique d’opposition et ancien président, pour des raisons de « sécurité nationale », selon l’agence de renseignement ukrainienne SBU.
Cette décision intervient après que Washington a appelé l’Ukraine à organiser des élections présidentielles—auxquelles Petro Poroshenko pourrait être candidat—après une absence au pouvoir de près de six ans.
La SBU a annoncé ces sanctions la semaine dernière, les justifiant par « les menaces existantes contre la sécurité nationale, l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine ».
Dans une déclaration vidéo, Petro Poroshenko, qui a occupé la présidence de l’Ukraine de 2014 à 2019, a dénoncé cette mesure comme étant « anticonstitutionnelle » et « politiquement motivée ».
Les sanctions imposées à Petro Poroshenko incluraient notamment un gel de ses avoirs ainsi qu’une interdiction de retirer des fonds du pays.
Magnat de la confiserie et l’un des hommes les plus riches d’Ukraine, Petro Poroshenko, 59 ans, dirige un important bloc d’opposition au sein du parlement ukrainien.
En 2019, il n’était pas parvenu à obtenir un second mandat après avoir perdu l’élection présidentielle face à Volodymyr Zelensky, l’actuel président ukrainien.
Dans son message vidéo, Petro Poroshenko a semblé attribuer ces sanctions à son successeur, accusant Volodymyr Zelensky d’avoir porté un « coup colossal » à « l’unité intérieure » de l’Ukraine.
Volodymyr Zelensky, dont le mandat présidentiel a expiré il y a près d’un an, a déclaré dans une allocution vidéo que « toute personne ayant porté atteinte à la sécurité nationale de l’Ukraine et aidé la Russie devait être tenue pour responsable ».
Il n’a cependant pas mentionné directement le nom de Petro Poroshenko.
Loi martiale
Début 2022, Kiev a instauré la loi martiale après l’invasion par la Russie de vastes régions de l’est de l’Ukraine, dont quatre ont ensuite été annexées de facto.
Depuis, le parlement ukrainien – où le parti « Serviteur du peuple » de Volodymyr Zelensky détient la majorité – a maintenu cet état d’exception.
Début février, Volodymyr Zelensky a signé un décret prolongeant la loi martiale pour une nouvelle période de trois mois, jusqu’au 9 mai.
Bien que Volodymyr Zelensky ait été élu président lors du scrutin de 2019, son mandat de cinq ans a officiellement pris fin en mai 2024.
Des élections présidentielle et législatives devaient initialement se tenir en mars 2024.
Cependant fin 2023, Volodymyr Zelensky a annoncé leur report indéfini, invoquant la loi martiale en vigueur et le conflit avec la Russie.
Selon les autorités de Kiev, la législation interdit l’organisation de scrutins présidentiel et parlementaire tant que la loi martiale est en place.
Depuis ce report, il y a presque un an, Moscou n’a cessé de remettre en question la légitimité présidentielle de M. Zelensky.
Le président russe Vladimir Poutine a averti que cette question de légitimité—ou d’absence de légitimité—pourrait avoir un impact sur la signature éventuelle d’un traité de paix entre la Russie et l’Ukraine.
« Si nous en arrivons là, il nous faudra comprendre avec qui nous devrons traiter pour signer des documents juridiquement contraignants », a déclaré Vladimir Poutine après l’annulation du scrutin.
En juillet 2024, un porte-parole du Kremlin a réitéré ces préoccupations.
« D’un point de vue juridique, cette question [de la légitimité présidentielle de Volodymyr Zelensky] doit être traitée », a-t-il déclaré lorsqu’on l’a interrogé sur la possibilité de pourparlers avec Kiev.
Jusqu’à présent, Volodymyr Zelensky a largement écarté ces critiques, affirmant l’été dernier que sa légitimité était reconnue par « le peuple ukrainien ».
Au cours de l’année écoulée, les alliés occidentaux de Kiev ont également semblé faire preuve de compréhension face à l’impasse électorale de M. Zelensky.
Lorsque le scrutin a été reporté l’année dernière, un porte-parole du département d’État américain avait déclaré que Washington espérait « voir des élections présidentielles—et toutes les élections—se tenir en Ukraine ».
« Mais nous comprenons que c’est difficile en temps de guerre », avait-il ajouté. « En fin de compte, ce sont des questions que doit trancher le peuple ukrainien. »

L’émissaire américain : « Les élections doivent avoir lieu »
Cependant, depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche le mois dernier, la position de Washington semble avoir évolué.
Plus tôt ce mois-ci, des responsables américains ont commencé à suggérer que des élections, tant législatives que présidentielles, devraient être organisées avant la fin de l’année.
Le 1er février, le général Keith Kellogg, envoyé spécial de Donald Trump pour la Russie et l’Ukraine, a déclaré dans une interview à Reuters que les élections ukrainiennes « devaient avoir lieu ».
« La plupart des nations démocratiques organisent des élections en temps de guerre », a-t-il affirmé. « Je pense qu’il est important que les Ukrainiens fassent de même. »
« Je pense que c’est bon pour la démocratie. C’est la force d’une démocratie solide : il y a plus d’une personne qui peut se présenter. »
Dans une interview accordée à Newsmax le 6 février, le général Keith Kellogg a réitéré la position de l’administration américaine.
« On va arriver à un point où ils devront organiser des élections », a-t-il déclaré.
S’exprimant lors d’une conférence de sécurité de haut niveau à Munich, le 15 février, Volodymyr Zelensky s’est dit « ouvert à la discussion » sur la question des élections.
Toutefois, il a ajouté que les Ukrainiens y étaient « opposés » et craignaient que le scrutin ne soit exploité par la Russie pour conquérir davantage de territoires.
Le 17 février, l’agence de presse Interfax-Ukraine a cité Petro Poroshenko, qui a affirmé que des élections présidentielles, législatives et locales devraient vraisemblablement avoir lieu en octobre.
Petro Poroshenko a appuyé son affirmation sur des sources anonymes au sein de plusieurs agences gouvernementales ukrainiennes, sans que ces informations puissent être vérifiées de manière indépendante par Epoch Times.
Dans des déclarations faites à la presse en avril 2024, Petro Poroshenko avait exprimé son souhait de se présenter à nouveau à la présidence, mais uniquement après la fin du conflit avec la Russie.
Avec Reuters
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