Amazon a créé un algorithme secret qui a aidé le géant du commerce électronique à générer un milliard de dollars supplémentaires, selon la Commission fédérale du commerce américaine (FTC : Federal Trade Commission) dans une nouvelle plainte déposée le 2 novembre.
En septembre, la FTC et 17 États américains ont intenté une action antitrust contre Amazon, mais de nombreux détails n’ont divulgués que le 2 novembre, lorsqu’une version moins expurgée de l’action a été rendue publique par le tribunal de district de Seattle.
Selon la nouvelle version, moins expurgée, Amazon aurait déployé un algorithme secret, baptisé en interne « Projet Nessie », qui augmenterait les prix des articles sur sa boutique en ligne et, par voie de conséquence, sur l’ensemble du marché.
Sachant que de nombreux sites web fixent leurs prix pour s’aligner sur ceux d’Amazon, l’entreprise aurait développé Nessie pour augmenter les prix des produits afin que d’autres détaillants suivent.
Une fois que les détaillants tiers commencent à s’aligner sur leurs prix ou à les augmenter, Amazon continue à vendre le produit à un prix excessif, selon la FTC, ce qui se traduit par un bénéfice excédentaire d’un milliard de dollars.
La FTC a accusé Amazon d’activer et de désactiver le projet Nessie pour éviter tout contrôle.
« Conscient des retombées publiques qu’il risque, Amazon a désactivé le projet Nessie pendant les périodes de surveillance renforcée de l’extérieur, puis l’a réactivé lorsqu’il pensait que personne ne le surveillait », peut-on lire dans la plainte.
« Le projet Nessie a généré d’énormes profits pour Amazon, même si ses prix plus élevés ont entraîné une baisse des ventes unitaires d’Amazon. En 2015, par exemple, les prix élevés ont réduit le chiffre d’affaires brut d’Amazon mais ont augmenté les bénéfices sur ces ventes de 363 millions de dollars. En 2018, Amazon a estimé que le projet Nessie avait augmenté ses bénéfices annuels de 334 millions de dollars ».
La FTC a qualifié l’algorithme de « méthode de concurrence déloyale » car il manipule les autres boutiques en ligne pour qu’elles augmentent leurs prix, ce qui permet à Amazon de faire de même.
« Le projet Nessie avait pour seul objectif d’augmenter encore les prix à la consommation en manipulant d’autres boutiques en ligne pour qu’elles augmentent leurs prix », a affirmé la FTC.
Epoch Times a contacté Amazon pour obtenir des commentaires, mais n’en a reçu aucun à l’heure de la mise sous presse.
Tim Doyle, porte-parole d’Amazon, a déclaré à Reuters que la FTC « dénaturait grossièrement » l’outil de tarification en question et souligne que l’entreprise a cessé de l’utiliser il y a plusieurs années.
« Nessie a été utilisé pour tenter d’empêcher que notre harmonisation des prix n’aboutisse à des résultats inhabituels : des prix trop bas devenus insoutenables », a indiqué M. Doyle.
En effet, l’année dernière, craignant que l’inflation ne nuise à la rentabilité d’Amazon, Doug Herrington, PDG de Worldwide Amazon Stores, aurait demandé à l’entreprise d’activer son « vieil ami Nessie, avec une nouvelle logique de ciblage » pour augmenter les bénéfices de l’unité de vente au détail d’Amazon.
La plainte de la FTC accuse également Amazon d’avoir cherché à dissimuler des informations sur ses activités aux autorités antitrust en utilisant la fonction de disparition des messages de l’application de messagerie Signal et indique que l’entreprise a détruit des communications entre juin 2019 et début 2022.
Tactiques anti-escompte et diffusion de publicités indésirables
L’agence accuse Amazon d’utiliser une variété de « tactiques anti-discount pour empêcher ses rivaux de se développer en offrant des prix plus bas » et de recourir à des « tactiques coercitives », notamment avec son service d’exécution des commandes, pour empêcher ses concurrents d’atteindre l’échelle nécessaire pour être compétitifs.
« Lorsqu’Amazon détecte ailleurs en ligne un produit moins cher que l’offre d’un vendeur pour le même produit sur Amazon, Amazon sanctionne ce vendeur. Il agit ainsi pour empêcher ses rivaux de gagner des marchés en offrant aux acheteurs ou aux vendeurs des prix plus bas », peut-on lire dans la plainte.
La FTC allègue également que, sous la direction de Jeff Bezos, alors PDG de l’entreprise, la société a inondé sa boutique en ligne de « publicités payantes » et de « publicités indésirables non pertinentes », tout en sachant que ces publicités indésirables constituaient des « défauts ».
La FTC affirme que les dirigeants d’Amazon savaient que cette pratique causait un « préjudice aux consommateurs » en affichant des résultats de recherche moins pertinents.
M. Bezos a demandé à ses cadres d’« accepter davantage de défauts » puisqu’Amazon peut tirer des milliards de dollars grâce à une publicité accrue en dépit de la dégradation de ses services pour les clients », peut-on lire dans la plainte.
Cibler les vendeurs
Selon la FTC, Amazon a également exigé des vendeurs utilisant sa fonction Prime qu’ils utilisent ses services de logistique et de livraison, alors que nombre d’entre eux préféreraient utiliser un service moins coûteux ou qui servirait également les clients des autres plateformes sur lesquelles ils vendent leurs produits.
La FTC allégue qu’un cadre d’Amazon, dont le nom n’a pas été révélé, qui dirigeait l’exécution des commandes au niveau international, s’est rendu compte que le fait de permettre aux vendeurs de participer au programme Prime sans utiliser le service d’exécution des commandes par Amazon « affaiblissait fondamentalement l’avantage concurrentiel (d’Amazon) » en encourageant les vendeurs « à gérer leurs propres entrepôts ».
Reuters a contribué à la rédaction de cet article.
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