Entre les élections et une pandémie, l’année 2020 a été marquée par de profondes divisions qui ont empêché les gens de tendre la main et de nouer des liens au moment où ils en avaient le plus besoin.
Dans la foulée, Deborah Schutt, Kim Kalan et Jane Rabe, des entrepreneurs ayant une grande expérience des voyages, se sont lancées dans une entreprise visant à ramener les femmes dans le monde. Elles ont essayé les événements « vin et fromage ». Elles ont essayé les voyages mère-fille. Kim Kalan, qui dirigeait avec son mari les entreprises de plein air Gage Outdoors et Big Hat Outdoors, a demandé à sa clientèle, essentiellement masculine, si elle accepterait d’offrir des voyages entre filles à leurs épouses.
Ces tentatives ont toutes été des échecs complets.
Après un an et demi de lancements ratés et d’argent perdu, le trio est allé déjeuner ensemble, bien qu’un peu tristement, selon Kim. C’est à ce moment qu’elles ont eu une nouvelle idée.
Nous nous sommes dit : « Voyons si nous pouvons amener des femmes conservatrices à voyager ensemble », se souvient Kim. La formule s’est avérée parfaite. L’idée est devenue Beatrice Bradley (bbgage.com), un club de voyage où les femmes voyagent en solo, mais découvrent une destination ensemble, dans un groupe d’une douzaine de personnes au maximum, avec un hôte qui a déjà tout réservé et planifié.
Elles ont publié une annonce sur Facebook ciblant les femmes de plus de 50 ans, conservatrices et patriotes, et ont immédiatement obtenu une réponse. Le premier jour, Kim se souvient d’avoir vu des alertes concernant de nouvelles inscriptions à la minute près. Le 4 juillet, elles avaient reçu environ 700 membres, et Facebook a fermé l’annonce. En 2022, le groupe a organisé 32 voyages, cette année il en organisera 55. L’année prochaine, environ 70 voyages sont prévus, soit plus du double de leur première année, d’autres projets sont en cours. Les statistiques plus générales de l’industrie du voyage font état d’une croissance similaire : le voyage en solo est le secteur qui connaît la plus forte croissance, la grande majorité de ces voyageurs sont des femmes. Un quart des Américains ont mentionné avoir envisagé un voyage en solo cette année.
« Nous sommes tombées dessus par hasard en mangeant des ailes de poulet et de la salade », a dit Kim. « C’est vraiment magique (…) Ces femmes se réunissent, beaucoup d’entre elles viennent d’une situation difficile (…) elles viennent et elles vont mieux. C’est vraiment magique. »
Des amitiés forgées par l’aventure
Debbie Henderson a perdu son mari il y a quelques années. Ils formaient un couple uni et Debbie s’est occupée de lui jusqu’à la fin. Elle l’a ramené de l’hôpital, lui a installé un lit d’hôpital dans leur maison, près d’une fenêtre, et a dormi à proximité. Elle a entendu ses derniers soupirs, l’a vu fermer les yeux pour la dernière fois, puis elle a appelé les pompes funèbres et s’est glissée dans le lit à côté de lui pour attendre. Après son décès, elle est tombée dans une profonde dépression, perdant tout appétit pour la vie. Elle a perdu énormément de poids, jusqu’à devenir squelettique (43 kg). Un jour, elle s’est réveillée et a réalisé qu’elle avait cessé de vivre et a décidé que cela avait assez duré.
« J’ai recommencé à vivre et c’est alors que j’ai trouvé Beatrice Bradley. C’est pourquoi je leur dis qu’elles m’ont sauvé la vie », a confié Debbie. « J’avais besoin de reprendre ma vie en main et elles m’en ont donné l’occasion. »
Debbie n’est pas la seule à avoir une telle histoire, explique Kim. Certaines de ces femmes ont perdu leur conjoint à la suite d’un décès ou d’un divorce, d’autres ont perdu leurs enfants à la suite d’un suicide, et beaucoup ont perdu des amis. Lorsque Kim parle à ces femmes au téléphone, elle sent le courage qu’elles ont rassemblé pour réserver ces voyages, et elle a constaté à de nombreuses reprises la transformation qu’elles subissent lors de ces voyages de cinq à sept jours. Deborah se souvient d’une femme qui lui avait dit qu’elle n’avait pas ri depuis deux ans, après avoir perdu son mari, et qu’elle vivait dans un nuage de morosité mais, lors du voyage qu’elle a fait, elle a souri et ri chaque jour.
« Jane, Deborah et moi-même avons perdu beaucoup d’amis. Et c’est difficile. C’est triste. On ne sait plus comment s’amuser. Ces femmes participent donc à ces voyages et elles réapprennent vraiment à s’amuser », a dit Kim. « Ce sont toutes des grands-mères qui font de la tyrolienne, du rafting, de la randonnée, et qui mangent des plats fabuleux. »
Des femmes âgées de 67 ans en moyenne décident de partir à l’aventure, de faire de la tyrolienne ensemble et de nager avec les lamantins. Plus le voyage est aventureux, plus il semble plaire aux personnes âgées, dit Kim en plaisantant. À chaque voyage, ces animatrices entendent des femmes dire qu’elles ont fait le voyage de leur vie. Cependant, elles ajoutent que la magie du voyage réside dans la camaraderie.
Debbie et son mari travaillaient tous deux dans le secteur du voyage et prenaient souvent des vacances ensemble, mais voyager seule lui paraissait trop intimidant. Avec un groupe d’autres femmes, dans la même tranche d’âge et avec des opinions similaires – Béatrice Bradley souligne à plusieurs reprises dans son processus d’inscription que le club est destiné aux femmes conservatrices et patriotiques qui aiment l’Amérique – Debbie et d’autres femmes ont dit qu’elles avaient moins de soucis à se faire. Il n’y a pas de crainte d’être ostracisé lors d’un voyage, ni de débat politique divisant un groupe de voyageurs ; c’est pourquoi les voyageuses laissent généralement de côté les questions politiques pour partir à l’aventure.
Ivy McKinney a une longue liste d’endroits qu’elle souhaite découvrir, et un mari qui veut bien voyager, mais qui n’aime pas vraiment ça. Souvent, dit-elle, il lui demande si l’une de ses amies ne pourrait pas l’accompagner. Elle avait envisagé de voyager seule, mais n’était pas convaincue par l’idée de devoir tout planifier elle-même et de s’asseoir seule dans les restaurants. L’organisation méticuleuse de Beatrice Bradley a convaincu Ivy, après son premier voyage, d’en réserver cinq autres, souvent avec des femmes qu’elle avait rencontrées lors de son premier voyage.
« Elles pensent à tout », a dit Ivy. Les voyages sont payés à l’avance et les voyageurs réservent leurs propres vols. Une fois sur place, l’hôtel, les repas, les collations, l’itinéraire et tout le reste sont couverts, de sorte qu’il n’y a pas de frais supplémentaires ou d’organisation à prendre en charge pendant le séjour, a-t-elle expliqué. Il s’agit d’une entreprise de type boutique, qui sélectionne des hébergements uniques tels qu’un manoir dans les montagnes et des restaurants locaux dirigés par des chefs. Il ne s’agit pas d’un voyage à petit prix ; le coût d’un voyage peut atteindre plusieurs milliers d’euros. Le voyage de Noël d’Ivy à New York a coûté environ 2800 euros ; les voyages internationaux sont plus onéreux, les récents voyages de Debbie au Costa Rica et en Irlande ayant coûté entre 5600 et 6500 euros. À ce prix, l’équipe de Beatrice Bradley est consciente que les voyages sont des expériences vraiment spéciales pour ces femmes, et elle fait en sorte qu’elles n’aient pas à se concentrer sur autre chose que le plaisir de l’expérience.
« Et ce qui est formidable, ce qui était assez inattendu pour moi, c’est que je me suis fait des amies que j’aurai pour le reste de ma vie », a dit Debbie. « Je sais tout de leur vie et elles savent tout de la mienne, alors ce sont des amies pour toujours. Nous n’avons pas vraiment l’occasion de nous faire de telles amies dans la vie de tous les jours. »
À la demande de plusieurs membres du club, l’équipe de Béatrice Bradley s’est aventurée avec prudence dans les voyages pour couples. L’un de ces voyages s’est bien déroulé cette année, et d’autres pourraient avoir lieu à l’avenir. Les fondatrices affirment qu’un club de voyage pour les femmes plus jeunes, dans la trentaine et la quarantaine, est également à l’horizon.
Béatrice
Beatrice Bradley doit son nom à la grand-mère de Debbie, Béatrice Belle Baker Bradley.
« Ma grand-mère était une femme fougueuse qui ne faisait aucune concession », a dit Debbie. Elle disait : « Viens, vivons une petite aventure aujourd’hui. Je me souviens que lorsque j’avais 4 ans, elle m’a emmenée voir le film Gigi (…) Nous prenions nos manteaux, nous montions dans la voiture et nous allions quelque part, nous passions la journée à faire quelque chose d’amusant. »
« Elle m’a vraiment dit qu’il fallait que je m’engage dans l’aventure. Amuse-toi. N’aie pas peur. Ne laisse personne te dissuader de faire quelque chose. N’aie pas peur. Efforce-toi d’essayer quelque chose de nouveau et de différent, tu apprécieras tellement plus la vie », se rappelle Debbie. « Elle était très audacieuse de ce point de vue, bien avant son temps. »
Béatrice n’a pas eu l’occasion de voyager dans le monde entier, ni même beaucoup, mais l’intrépidité que Debbie admirait chez sa grand-mère l’a incitée à donner son nom au club de voyage. « Ce club rassemble les gens et leur donne l’occasion de ne pas avoir peur, de se lancer dans l’aventure et de rencontrer de nouvelles personnes. »
Beatrice Bradley est un partenaire publicitaire d’Epoch Times et d’American Essence.
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