Angela McArdle, présidente du parti libertarien américain : « Le mouvement Rescue the Republic se donne pour mission de défendre les valeurs occidentales »

Par Etienne Fauchaire
27 octobre 2024 10:39 Mis à jour: 27 octobre 2024 11:33

ENTRETIEN – Angela Mcardle est présidente du Parti Libertarien américain, le troisième parti politique des États-Unis. Au côté de Brett Weinstein, professeur de biologie ayant démissionné avec fracas en 2019 de l’université Evergreen, et de Matt Tune, connu outre-Atlantique pour son opposition aux mesures sanitaires durant la crise du Covid-19, la femme politique a fondé le mouvement Rescue the Republic. Leur premier rassemblement a eu lieu le 29 septembre dernier, avec des figures de proue telles que Robert Kennedy Jr., Tulsi Gabbard et Jordan Peterson. Angela McArdle nous explique la genèse et la mission de ce mouvement de défense des valeurs occidentales. 

Epoch Times : Comment est né le mouvement « Rescue the Republic » (Sauver la République, ndlr) ?

Angela McArdle : L’idée de « Rescue the Republic » a émergé de la fusion des mouvements « Rage Against the War Machine » et « Defeat the Mandates ».

Au côté de Nick Brana, je suis co-fondatrice et co-organisatrice d’une série de rassemblements intitulés « Rage Against the War Machine ». Matt Tune est, quant à lui, une figure clé de « Defeat the Mandates », une initiative à l’origine d’une série de manifestations d’opposition aux mesures sanitaires à Washington, D.C.. Matt, Brett Weinstein, professeur actif au sein de « Defeat the Mandates », et moi-même avons fait connaissance pour la première fois à l’occasion d’un de ces rassemblements.

Au fil de nos échanges, nous avons réalisé que nos mouvements partageaient des objectifs et des défis communs, ce qui nous a incités à collaborer et à réfléchir à la manière dont nos efforts pouvaient s’entrelacer et se renforcer mutuellement.

Nos discussions ont porté sur les enjeux fondamentaux qui nous motivent tous – la lutte contre la propension à mener des guerres à l’étranger et les atteintes aux libertés, comme les mesures de confinement. Elles ont ensuite pris la forme du mouvement « Rescue the West » (Sauver l’Occident, ndlr), renommé ensuite « Rescue the Republic », avec pour mission de défendre les valeurs occidentales : la liberté d’expression, le droit de propriété, le consentement citoyen…

Durant son discours lors du grand rassemblement organisé le mois dernier à Washington, Robert Kennedy Jr. a dénoncé une mainmise de l’industrie pharmaceutique sur les agences d’État américaines. Estimez-vous également que la lutte contre les maladies chroniques est essentielle pour la survie des États-Unis ?

Nous soutenons pleinement la vision « Make America Healthy Again ». Bien que je ne sois pas aussi engagée sur ce sujet que Robert Kennedy, je suis convaincue qu’il s’agit d’un objectif essentiel à atteindre pour le bien de notre nation. Je ne peux m’empêcher de constater une crise sanitaire qui empire.

Depuis le déploiement de la campagne de vaccination contre le Covid-19, nous avons constaté une augmentation préoccupante des cas de cancers et d’accidents vasculaires cérébraux. Les taux d’obésité et le nombre de cas d’autisme sont également alarmants.

Par ailleurs, la crise de la santé mentale constitue un défi majeur, en particulier chez les jeunes, qui sont de plus en plus confrontés à des troubles anxieux et à d’autres formes de névroses. Il est évident que les États-Unis doivent faire face à des enjeux centraux en matière de bien-être physique et mental.

Dans le discours que vous aviez prévu pour ce rassemblement, la notion de confiance occupe une place centrale. Vous soutenez que les défenseurs des libertés individuelles, qu’ils soient issus des camps républicain ou libertarien, ainsi que les partisans de Kennedy, doivent « prendre le risque » de l’unité pour faire avancer la cause de la liberté, malgré leurs divergences politiques. Quels sont les principaux obstacles à cette unité que vous avez identifiés ?

Je pense que bien des personnes ont souvent tendance à se retrouver enfermées dans leurs propres groupes ou leurs propres projets et à rencontrer des difficultés à s’unir avec d’autres groupes ou projets partageant les mêmes objectifs que les leurs.

L’ego humain joue un rôle central dans ce phénomène. Par exemple, lorsque vous investissez du temps dans l’organisation d’un rassemblement, d’un événement, ou dans la construction d’une présence sur les réseaux sociaux, il est naturel de ressentir de la frustration, voire parfois de la jalousie, en découvrant que quelqu’un d’autre travaille sur un projet similaire. Ce sentiment de concurrence peut engendrer une peur de collaborer, par crainte de devoir s’effacer ou reconnaître que l’approche de l’autre pourrait être plus efficace. Ces aspects de la nature humaine rendent l’union particulièrement difficile.

De plus, il est courant que les gens soient conditionnés à se méfier les uns des autres. Par exemple, lors de mes conversations avec certains membres du Parti républicain, j’ai régulièrement noté des sentiments très négatifs à l’égard de Kennedy lorsqu’il a lancé sa campagne électorale pour la présidentielle. Ce conditionnement nous pousse à nous méfier et à nous opposer les uns aux autres, ce qui rend parfois difficile la recherche d’un terrain d’entente.

Mais les choses avancent dans le bon sens. Ce rassemblement a été l’occasion de montrer l’importance de surmonter nos différences politiques pour nous unir autour d’une cause commune, la liberté. Tous les intervenants sur scène n’étaient pas nécessairement d’accords entre eux. Par exemple, Jimmy Dore est très à gauche. Bien qu’il ne votera pas pour Donald Trump, il s’inquiète de l’état de notre pays et croit fermement que nous devrions chercher l’unité dans autant de domaines que possible. Pour lui, il s’agit d’unir le peuple contre le gouvernement. J’ai un immense respect pour lui ; il incarne véritablement cet esprit d’unité.

Pensez-vous que l’élection de Kamala Harris rimerait avec l’extinction des libertés américaines, comme le craint par exemple Elon Musk ?

Je ne pense pas que nos libertés seraient immédiatement abolies en cas d’élection de Kamala Harris, mais ce processus liberticide s’accélérerait inéluctablement et deviendrait effectivement difficile à inverser…

Après la défaite de Donald Trump et l’élection de Joe Biden, l’Occident a été confronté à des restrictions de libertés sans précédent. Était-ce prévisible ?

C’était sans doute les mesures les plus totalitaires depuis l’ordre de conscription au service militaire durant la guerre du Vietnam. Il était manifeste qu’il y avait une volonté d’exploiter la crise du Covid comme un prétexte pour priver les gens de leurs libertés. Je m’attendais à ce qu’une telle situation finisse par advenir, mais je pensais que cela n’arriverait pas avant 30 ou 40 ans.

Au cours de sa campagne, Donald Trump a plusieurs fois alerté sur « le risque d’une guerre mondiale » s’il n’est pas élu. L’élection du candidat républicain est-elle pour une promesse de paix ?

Si je ne suis actuellement pas particulièrement optimiste en matière de politique étrangère, je pense que Donald Trump tentera de mettre fin aux hostilités entre Israël et Gaza. Je m’inquiète toutefois de l’avenir de la situation avec l’Iran, peu importe qui occupera la présidence.

Bien que je ne partage pas l’intégralité des opinions de Donald Trump sur le sujet, je le crois néanmoins sincère dans sa volonté de mettre un terme aux guerres et aux conflits. Nous verrons comment il s’efforcera d’atteindre cet objectif s’il est réélu.

Quelle politique étrangère américaine préconiseriez-vous ?

Je pense que les États-Unis devraient prioriser l’approche diplomatique ; les erreurs et les errements de notre politique étrangère nous valent aujourd’hui beaucoup de ressentiment à l’étranger.

En ce sens, il serait notamment souhaitable de rapatrier toutes nos troupes sur le sol national, bien sûr en procédant intelligemment. Le retrait d’Afghanistan, qui a entraîné un vide de pouvoir et laissé des armes entre les mains de terroristes, a mis en évidence les dangers d’un rapatriement précipité.

Le mouvement Rescue the Republic s’articule autour de huit piliers : lutte contre le complexe de la censure, contre le complexe immigrationniste, contre le complexe pharmaceutique… Quels conseils donneriez-vous pour réussir le déploiement de ce programme tant aux États-Unis qu’en Occident ?

La première mesure évidente consiste à cesser de voter pour des individus qui s’opposent à la liberté à travers le prisme de ces huit piliers. Par exemple, si vos représentants ne remettent pas ouvertement en cause le complexe militaro-industriel, ne leur accordez pas votre vote.

Au-delà de cela, il est impératif de renforcer nos communautés à l’échelle locale et de sensibiliser l’opinion publique par des actions visant par exemple à encourager les parents à retirer leurs enfants de l’école publique pour les protéger de l’endoctrinement woke en salle de classe. Au niveau individuel, il faut aussi reprendre notre santé en main, en évitant de consulter des médecins dont le seul objectif est de vous prescrire des médicaments sans se soucier véritablement de votre bien-être.

De nombreuses initiatives comme celles-ci sont à la portée de chacun pour nous permettre de reprendre en main notre souveraineté. Je suis convaincue que c’est là que commence le véritable chemin vers le changement.

Et bien sûr, les personnes partageant en Occident les mêmes valeurs, que ce soit aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni, ou encore en Allemagne, devraient se connecter les unes aux autres.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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