ENTRETIEN – Pour lutter contre l’antisémitisme et assurer la sécurité des Londoniens de confession juive, la mairie de Londres a mis en place une ligne de bus expérimentale entre les quartiers Stamford Hill et Golders Green. Pierre Martinet, ancien cadre du service Action de la DGSE et directeur de Wincorp-Security-Defense qui a travaillé plusieurs années outre-Manche, revient pour Epoch Times sur ce dispositif et la montée de l’antisémitisme au Royaume-Uni.
Epoch Times : Comment réagissez-vous à l’installation de ce dispositif à Londres ?
Pierre Martinet : La mairie de Londres a décidé d’installer ce dispositif parce qu’au départ, il n’y avait pas de lignes directes entre ces quartiers situés dans le nord de Londres où vivent d’importantes communautés juives. Les gens devaient changer de ligne à Finsbury Park. Un quartier que je connais très bien, surnommé depuis longtemps le « Londonistan » et gangréné par l’islam politique. C’est assez impressionnant parce que là-bas, nous n’avions pas vraiment l’impression d’être dans la capitale britannique. Les femmes portaient le voile intégral et les hommes étaient en djellaba avec des vestes de treillis.
À l’époque, nous avions plusieurs cibles à surveiller à Finsbury Park, notamment le recteur de la mosquée, Abou Hamza al Masri. Un personnage très virulent qui appelait à tuer les Juifs et à combattre l’Occident et les infidèles. D’ailleurs, beaucoup de prédicateurs lançaient des appels à l’intifada, comme l’a récemment fait Elias Imzalène à Paris. C’est la raison pour laquelle les Juifs n’étaient plus en sécurité à Finsbury Park et étaient souvent agressés verbalement et physiquement.
Pour moi, il y a donc un aspect sécuritaire. Mais c’est quand même assez effrayant d’en arriver à installer une nouvelle ligne de bus pour protéger les Juifs. C’est d’autant plus terrifiant quand on constate comment l’islam radical a infiltré les sociétés et les institutions européennes, plus particulièrement au Royaume-Uni. Regardez Birmingham, Manchester et Londres ! C’est évidemment la même chose en Allemagne, en France, en Belgique et en Suède où depuis le 7 octobre cet islam fondamentaliste est encore plus visible et draine un antisémitisme décomplexé.
Je trouve regrettable que l’on ne s’attaque pas à ceux qui menacent les Juifs outre-Manche et qu’on préfère installer une ligne de bus directe pour les sécuriser. Encore une fois, on traite la conséquence et pas la cause. C’est en plus très dangereux parce qu’il est désormais plus facile pour un terroriste islamiste de s’en prendre à des Juifs.
Que préconisez-vous pour faire reculer l’antisémitisme ?
Lutter uniquement contre l’antisémitisme et arrêter tous les islamistes prêcheurs de haine sont de bonnes choses, mais c’est à la justice de s’en occuper. Et malheureusement, cela ne va pas résoudre la problématique de la haine des Juifs parce qu’elle est ancrée dans l’ADN de l’islam radical.
Pour ma part, j’ai déjà été au contact de ces prêcheurs de haine, notamment en Libye en 2011, et je me souviens que certains m’avaient dit qu’ils toléraient les chrétiens, mais c’était différent avec les Juifs. Par conséquent, je crois qu’il faut admettre que de nos jours, les actes antisémites sont majoritairement le fait de l’islam fondamentaliste et qu’il faut s’attaquer à cette idéologie qui est en train de gangréner l’Europe.
Il est indispensable que la justice punisse mieux les actes antisémites et anti-chrétiens. Il nous faut également sortir du concept d’islamophobie inventé par les Frères musulmans pour permettre aux islamistes radicaux de se victimiser. Enfin, l’organisation des Frères musulmans doit être inscrite sur la liste des organisations terroristes islamistes comme Al-Qaïda, Daesh, Boko Haram, etc. Si nous ne faisons rien, notre civilisation va disparaître.
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Les actes antisémites ont augmenté de 278,9 % depuis le début de l’année 2024 par rapport à 2023 outre-Manche. Vous avez travaillé au Royaume-Uni. Comment avez-vous vécu l’explosion de l’antisémitisme ?
L’antisémitisme était déjà présent à la fin des années 1990 au Royaume-Uni. Mais à partir des années 2000, il y a eu un changement. L’islam radical a pris une place de plus en plus importante au sein de la société britannique. Par exemple dans les entreprises, certains salariés musulmans ont commencé à exiger des salles de prière, des plannings aménagés pendant le ramadan. Il y a également dans les piscines municipales beaucoup de monde en burkini et l’alcool a été interdit pour la célébration de la coupe d’Angleterre de football pour respecter les joueurs musulmans.
La société britannique s’est progressivement soumise aux exigences de l’islamisme. Tout ceci arrive de façon très insidieuse. Les revendications religieuses du quotidien permettent aux fondamentalistes de faire avancer subtilement leur projet et leur idéologie.
Dans le projet islamiste, il y a un triptyque : l’idéologie, le financement et les actions violentes. Et il y a une partie de ce triptyque que les politiques ne veulent pas traiter, c’est-à-dire l’idéologie du quotidien. Nos dirigeants craignent les conséquences, des heurts intercommunautaires notamment. Si demain, le gouvernement français interdit, par exemple, le port du voile intégral dans l’espace public, des manifestations communautaires pourraient dégénérer. Il en est de même au Royaume-Uni, à l’exception que les Anglais sont coincés par leur culture communautariste alors que nous, nous avons la laïcité.
L’islam radical a pris une telle place outre-Manche que les communautés ne vivent pas côte à côte, mais face à face. À cause d’une guerre « psychologique » qui a été menée progressivement à leur encontre, les Juifs sont en train de disparaître de la société britannique. Un phénomène favorisé par l’augmentation de l’immigration arabo-musulmane, depuis le début des années 2000.
L’antisémitisme a également explosé en France depuis les attaques du 7 octobre. Sur les six premiers mois de l’année 2024, les actes antisémites ont augmenté de 73 % par rapport à 2023. La situation en France est-elle la même qu’au Royaume-Uni ?
La situation est presque similaire entre l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique, la Suède et la France. J’ai travaillé dans ces pays où les prédicateurs islamistes sont nombreux et cherchent à imposer la charia. Et encore une fois, ils avancent de manière insidieuse et progressive. Les Frères musulmans ont été créés en 1928, il y a 96 ans ! Dans les textes fondateurs de cette organisation, il est écrit que les Juifs sont des ennemis.
Quand des gens en France me disent aujourd’hui que l’islam fondamentaliste est minoritaire, nous n’en savons rien puisqu’il n’y a pas de statistiques. J’ai l’impression que ceux qui nous gouvernent ne veulent pas voir le problème ou cherchent seulement à le régler à l’échelle nationale.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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