La fin de cette bataille qui aura fait plus de 1.100 morts et laissé l’est de l’agglomération en ruines a été formellement annoncée lundi par le gouvernement, à l’issue d’ultimes affrontements autour d’une mosquée dans lesquels des dizaines d’hommes armés ont été tués.
Des centaines de jihadistes ayant prêté allégeance au groupe terroriste État islamique avaient pris le 23 mai le contrôle de secteurs entiers de Marawi, utilisant des civils comme boucliers humains, dans ce qui fut analysé comme une tentative pour créer une base de l’EI en Asie du Sud-Est.
Plus de 400.000 personnes ont fui la ville qui a été le théâtre de la plus longue bataille urbaine de l’histoire philippine, les islamistes résistant aux frappes aériennes quasi quotidiennes en se terrant dans des caves, des tunnels et des mosquées.
« Nous avons peur mais nous voulons vérifier l’état de nos maisons », confie à l’AFP Jamaliah Lomontong, une femme d’une quarantaine d’années revenant avec sa famille dans son quartier, situé tout près du lieu où se sont déroulés les plus âpres combats.
Sa maison est toujours debout. Mais elle a été pillée.
« Tout ce qui était facile à prendre, les télévisions, les ordinateurs portables, a disparu », a-t-elle dit.
Seules quelques dizaines de civils ont été aperçus mardi par l’AFP dans la moitié est de Marawi, qui a le plus souffert des combats, alors que des explosions et des tirs d’armes automatiques résonnaient toujours de façon épisodique.
L’armée a affirmé que cela ne signifiait nullement une reprise des combats.
Le colonel Romeo Brawner, commandant adjoint des forces déployées à Marawi, a expliqué à l’AFP que des militaires continuaient de traquer des terroristes qui pourraient être retranchés dans certains bâtiments, et de faire exploser des mines.
« Il est possible qu’il y en ait encore (des combattants). Dans chaque guerre, c’est la procédure standard », a dit l’officier.
« Les tirs s’inscrivent dans les opérations de nettoyage, parce qu’il y a des trous, des tunnels (dans les bâtiments). Les militaires tirent d’abord avant de regarder avec leurs torches ».
Dans la partie ouest de la ville en revanche, qui a globalement échappé aux combats, des centaines d’habitants sont déjà revenus.
« C’est un mélange de joie et de tristesse », explique à l’AFP Gonaranko Mapandi Jnr, un homme d’affaires de 46 ans, près d’un checkpoint de l’armée.
« Je suis heureux d’avoir pu revenir. Mais je suis très triste de ce qui s’est arrivé à ma ville. »
Quelques petites échoppes vendant des produits de consommation courante, de la nourriture ont rouvert.
L’armée a cependant averti qu’elle n’avait pas encore donné son feu vert officiel à un retour des habitants, par crainte pour leur sécurité.
Et même quand elle le fera, des quartiers entiers de la ville demeureront inhabitables. Des responsables locaux et des ONG ont estimé que la reconstruction, qui coûtera des milliards de dollars, devrait prendre des années.
De son côté, le président philippin Rodrigo Duterte a mis en garde contre le risque que certains combattants affiliés à l’Etat islamique soient parvenus à s’enfuir et à se réfugier dans d’autres secteurs du sud de l’archipel, où ils pourraient préparer d’autres attaques.
A en croire Eric Alarcon, de la Croix-Rouge des Philippines, il se peut que certains habitants ne rentrent jamais à Marawi, de crainte que les combats reprennent, ou en raison de la vie impossible dans les quartiers détruits.
« Certains sont convaincus que ce n’est qu’une courte accalmie et ne veulent pas que leurs enfants soient touchés », a-t-il dit à l’AFP.
« D’autres recherchent un nouvel endroit où vivre, où travailler. »
M. Duterte avait déclaré dès le début du soulèvement de Marawi la loi martiale dans le tiers sud de l’archipel. Ce régime d’exception n’a pas été levé.
En cinq mois, 920 combattants jihadistes ont été tués à Marawi, ainsi que 165 militaires et 47 civils, selon le gouvernement.
Le sud des Philippines est à majorité musulmane mais le reste du pays est peuplé très majoritairement de catholiques.
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