Pris de court par la décision de Moscou de prendre le contrôle de sa filiale de produits laitiers en Russie et d’y nommer un neveu du dirigeant tchétchène, le groupe agroalimentaire français Danone a annoncé mercredi qu’il n’avait d’autre choix que de la sortir de ses comptes.
L’État russe a annoncé le 16 juillet avoir pris par décret le contrôle d’actifs en Russie de Danone et du géant danois Carlsberg, mis devant le fait accompli alors qu’ils cherchaient des repreneurs pour leurs activités dans le pays. Deux jours plus tard, Yakoub Zakriev, neveu de Ramzan Kadyrov, a été nommé nouveau directeur général de la filiale, qui pesait jusqu’à peu 5% du chiffre d’affaires de Danone.
« Ces changements ont eu lieu sans que Danone ait été informé ou donne son approbation », a souligné la multinationale française dans son communiqué de résultats financiers semestriels. « Bien que Danone ne détienne plus le contrôle de la gestion de ses opérations en Russie, le groupe reste son propriétaire légal », insiste le groupe.
« La situation est sensible et nous ne pouvons pas vous dire grand-chose à ce stade », a ajouté le directeur général, Antoine de Saint-Affrique, lors d’une conférence avec les investisseurs.
En attente de repreneur depuis octobre 2022
Depuis l’offensive en Ukraine du 24 février 2022 et les premières sanctions économiques décrétées par les Occidentaux, de nombreuses multinationales ont quitté la Russie et d’autres y ont suspendu leurs activités, dans les secteurs du pétrole, de l’automobile ou encore du luxe.
Danone négociait depuis octobre 2022 pour trouver un repreneur à ses activités avant la saisie par les autorités. Le groupe, qui avait dans un premier temps assumé sa présence en Russie pour répondre « aux besoins alimentaires essentiels des populations civiles », prévoyait de céder le contrôle de sa branche « produits laitiers et végétaux », ne conservant que celle de la nutrition infantile.
La déconsolidation de la filiale russe aura un impact de 200 millions d’euros dans ses comptes 2023, ainsi que 500 millions d’euros liés au cours du rouble. Cela s’ajoute à 487 millions d’euros de dépréciation inscrits dans les comptes 2022. Cela « ne change pas nos perspectives et la croissance ne sera pas impactée », a assuré à l’AFP une porte-parole du groupe.
Préoccupations autour des 7200 employés en Russie
Selon une source proche du dossier, le groupe est particulièrement préoccupé par la sécurité de ses 7200 employés en Russie, qui jusqu’à présent avaient été exemptés de mobilisation pour aller se battre en Ukraine.
Fin juin, le brasseur Carlsberg avait annoncé avoir trouvé un repreneur, sans le nommer, pour ses activités en Russie, où il compte 8400 employés. Mais « à la suite du décret présidentiel, les perspectives de ce processus de vente sont désormais hautement incertaines », a reconnu Carlsberg dimanche.
En mai, Moscou avait déjà pris le contrôle forcé « temporaire » de la filiale russe du groupe énergétique finlandais Fortum, avec l’éviction de son PDG en Russie.
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