Après les cris et les larmes, quel est l’avenir du plan électoral de Hong Kong ?

20 juin 2015 23:34 Mis à jour: 26 octobre 2015 18:21

 

Analyse des informations

On s’attendait à peu de bruit et à peu de drame le 18 juin lorsque les politiciens de Hong Kong voteraient le projet de réforme politique concernant l’avenir de la démocratie du territoire – mais tout a changé à la dernière minute avant le vote.

Depuis des mois, les législateurs pro-démocratie avaient persévéré dans leur idée de bloquer la proposition électorale présentée par Pékin en août dernier pour modifier la façon dont les Hongkongais choisiront leur haut représentant. Pour les législateurs, il ne s’agissait que d’un semblant de démocratie : deux ou trois candidats au poste de chef de l’exécutif seraient désignés par un petit comité représentant les intérêts de Pékin plutôt que ceux de Hong Kong.

Un grand nombre de citoyens de Hong Kong étaient eux aussi mécontents de cet édit de Pékin. De la fin septembre à la mi-décembre, des milliers de personnes, étudiants en tête, ont occupé les principaux quartiers de la ville.

Après que les autorités ont dispersé ces manifestations et que les étudiants sont retournés dans leurs écoles (non sans avoir juré de revenir), la balle se trouvait à nouveau dans le camp des hommes politiques de Hong Kong.

Leung Chun-ying, l’actuel et très impopulaire dirigeant de Hong Kong, ses députés et des responsables de Chine continentale se sont organisés pour que les législateurs soutiennent le projet de loi – une majorité des deux tiers était nécessaire mais les législateurs pro-démocratie occupaient 27 des 70 sièges.

Pékin a clairement fait comprendre à 14 membres de l’opposition lors d’une réunion à huis clos qu’il n’y aurait aucun compromis. Plusieurs jours avant le vote, une controverse a éclaté : le législateur pro-démocratie Leung Kwok-hung a affirmé aux médias de Hong Kong qu’un parti, qu’il n’a pas cité, lui avait offert un pot-de-vin de 100 millions de dollars hongkongais, qu’il a refusé, pour qu’il soutienne le projet électoral.

Mais un problème de communication cinq minutes avant le début du vote a déclenché la confusion totale.

Espérant retarder le vote par absence de quorum, 34 législateurs pro-Pékin sont sortis de la salle, suivant les instructions diffusées sur l’application téléphonique Watsapp par le législateur Jeffrey Lam. Leur excuse : ils voulaient attendre leur collègue Lau Wong Fat, soi-disant malade, avant de se rendre dans la Chambre du conseil pour y déposer ensemble leur vote.

Mais huit législateurs favorables au projet de loi ont manqué le message et le vote a eu lieu. Ainsi, ce qui aurait dû être un veto de justesse est devenu un clair refus du plan de Pékin.

« Ce veto a aidé les gens de Hong Kong à envoyer un message clair à Pékin : nous voulons un vrai choix, de vraies élections », a expliqué le législateur Alan Leong aux journalistes après cette large victoire de 28 voix contre 8.

Le lendemain les deux législateurs pro-Pékin Jeffrey Lam et Regina Ip sont apparus en larmes, le premier lors d’une conférence de presse durant laquelle il s’est excusé pour le fiasco, la deuxième lors d’une émission de radio.

« Je me sens horriblement mal, je n’ai pas pu dormir la nuit dernière », a commenté Regina Ip, selon le Wall Street Journal. « Après tout le travail effectué ces 20 derniers mois, je voulais vraiment voter. »

Après avoir fustigé la faction pro-démocrate jeudi, le chef de l’exécutif a adopté un ton plus conciliant. Lors d’une conférence de presse vendredi, Leung Chun-ying a exprimé son désir d’oublier ce qui est passé et de jeter des ponts entre les membres de la législature.

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« Il est temps pour nous tous d’avancer », a affirmé Leung Chun-ying aux journalistes. « Nous devons essayer de former un consensus sur les différentes questions d’économie et du coût de la vie. »

Pékin ne s’est pas montré d’humeur à pardonner.

« Certaines personnes, dont le but était d’entraver le développement de la démocratie à Hong Kong, ont voté contre le projet de loi » a affirmé Hong Lei, porte-parole du ministère des Affaires étrangères. « Ils devront en supporter la responsabilité face à l’histoire. »

« Les actions de l’opposition montrent que ce sont eux qui contrarient et détruisent le processus du développement démocratique à Hong Kong », a écrit le Quotidien du peuple.

Curieusement, les autorités de Grande-Bretagne, dont Hong Kong était autrefois une colonie, n’étaient pas satisfaites non plus.

Hugo Swire, le ministre d’État du ministère britannique des Affaires étrangères a commenté : « La Grande-Bretagne est déçue par le résultat du processus de réforme électorale à Hong Kong. Nous continuons de penser qu’une transition vers le suffrage universel est la meilleure façon de garantir la stabilité et la prospérité de Hong Kong, dans l’intérêt de chacun. »

« Nous espérons qu’un dialogue constructif pourra s’établir sur les futures réformes, en représentant les aspirations du peuple de Hong Kong et en accord avec la Loi fondamentale », a ajouté Hugo Swire.

Après cette victoire, le camp pro-démocrate se prépare à convaincre Pékin que les Hongkongais veulent une « vraie démocratie » – que ce soit dans un geste immédiat ou au bout d’une plus longue campagne.

Joshua Wong, le jeune leader du groupe étudiant Scholarism et le visage public du mouvement Occupy Central de l’an dernier, a écrit dans un article de presse avant le vote du projet de loi que les Hongkongais devraient réfléchir à une façon de préserver les droits et les libertés de la ville après 2047, lorsque les accords « un pays, deux systèmes » arriveront à expiration.

Après la façon inattendue dont le vote s’est conclu par un « non », Joshua Wong a expliqué aux médias de Hong Kong que cela ne devrait pas « être vu comme une victoire » mais comme « un rappel » que les Hongkongais « doivent continuer de se battre pour la démocratie ».

 

Version originale : Cheers, Tears, and Jeers, What’s Next for Hong Kong Post-Election Plan Veto

 

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