Les services de l’État sont intervenus dans une exploitation en grande difficulté située à Mouzon (Ardennes). Près de 200 bêtes ont été saisies. Les animaux étaient dans une souffrance sans nom. L’agriculteur était suivi depuis 2016 et avait été mis en demeure à plusieurs reprises. Il a été placé sous contrôle judiciaire dans l’attente d’être jugé en comparution immédiate.
Le 8 mars 2021, un impressionnant dispositif a été mis en place dans une exploitation agricole à Mouzon, par les services de l’État, rapporte France 3 Grand-Est. Ceux-ci se sont rendus dans la ferme d’un éleveur dont les animaux étaient dans une situation sanitaire très préoccupante. Ce jour-là, une vingtaine de personnes étaient présentes. Outre les services de l’État, il y avait également des gendarmes, des vétérinaires ainsi que l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA). « Il aura fallu 12 heures pour prendre en charge les 170 animaux », explique Hervé Descoins, directeur de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations des Ardennes (DDCSPP).
L’agriculteur, à la tête de son exploitation depuis 2006 à la suite de son père, faisait face depuis plusieurs années à de nombreuses difficultés. Il était pourtant suivi par les services de l’État depuis 2016. Ils se sont d’ailleurs présentés plusieurs fois sur l’exploitation, en 2018, 2019 et 2020. Pourtant, malgré les conseils, les rappels à la loi et les deux mises en demeure qui lui ont été signifiées, l’exploitant n’a pas opéré de changements au sein de son exploitation.
(1/4)?? »#Ardennes : saisie exceptionnelle de près de 200 vaches pour #maltraitance, un éleveur « en détresse » poursuivi »
? Voir tweets suivants pour précisions importantes⚠️https://t.co/CEkTm8NDV8
— OABA (@OABA_Off) March 10, 2021
Ce lundi 8 mars, sur les 200 bêtes de son cheptel, l’éleveur n’a pu en garder qu’une dizaine, tout le reste lui ayant été retiré. Ces bêtes étaient dans un état pitoyable. Sous-alimentés, ces animaux avaient d’importants retards de croissance. Lors de cette intervention, 13 cadavres ont même été découverts, dans un état de décomposition avancé, précise encore France 3 Grand-Est. Parmi les animaux, 21 n’avaient pas été identifiés et ont dû être emmenés à l’abattoir pour y être euthanasiés.
Laurent de Cagny, le procureur de la République, a tenu un point presse lors duquel il a précisé que « c’est un dossier complexe qui va au-delà des atrocités que nous avons décrites ». L’éleveur Bruno Faucheron, premier vice-président de la chambre d’agriculture des Ardennes qui œuvre pour le bien-être animal, était présent à ce point de presse. Il a déclaré que l’éleveur était un homme « fragile », « isolé et à la dérive », ajoutant cependant que « cela n’excuse pas tout, cela n’excuse pas la maltraitance animale ».
L’agriculteur était en effet, depuis de nombreuses années, empêtré dans des problèmes qui perduraient, notamment des difficultés familiales, mais également conjoncturelles. La situation économique s’est dégradée et Bruno Faucheron a également mentionné toute « la pression » qui pèse depuis un certain temps sur le monde agricole, avec « une déferlante de vidéos sur les réseaux sociaux relayées de façons abusives, sans oublier la viande qui est de plus en plus souvent décriée ces derniers temps », a-t-il signifié. Il y a aussi eu des difficultés climatiques, avec la sécheresse qui a sévi l’année dernière.
« Le monde agricole n’a pas le moral, et derrière cette affaire de maltraitance, il y a une profession inquiète sur son avenir », a poursuivi Bruno Faucheron. Il a conclu : « Sa fragilité peut expliquer la situation. Il n’a pas été en capacité de faire face à son devoir d’éleveur », assurant : « Mais on ne laissera pas tomber l’éleveur. »
L’éleveur, lui, a été poursuivi pour « maltraitance et mauvais traitements par exploitant d’établissement agricole ». Il est dans l’attente de son jugement en comparution immédiate, qui aura lieu le 25 mars prochain. Placé sous contrôle judiciaire, il risque jusqu’à 1 an de prison ferme, son casier judiciaire étant vierge pour le moment.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.