ANALYSES

Argentine : un an après son élection, un rebond économique pour Javier Milei mais plus de pauvreté

février 4, 2025 18:19, Last Updated: février 4, 2025 19:00
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DÉCRYPTAGE – Officiellement à la tête de l’Argentine depuis le 10 décembre 2023, Javier Milei a engagé de profonds changements économiques et sociaux dans son pays à grands coups de dérégulation, de coupes budgétaires et de réduction du poids de l’État. Aujourd’hui, certains indicateurs sont plutôt positifs pour la deuxième économie d’Amérique du Sud : l’inflation a diminué et Buenos Aires a renoué avec un excédent commercial. Cependant, si certaines données semblent montrer que l’Argentine est de nouveau sur les rails, d’autres font état d’une augmentation de la pauvreté.

En novembre 2023, le candidat du parti « La liberté avance », Javier Milei, remportait l’élection présidentielle argentine et entendait mettre un terme aux politiques péronistes en vigueur depuis des années dans le pays, celles de ce qu’il appelait la « caste ».

Pour ce faire et sortir le pays de la crise dans laquelle il s’était enfoncé depuis plusieurs années, l’économiste de formation, farouche partisan du libéralisme économique et se décrivant lui-même comme « anarcho-capitaliste » a mis en œuvre des mesures drastiques visant à réduire les dépenses dans le secteur public, déréguler l’économie et privatiser des entreprises publiques.

Cette politique s’est notamment concrétisée par l’adoption, dès le début de son mandat, d’un Décret de Nécessité et d’Urgence (DNU) mais aussi en juin 2024 du vote de la « Loi omnibus ». Ainsi, depuis l’arrivée au pouvoir de Milei « 250 directions, secrétariats et sous-secrétariats nationaux » ont été fermés et 40.000 postes de fonctionnaires ont été supprimés, selon le quotidien espagnol El País.

Autre exemple révélateur de la politique radicale du chef d’État libertarien, le nombre de ministères est passé de 18 à 5. Pour rappel, lors de la campagne présidentielle, Javier Milei s’était mis en scène en train de crier « afuera » (« Ça dégage », en espagnol, ndlr) à chaque fois qu’il retirait des étiquettes sur un tableau sur lesquelles figuraient les noms des ministères qu’il jugeait inutiles.

Au total, l’Argentine a connu, en un an, une baisse de 30 % de ses dépenses publiques.

Baisse de l’inflation et excédent commercial

Un an plus tard, les politiques libérales, qualifiées parfois de « thérapie de choc » semblent avoir porté leurs fruits : l’inflation est passée de 212,4 % en 2023 à 117,8 % en 2024, soit une diminution de presque 100 %. Mais en plus de la baisse majeure de l’inflation, la balance commerciale argentine est aussi passée dans le vert.

En effet, Buenos Aires a enregistré un excédent commercial de 18,8 milliards de dollars en 2024, selon l’Institut national de la statistique (Indec). Un solde positif à rebours du déficit de 7 milliards de l’année 2023.

Par ailleurs, les recettes de l’homme à la tronçonneuse ont également permis de réduire de manière significative la dette du pays. Des données de la Direction générale du Trésor indiquent que cette dernière atteignait 155,4 % du PIB en 2023 contre 91,5 l’année suivante.

Le président argentin s’est d’ailleurs félicité de ses résultats lors de sa prise de parole au Forum économique mondial (FEM) de Davos, le 23 janvier dernier. « Un an plus tard, je dois dire que je ne me sens plus si seul parce que le monde a embrassé l’Argentine. L’Argentine est devenue un exemple mondial de responsabilité fiscale, de respect de nos obligations financières, de la manière de mettre fin au problème de l’inflation et aussi d’une nouvelle façon de faire de la politique qui consiste à dire la vérité au gens », a-t-il déclaré.

Les estimations de croissance économique pour l’année 2025 sont également positives. Le Fonds Monétaire International (FMI) prévoit un taux de croissance aux alentours de 5 % en 2025 pour la 21e économie mondiale.

Augmentation du chômage et de la précarité

Cependant, la politique radicale de Javier Milei n’a pas seulement eu des impacts positifs sur la société argentine.

Toujours selon des informations relayées par la Direction générale du Trésor, le chômage est passé, en un an, de 6,6 à 8,2 %. Le taux de pauvreté a également bondi, passant de 41,7 % au second semestre de l’année 2023, à 52,9 % au premier semestre 2024.

À cela s’ajoute l’augmentation de l’extrême pauvreté. L’Indec relatait en septembre 2024 que 18,1 % des Argentins vivaient « en dessous du seuil d’indigence » soit plus de 5 millions de personnes.

« À l’avenir, la clé sera de poursuivre le processus de désinflation pour pousser le niveau de pauvreté de plus en plus bas », explique cependant l’économiste Priscilla Fialho, à la tête du département Argentine à l’OCDE, dans un entretien au magazine économique Forbes France publié cette semaine.

Un an après sa prise de fonction, le bilan du président libertarien est marqué par des succès économiques et financiers : l’inflation a été endiguée, les exportations ont augmenté. Mais des incertitudes demeurent, puisque la moitié de la population argentine vit sous le seuil de pauvreté.

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