Dans une courte lettre datée du 11 juillet, l’avocat Xu Lin, originaire de Guangzhou, province du sud de la Chine, a adressé à sa femme une série d’instructions sur ce qu’elle devait faire si la police secrète du Parti Communiste Chinois (PCC) venait à le faire disparaître.
D’abord, si elle était sans nouvelles de sa part pendant plus de deux heures, elle devait le considérer comme ayant été arrêté. Auquel cas, elle ne devait pas paniquer, ni même penser à avoir recours à un avocat ne faisant pas partie du cercle très restreint des avocats en droit auquel Xu Lin appartient. S’il venait à disparaître pendant plus d’un an, elle devrait alors engager une procédure de divorce.
« S’il-te-plaît prends soin de toi, et éduque bien notre enfant, » écrit Xu Lin. « Assure-toi qu’il apprenne les chansons que j’ai écrites. C’est tout. »
Comme Xu Lin, des dizaines d’avocats chinois ont récemment écrit des lettres similaires dans lesquelles ils envisagent la possibilité d’une arrestation prochaine. Ces lettres sont destinées à des personnes aimées, et contiennent des instructions aux familles en cas d’arrestation ou de disparition.
Cette récente effusion de lettres fait suite aux nombreux interrogatoires et arrestations d’avocats orchestrés par le régime chinois.
Tout a commencé le 9 juillet, quand plus d’une dizaine de policiers se sont présentés à Pékin avant l’aube dans la maison d’une célèbre avocate en droits des personnes, Wang Yu, et l’ont emmenée de force. À partir du 15 juillet, 177 avocats et activistes dont les activités principales portent sur les droits des personnes, ont été arrêtés ou interrogés, d’après l’ONG de défense des droits de l’homme Amnesty international. Cette campagne systématique est décrite comme étant, à ce jour, la plus vaste jamais initiée par le régime.
Un média d’État a accusé ces avocats d’être à la tête d’une organisation criminelle bien rodée, dont le but serait de faire de l’argent via la création de mouvements d’agitation sociale. Chen Pokong, auteur et analyste en politique chinoise, a mentionné que cette vague d’interpellations était au moins aussi significative que les éliminations menées lors de la révolution culturelle, d’après la radio Free Asia.
Plusieurs avocats chinois ont posté des poèmes et des lettres personnelles adressés à leurs familles sur des réseaux sociaux chinois. Ces documents ont été collectés par le Chinese Human Rights Lawyers Concern Group, un groupe d’avocats spécialisés en droit de l’Homme basé à Hong Kong.
« Bien que j’aime la liberté, bien que j’aime mes parents ; laissez moi aller [avec les autres avocats], » écrit Wang Quishi, avocat à Pékin, dans un poème daté du 12 juillet. « Ma vie et mon destin ne sont pas entre mes mains ; si cela est mon destin, alors je l’accepte… Si la pluie venait à tomber du Ciel, laissez faire. »
Wang Shengsheng, une avocate travaillant dans la ville de Shenzhen, dans la province de Guangdong, a fait le vœu de ne « jamais s’arrêter » de partager ses « inquiétudes et sentiments » pour ceux qui ont été injustement « arrêtés, qui ont vu leur liberté personnelle réduite, ou encore qui ont été intimidés, » même si cela devait lui poser des difficultés, à elle ainsi qu’à l’enfant qu’elle porte.
« Je ne peux éviter cela, pas plus que mon enfant ne le peut, » écrit-elle. « Nous ne voulons pas être considérés comme des esclaves, ni voir notre volonté bafouée. »
Article original : Worried by Arrests, Chinese Lawyers Pen Touching Letters to Family
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