Avec ses 350 bénévoles dans 11 villes de France, l’association Gamelles pleines aide les personnes les plus démunies et leurs animaux de compagnie. Grâce aux épreuves de la vie ainsi qu’à l’éducation qu’il a reçue, Yohann Sévère, fondateur de l’association, a compris qu’apporter de l’aide au chien d’un SDF, c’est avant tout apporter du soutien à l’homme.
Nourrir les animaux lors des maraudes permet d’écouter leurs maîtres, pour qui les compagnons à quatre pattes sont bien souvent le seul lien social qu’il leur reste. Mais l’association ne se limite pas à cela. Parmi ses sept missions, elle permet aussi un accès aux soins vétérinaires pour les propriétaires démunis, favorise l’accueil des binômes qui sont trop souvent séparés s’ils veulent recourir à un hébergement d’urgence, ou encore soutenir les maîtres dans le deuil lorsqu’ils perdent leur animal.
C’est un concours de circonstances ainsi que la tradition familiale de faire du bénévolat qui ont poussé Yohann Sévère à fonder cette association en décembre 2008, rapporte France 3. Il y a eu tout d’abord ses parents, très engagés dans le milieu associatif, et plus particulièrement sa mère.
« Être un soleil rayonnant pour les autres »
« Dès qu’il fallait un bénévole, elle était toujours de la partie », se souvient Yohann, évoquant sa maman. À cela s’ajoute le fait que, sur son lit de mort pendant la jeunesse de ce dernier, la mère de famille a demandé à ses enfants « de garder la foi et d’être un soleil rayonnant pour les autres ».
L’histoire de Yohann Sévère l’a amené à vivre une vie de globe‑trotter pendant dix ans, puis de se retrouver en galère de retour dans sa Normandie natale. Il était à deux doigts de se retrouver SDF s’il n’avait pas eu de famille. Sa relation avec sa chienne Rozaly a aussi été primordiale dans son parcours, surtout dans les moments difficiles.
C’est lorsque son frère l’a poussé à venir le rejoindre dans les maraudes auxquelles il participait pour nourrir les sans‑abris que le déclic s’est fait. Le jeune homme remarque alors à quel point les associations qui viennent en aide aux SDF ne comprennent pas l’importance de leurs relations avec leurs chiens et occulte totalement ce fait. C’est même souvent une source de tension entre les bénévoles et ceux à qui ils viennent en aide.
« On leur propose de dormir dans des structures, mais le chien doit rester dehors », remarque le fondateur de Gamelles pleines. Il est fâché aussi quand on l’appelle parce qu’un chien dort dehors. « Moi, ce qui me dérange, c’est qu’un homme dorme dehors avec son chien, ce n’est pas que le chien soit dehors. »
Des maraudes pour les chiens, une aide pour les hommes
Grâce à des dons de croquettes, l’association qu’il a créée nourrit les animaux lors des maraudes, ce qui permet aux bénévoles de gagner la confiance des maîtres et de les écouter. « Les maraudes sont les premiers contacts avec les personnes les plus démunies », indique le site Internet de Gamelles pleines, qui agit aussi pour « que les deux aillent dormir au chaud et que les deux trouvent des solutions ensemble ».
Au fil des années, l’association a également développé un partenariat avec des écoles vétérinaires, ce qui permet d’offrir les soins dont les animaux ont besoin. Là encore, cette action réconforte les propriétaires. « Parfois des maîtres pleuraient parce que leur chien était malade. Ils culpabilisaient, ils se sentaient responsables des souffrances de leurs compagnons », raconte Yohann.
Le soutien apporté pendant un deuil d’un animal est lui aussi primordial, selon le fondateur de l’association. « Gamelles pleines a vraiment sauvé des vies ces dernières années », assure-t-il.
À travers un calendrier aux photos très touchantes montrant la relation entre les personnes démunies et leurs animaux, l’association se finance, mais en profite aussi pour lutter contre les préjugés. Yohann Sévère peut en témoigner : les cas de maltraitance animale sont très rares dans la rue.
« La première chose que j’ai remarquée, c’est que quand on donnait un sandwich, ils commençaient par le partager en deux ou en trois pour en donner à leurs chiens. Ça m’a marqué, car c’est une preuve d’amour ultime », constate celui qui a été touché par cet amour lors de ses premières maraudes comme bénévole au point d’accompagner les personnes démunies et leurs animaux depuis 13 ans.
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