Elles ont « permis sans doute de sauver des vies » : les procédures anti-intrusion ont probablement évité le pire dans un collège près de Dijon, où un élève a menacé sa principale vendredi avec un couteau, sans pour autant faire de blessés.
« Ce qui s’est passé à Chenôve marque et montre à quel point les procédures ont été efficaces et ont permis sans doute de sauver des vies », a déclaré la ministre de l’Éducation Nicole Belloubet, lundi, en déplacement au collège Édouard-Herriot dans cette banlieue sensible au sud de Dijon.
Vendredi, un collégien de 15 ans a menacé avec un couteau sa principale et un agent, sans faire de blessés, les deux personnels ayant pu fuir et déclencher l’alerte anti-intrusion. La police a arrêté l’élève dans la demi-heure suivante. « On sait que les profs ont très bien réagi, mine de rien », a confirmé Virginie, une mère d’élève venue déposer son enfant au collège. « Le fait qu’ils aient aussi fait l’exercice attentat la veille, je pense que ça a aidé », a-t-elle ajouté à l’AFP, souhaitant rester anonyme.
Au collège de Chenôve ce matin, j’ai tenu à apporter mon soutien à la principale qui a fait preuve d’un courage extraordinaire et à l’ensemble de la communauté éducative.
Grâce à la mobilisation de tous, le pire a pu être évité et les procédures de sécurité ont bien fonctionné. pic.twitter.com/hIksQXAdKu
— Nicole Belloubet (@NBelloubet) March 18, 2024
« Reflet de la société »
Mme Belloubet a souhaité voir « ce que nous pouvons, le cas échéant, améliorer » pour faire face à ces violences, « reflet de la société ». Elle a ainsi annoncé la tenue « cette semaine » d’un comité autour du Premier ministre, avec les ministres de l’Intérieur, de la Justice et de l’Éducation. Elle a également reconnu le besoin de « constamment améliorer » la prise en charge des « élèves hautement perturbateurs » par des « dispositifs adaptés et individualisés ».
Interrogée sur le manque de personnel pour ce faire, souvent pointé du doigt par les syndicats, elle a dit « travailler » pour que « les personnels médicaux et paramédicaux puissent être recrutés avec plus de facilité ». « Il faut des personnels à l’écoute des jeunes, pour traiter la fragilité psychologique » qui peut les toucher, a confirmé à l’AFP Jérôme Naime, secrétaire académique du SNPDEN-UNSA (syndicat des personnels de direction), soulignant que le collège Herriot, demande depuis longtemps, l’embauche d’un adjoint pour épauler la principale.
«Tout ça est l’effet de plusieurs décennies de laxisme», pointe Lisa Kamen-Hirsig professeure des écoles, en parlant d’élèves non sanctionnés pour des excuses « sociales » ou « psychiatriques ».
« Besoin d’un plan de recrutement de qualité »
« Il nous faut des moyens humains, des enseignants bien sûr, mais aussi des personnels de santé comme des infirmières et des psychologues », souligne après de l’AFP Isabelle Cheviet, secrétaire départementale du SNES.
Le collège Herriot ne dispose que d’une infirmière en demi-poste, a-t-elle assuré. « Nous avons besoin d’un plan de recrutement de qualité, pas avec des contractuels qui bouchent les trous », a renchéri Fabian Clément, secrétaire départemental de la FSU en Côte-d’Or (majoritaire).
L’élève de 15 ans accusé de la menace au couteau a été mis en examen, dimanche, notamment pour « tentative d’homicide volontaire sur un enseignant », et placé en détention provisoire. Décrit comme « difficile », le collégien a donné des versions contradictoires de son mobile, affirmant avoir voulu « planter » sa professeur d’anglais, cours dont il avait été exclu, avant de déclarer avoir en fait été « recruté par des connaissances pour la tuer et trois autres membres » (du collège).
Mais à ce stade ses déclarations ne sont « corroborées par aucun élément et pourraient être en lien avec une volonté de se donner de l’importance », a indiqué dimanche le procureur de la République à Dijon, Olivier Caracotch. Le parquet antiterroriste ne s’est pas saisi de l’affaire.
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