Deux agents de la pénitentiaire ont été tués et trois autres blessés grièvement mardi au péage d’Incarville (Eure) lors de l’attaque violente de leur fourgon qui transportait entre Evreux et Rouen un détenu qui s’est évadé.
« Nous serons intraitables »
« L’attaque de ce matin, qui a coûté la vie à des agents de l’administration pénitentiaire, est un choc pour nous tous (…) Nous serons intraitables », a réagi sur X Emmanuel Macron.
L’attaque de ce matin, qui a coûté la vie à des agents de l’administration pénitentiaire, est un choc pour nous tous.
La Nation se tient aux côtés des familles, des blessés et de leurs collègues.
Tout est mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime…
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 14, 2024
« Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble », a de son côté déclaré le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, depuis la cellule de crise installée à l’administration pénitentiaire dans le 19e arrondissement de Paris. Il a confirmé qu’au cours de cette attaque d’une très grande violence et extrêmement rare, deux agents avaient été tués. Il a précisé que le pronostic vital était engagé pour « deux des trois » blessés. Des sources policières locales avaient un temps évoqué la mort de trois agents.
💬 « Notre pays est en deuil »
Éric Dupond-Moretti rend hommage aux deux policiers morts après l’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure pic.twitter.com/sJJ6EA6Bax
— BFMTV (@BFMTV) May 14, 2024
Le fourgon sans escorte de police
L’attaque s’est déroulée peu après 11h00 au péage d’Incarville, quand le détenu était en cours de transfert de la prison d’Evreux au tribunal de Rouen.
Le garde des Sceaux a affirmé que c’était la première fois depuis 1992 qu’un agent de la pénitentiaire était tué dans l’exercice de ses fonctions. Le convoi pénitentiaire n’avait pas d’escorte de la police ou de la gendarmerie, selon une source proche du dossier. Celle-ci a expliqué qu’une escorte n’était pas « systématique » et était déployée à la demande de l’administration pénitentiaire. Les escortes sont principalement réservées aux détenus particulièrement surveillés (DPS). Or, ce n’était pas le cas pour le détenu désormais en fuite.
Selon une source policière, l’attaque a été menée par un commando de plusieurs malfaiteurs qui ont utilisé deux véhicules. L’un de ces véhicules a été retrouvé peu après les faits, « carbonisé », dans l’Eure, a-t-on appris de source proche de l’enquête.
Le « plan Épervier » déclenché
Aussitôt, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a déclenché le « plan Épervier ». 200 gendarmes sont mobilisés, principalement des gendarmes départementaux et des motards de l’Eure mais également de départements voisins (Seine-Maritime, Calvados, Val-d’Oise et Yvelines), ainsi qu’un hélicoptère, a détaillé la gendarmerie.
Une équipe du GIGN est également engagée pour participer à la traque de l’évadé et de ses complices.
Sur l’autoroute A154, au péage d’Incarville, où le trafic a été interrompu, se trouvaient plusieurs véhicules de police et une tente blanche a été dressée, a constaté un correspondant de l’AFP.
« Nous n’économiserons aucun effort, aucun moyen. Nous les traquerons. Nous les trouverons. Et je vous le dis, ils paieront », a lancé Gabriel Attal à l’Assemblée nationale, qui a observé une minute de silence.
Mohamed Amra en fuite
Le détenu en fuite, Mohamed Amra, est né « en mars 1994 ». « Le 10 mai 2024, il avait été condamné par le tribunal d’Évreux pour un vol avec effraction. Il était en outre mis en examen par la JIRS de Marseille pour enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort », a indiqué la procureure de Paris Laure Beccuau dans un communiqué.
La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) a été saisie de l’enquête, confiée à l’office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) et la police judiciaire de Rouen.
L’enquête est ouverte pour « meurtre et tentative de meurtre en bande organisée (faisant encourir la réclusion à perpétuité), évasion et bande organisée, acquisition et détention d’arme de guerre, association de malfaiteurs en vue de la commission d’un crime ».
La procureure a précisé que les magistrats se rendaient sur place. Éric Dupond-Moretti a annoncé qu’il se rendait à Caen pour rencontrer des collègues des victimes.
L’attaque s’est déroulée sous les yeux d’automobilistes arrêtés au péage et dont certains ont filmé une partie de la scène. Sur une vidéo postée sur X, on aperçoit à travers le pare-brise d’un véhicule, deux des malfaiteurs habillés en noir des pieds à la tête, pointant leurs armes pour braquer les véhicules de l’administration pénitentiaires bloqués par une berline noire.
Sur une autre vidéo, on aperçoit ensuite les gyrophares allumés des forces de l’ordre et les secours arriver, avant que la circulation ne reprenne sur cette autoroute.
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