L’émotion est vive au sein du personnel pénitentiaire au lendemain de la mort de deux d’entre eux dans l’attaque violente, au niveau d’un péage dans l’Eure, d’un fourgon transportant un délinquant qui s’est évadé.
« J’ai souhaité rencontrer les familles et naturellement les collègues de ceux qui ont été tués et blessés ce matin », a déclaré mardi en fin de journée Éric Dupond-Moretti à l’issue d’une visite au pôle de rattachement des extractions judiciaire de Caen, pour soutenir l’entourage des victimes.
« J’ai rencontré les collègues, leurs copains, leurs amis, pour certains d’entre eux ils travaillaient ensemble depuis vingt ans, naturellement ils sont effondrés », a ajouté le ministre.
Deux agents pénitentiaires ont été tués et trois autres blessés, avec un pronostic vital encore engagé pour l’un d’entre eux, au cours d’une attaque mardi vers 11h00 de leur fourgon au péage d’Incarville (Eure) par plusieurs malfaiteurs armés.
Un détenu présent dans le fourgon, qui revenait vers la maison d’arrêt d’Évreux où il était incarcéré après une audition au tribunal judiciaire de Rouen, s’est évadé et ses complices ont pris la fuite. En signe de « soutien » aux fonctionnaires tués, l’ensemble des organisations syndicales de l’administration pénitentiaire ont appelé à une « journée ‘Prisons mortes’ » mercredi, éventuellement reconductible.
L’intersyndicale demande « une audience dès demain (mercredi, ndlr) au ministre de la Justice et ses services » pour évoquer une série de revendications. Parmi celles-ci, « la réduction drastique des extractions en favorisant l’utilisation de la visioconférence des magistrats ou leurs déplacements en établissements », « une refonte et harmonisation des niveaux d’escorte ».
Une minute de silence
L’intersyndicale appelle également à observer une minute de silence à 11h00 dans l’ensemble de l’administration. M. Dupond-Moretti, qui a lui appelé à une minute de silence dans toutes les juridictions, recevra l’intersyndicale à 14h00, a-t-on appris auprès de la Chancellerie.
Le ministre de la Justice a affirmé que c’était la première fois depuis 1992 qu’un agent de la pénitentiaire était tué dans l’exercice de ses fonctions. « Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble », a répété M. Dupont-Moretti, estimant que « la nation est en deuil ».
L’attaque a été qualifiée sur X de « choc » par le président Emmanuel Macron. « Nous serons intraitables », a-t-il promis. « Nous n’économiserons aucun effort, aucun moyen. Nous les traquerons. Nous les trouverons. Et je vous le dis, ils paieront », a lancé le Premier ministre, Gabriel Attal, à l’Assemblée nationale qui a observé une minute de silence.
Si le plan Épervier, déclenché aussitôt après l’attaque et qui peut durer au maximum 4 heures, a été levé mardi en fin d’après-midi, des forces restent mobilisées, a précisé la gendarmerie. L’équipe du GIGN, qui s’est rendue sur place, reste engagée pour participer à la traque de l’évadé et de ses complices.
Mohamed Amra bien connu de la justice
Le détenu en fuite, Mohamed Amra, 30 ans, a déjà été condamné à treize reprises mais « aucune à ce jour pour infraction à la législation sur les stupéfiants », a précisé devant la presse la procureure de Paris Laure Beccuau. La dernière condamnation en date remonte au 7 mai, par le tribunal d’Évreux « pour un vol avec effraction » qui lui a valu 18 mois de prison. Il était en outre en détention provisoire pour d’autres dossiers, dont une mise en examen par la JIRS de Marseille pour complicité d’assassinat en bande organisée, enlèvement et séquestration, a-t-elle ajouté.
Durant sa courte détention à Évreux, où il avait été transféré en avril pour être jugé, il avait été observé que les barreaux de sa cellule avaient commencé à être sciés, selon la magistrate. La Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) a été saisie de l’enquête, confiée à l’Office central de lutte contre la criminalité organisée (OCLCO) et la police judiciaire de Rouen.
« C’est assez incompréhensible, j’ai peine à imaginer que ce garçon puisse être impliqué », a réagi sur BFMTV l’avocat de M. Amra, Hugues Vigier. Cette opération « ne correspond pas au profil que j’avais perçu de lui, s’il est impliqué c’est que véritablement je m’étais trompé sur son fonctionnement et ce dont il était capable », a-t-il ajouté.
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