Il est « tombé en héros » : Arnaud Beltrame, l’officier gendarme qui s’était substitué aux otages auprès du jihadiste auteur des attaques de Carcassonne et Trèbes dans l’Aude, est décédé samedi, portant le bilan de cette équipée meurtrière à quatre morts.
Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame nous a quittés.
Mort pour la patrie.
Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice.
Le coeur lourd, j’adresse le soutien du pays tout entier à sa famille, ses proches et ses compagnons de la @Gendarmerie de l’Aude. pic.twitter.com/I1h8eO7f9a— Gérard Collomb (@gerardcollomb) March 24, 2018
Grièvement blessé, le lieutenant-colonel de 45 ans est mort des suites de ses blessures. Il s’était livré vendredi à la place des personnes retenues par Redouane Lakdim dans le supermarché Super U de Trèbes.
Emmanuel Macron lui a rendu hommage, déclarant que l’officier était « tombé en héros » et méritait « respect et admiration de la nation tout entière ».
« Mort pour la patrie. Jamais la France n’oubliera son héroïsme, sa bravoure, son sacrifice », avait tweeté peu avant le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
#DGGN C'est avec une très vive émotion que je souhaite rendre solennellement hommage à l'héroïsme de notre camarade A.Beltrame décédé cette nuit. Je m'incline devant le courage, le sens du sacrifice et l'exemplarité de cet officier qui a donné sa vie pour la liberté des otages. pic.twitter.com/GnzmXWuFOX
— GendarmerieNationale (@Gendarmerie) March 24, 2018
Les enquêteurs tentent désormais de comprendre les raisons du passage à l’acte de Radouane Lakdim, alors qu’il ne semblait plus être une menace aux yeux des autorités.
Français d’origine marocaine de 25 ans, Redouane Lakdim a mené plusieurs attaques vendredi à Carcassonne puis dans la petite ville proche de Trèbes, avant d’être abattu par les forces de l’ordre. Il s’est présenté comme « un soldat » du groupe jihadiste État islamique (EI), qui a peu après revendiqué les attaques.
La dernière attaque en France, ciblée depuis 2015 à de nombreuses reprises, avait eu lieu il y a plus de cinq mois et avait fait deux morts, le 1er octobre 2017, à la gare Saint-Charles de Marseille.
« Nous avions suivi » Radouane Lakdim « et nous pensions qu’il n’y avait pas de radicalisation », mais « il est passé à l’acte brusquement », a concédé le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb.
Né au Maroc le 11 avril 1992, cet homme vivait à Carcassonne. À partir de 2014, il a été suivi par les services de renseignements et fiché « S » (pour sûreté de l’Etat) « en raison de ses liens avec la mouvance salafiste », selon le procureur de Paris, François Molins.
Mais il a ensuite semblé changer de registre. En août 2016, il a fait un mois de prison après des condamnations pour « port d’arme prohibé », « usage de stupéfiants » et « refus d’obtempérer ».
En 2016 et 2017 il a de nouveau été suivi par les services de renseignement, qui n’ont décelé aucun « signe précurseur pouvant laissent présager un passage à l’acte terroriste », selon M. Molins. Sa surveillance est alors arrêtée.
Les investigations se poursuivaient pour établir la provenance de l’arme qu’il a utilisée et déterminer s’il a pu bénéficier de complicités. Une « proche qui partageait sa vie » a été placée en garde à vue vendredi en début de soirée, après une perquisition dans son quartier de Carcassonne, selon M. Molins.
Lors de ses attaques, il a notamment demandé « la libération de frères » dont, selon une source proche du dossier, celui de Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des attentats jihadistes du 13 novembre 2015 (130 morts), emprisonné à Paris.
L’EI a indiqué que Radouane Lakdim était l’un de ses « soldats » ayant répondu à son appel à « viser les pays membres de la coalition » internationale anti-EI, dont fait partie la France, qui a chassé le groupe jihadiste de la plupart des bastions d’Irak et de Syrie où il avait proclamé son « califat » en 2014.
Radouane Lakdim a entamé son équipée meurtrière peu après 10H vendredi en volant une voiture à Carcassonne, dont il tue le passager et blesse grièvement le conducteur.
Il se dirige ensuite vers une caserne de parachutistes où il patiente « quelques minutes vraisemblablement afin d’attendre des militaires ». Il fait alors demi-tour et se dirige vers une caserne de CRS, où il tire sur quatre d’entre eux rentrant d’un footing, blessant légèrement l’un à l’épaule, avant de prendre la fuite.
Vers 11H15, il entre dans un supermarché Super U de Trèbes, « en criant Allah Akbar » et « en se présentant comme un soldat de l’EI », selon M. Molins. Il y tue alors deux autres personnes, un employé et un client.
« J’ai vu un individu très excité qui avait une arme de poing, un couteau et qui criait Allah Akbar » : a raconté à l’AFP Christian Guibbert, ex-policier, qui faisait ses courses et qui a mis plusieurs clients à l’abri « dans un frigo de boucher ».
« On a fait sortir des collègues et des clients par la porte de secours à l’arrière », a confirmé Jacky, collègue de travail d’une des victimes à la boucherie du supermarché. « Il a été tué d’une balle dans la tête à bout portant », a-t-il ajouté.
Dépêché sur les lieux, le lieutenant-colonel Beltrame, se propose en échange de la libération des clients ou du personnel du magasin qui n’avaient pas réussi à s’enfuir.
Vers 14H20, ce dernier ouvre le feu sur le gendarme, déclenchant l’intervention du GIGN, selon le récit du procureur Molins.
La France vit sous la menace terroriste depuis la vague d’attentats jihadistes sans précédent qui avant ces attaques ont fait 241 morts depuis 2015. Malgré ses déroutes militaires en Irak et en Syrie, l’EI reste une menace par ses attaques à distance ou menées en son nom par des individus plus ou moins isolés.
I.M. avec AFP
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