Trente ans de réclusion ont été requis vendredi devant la cour d’assises spéciale de Paris contre Youssef Tihlah qui a présenté ses excuses aux policiers qu’il a blessés dans une attaque à la voiture-bélier à Colombes (Hauts-de-Seine) en avril 2020.
« Je suis désolé d’avoir infligé ces souffrances (…) J’y pense tous les soirs avant de dormir », a assuré dans le box des accusés Youssef Tihlah, 33 ans, jugé depuis lundi pour tentatives d’assassinat sur personnes dépositaires de l’autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.
Dans son réquisitoire, l’avocate générale Marine Valentin a insisté sur « l’intention » de l’assaillant « d’inscrire son attaque dans une dimension terroriste », soulignant qu’il avait adopté une « rhétorique jihadiste » jusqu’au « dernier jour de l’audience ».
Elle a requis contre l’accusé une peine de 30 ans de réclusion criminelle, assortie d’une période de sûreté aux deux tiers, « au regard de la gravité des faits commis » ainsi que de sa personnalité.
« J’ai changé »
« 30 ans requis, c’est trop », a plaidé un des avocats de la défense, Me Fares Aidel. « Je ne crois pas qu’il y ait de peines justes, je pense qu’il y a des peines qui ont plus de sens que d’autres. Celle demandée par Madame l’avocate générale n’en fait pas partie », a-t-il insisté, comparant la peine requise à « une tombe pour M. Tihlah ».
« C’est vrai que j’ai encore du chemin à faire, mais j’aimerais que vous me laissiez la possibilité de montrer que j’ai changé », a conclu l’accusé avant le début du délibéré.
« Plus d’un an après, il était toujours incapable de condamner des faits terroristes (…). Il se considère comme un combattant qui a combattu des soldats », a fait valoir la représentante du parquet.
Allégeance au groupe jihadiste État islamique
Le 27 avril 2020, en plein confinement dû au Covid-19 et en période de ramadan, Youssef Tihlah repère depuis sa voiture des policiers sur le chemin d’une boulangerie à Colombes. Il décide de passer une nouvelle fois dans la rue et fonce sur eux à pleine vitesse, percutant deux motards de la police nationale, sans casque, en train de contrôler un véhicule.
Dans sa voiture, une lettre de revendication et d’allégeance au groupe jihadiste État islamique, écrite au dos d’une attestation de déplacement dérogatoire, et deux couteaux. L’un d’eux a été acheté quelques jours avant les faits, ce qui corrobore selon les enquêteurs la thèse d’un projet mûrement préparé.
Une version partagée par l’avocate générale qui a insisté sur l’intention de Youssef Tihlah d’agir « pendant le ramadan pour renforcer la dimension symbolique de son acte (…) et contre des policiers parce qu’ils sont des symboles de la République ».
Une hypothèse contredite par la défense. « Lorsqu’il décide au dernier moment d’accélérer, rien n’est prévu, rien n’est anticipé. Il n’a aucune idée de ce qu’il va faire », a soutenu Me Manon Debbah, une des avocates de la défense.
Les deux motards avaient été hospitalisés avec plusieurs fractures et traumatismes, notamment aux jambes, et souffrent encore aujourd’hui de « séquelles physiques et psychiques », selon leur avocat Daniel Bernfeld.
Quatre policiers municipaux sur place s’étaient aussi vu prescrire une incapacité totale de travail supérieure pour certains à 90 jours, en raison du traumatisme psychologique subi.
Le verdict est attendu dans la journée.
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