Quand Dilip Fernando est arrivé dimanche, il y avait une foule telle à son église de Negombo, au nord de Colombo, qu’il a choisi d’aller assister ailleurs à la messe de Pâques, pour ne pas rester debout. Cette décision lui a peut-être sauvé la vie.
Peu de temps après, une bombe y a semé la mort et le chaos, s’inscrivant dans la série d’attentats qui ont tué environ 290 personnes en quelques heures au Sri Lanka dimanche, principalement dans des églises et des hôtels haut de gamme. Lundi matin, Dilip Fernando est revenu sur le lieu de la tragédie, dont sa famille est miraculeusement sortie indemne.
« C’est ici que je viens généralement à la messe », raconte à l’AFP ce retraité de 66 ans près de l’église Saint-Sébastien qui porte les stigmates de l’horreur de la veille. Autour, des dizaines de membres des forces de sécurité patrouillent. « Hier, ma femme et moi sommes arrivés à 07H30 mais c’était tellement bondé qu’il n’y avait plus de place pour moi. Je ne voulais pas rester debout alors je suis allé dans une autre église. »
Mais sept membres de sa famille, parmi lesquels ses deux petites-filles, ont choisi de rester et de s’asseoir à l’extérieur. C’est là qu’ils ont vu un jeune homme qu’ils soupçonnent d’avoir été le kamikaze responsable du carnage. « A la fin de la messe, ils ont vu un jeune homme entrer dans l’église avait un sac lourd », raconte Dilip Fernando, qui a posteriori, en est convaincu: « C’était sans aucun doute le kamikaze. »
« Ils se sont dit qu’il était inhabituel d’entrer dans l’église à ce moment-là », poursuit-il. « En passant, il a touché la tête de ma petite-fille qui a deux ans, ce que les membres de ma famille n’ont pas aimé », ajoute-t-il. « Il se sont demandés: Qui c’est? Ça ne va pas d’entrer dans l’église à la fin de la messe? « « Il paraissait très jeune et innocent selon eux, peut-être la trentaine », détaille-t-il. « Il ne semblait pas agité, et ne semblait pas avoir peur. Il était si calme. »
Peu après son entrée dans l’église, une énorme explosion a retenti. « Ils sont partis en courant. Ils avaient tellement peur. Ils m’ont immédiatement appelé pour savoir si j’étais à l’intérieur mais j’étais alors dans une autre église. » Aucun membre de sa famille n’a été blessé. Mais la communauté des fidèles est effondrée. « Nous avons été chanceux mais nous sommes vraiment tristes pour tout le village », a-t-il dit. « Il va y avoir de très grandes funérailles. »
Les catholiques sri-lankais, qui représentent 6% de la population, ne se laisseront pas intimider, assure-t-il. « Nous n’avons pas peur. Nous ne laisserons pas les terroristes gagner. Jamais! » Pour autant, il refuse toute idée de vengeance. « Se venger ne sert à rien. Il appartient au gouvernement de contrôler cela. Pas à nous. » Or le gouvernement a reconnu en amont avoir eu vent de projets d’attentats: « Un attentat comme celui-là n’aurait pas dû avoir lieu. »
Près de l’église, la vie semblait reprendre son cours normal après la levée du couvre-feu instauré la veille au soir. Un flot ininterrompu de personnes se déplaçaient dans les rues, à pied, à vélo, à moto ou dans des tuk tuks. Les travaux de rénovation de l’église Saint-Sébastien avaient été achevés il y a un mois. Elle est désormais dévastée. « Elle était si belle. Nous étions si contents », raconte Dilip Fernando. « Le prêtre avait été félicité pour son travail. C’est terrible. »
D.C avec AFP
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