Âgé de 56 ans, l’accusé a expliqué aux enquêteurs qu’il était « un théâtreux » préparant « un texte » au moment où deux randonneurs l’ont entendu tenir des propos particulièrement choquants.
Déjà condamné par le tribunal de Carcassonne pour apologie publique d’un acte terroriste en janvier 2017 – un épisode qui lui avait valu un séjour de 15 jours en hôpital psychiatrique – Nadir était de nouveau jugé pour des faits similaires mardi dernier à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence).
Les faits reprochés à ce berger saisonnier de 56 ans remontent au 7 septembre. Ce jour-là, deux randonneurs croisent la route de Nadir au niveau de la commune des Thuiles alors qu’il veille sur un troupeau de brebis.
En arrivant à sa hauteur, les promeneurs aperçoivent le quinquagénaire en train de lever les bras au ciel face à la montagne. Ils l’entendent ensuite invoquer Dieu : « Allah doit faire quelque chose, on en peut plus. Allahu Akbar, il faut une guerre civile comme en Syrie, en Afghanistan et en Libye. Il faut tous les tuer, ces salopes et ces mécréants. »
Des propos qui ont évidemment choqué les deux randonneurs, ces derniers prévenant les gendarmes dans la foulée. Rapidement identifié, Nadir sera interpellé à son domicile avant d’être placé en garde à vue à la gendarmerie de Digne-les-Bains. En fouillant sa caravane, les militaires découvriront « des livres sur l’islam, des écrits en langue arabe et des armes tranchantes artisanales », rapporte La Provence.
Interrogé par les enquêteurs, le suspect affirmera qu’il est un « théâtreux qui prépare un texte » avant de souligner qu’il ne pratique aucune religion et ne fréquente pas la mosquée.
Montazels (11): « Il faut tous les tuer, ces salopes et ces mécréants », accusé d’apologie du terrorisme, Nadir est relaxé, ses armes lui sont rendueshttps://t.co/y7UMNnCnwT
— Duncan Idaho (@DuncanI45168806) September 19, 2019
« Il n’a encouragé personne à commettre des actes terroristes »
Pendant l’audience du 17 septembre, les gendarmes expliqueront néanmoins «qu’ils ont été confrontés à un homme faisant preuve d’une spiritualité mystique et non violente, n’ayant fait sa prière qu’à deux reprises pendant sa garde à vue et parfois parlant seul dans sa cellule », écrivent les journalistes de La Provence.
« C’est un non violent pacifiste qui ne maîtrise pas sa parole. Il ne faut pas le mettre en prison où là, il devra côtoyer des prosélytes », plaide Maître Henri Delaune qui défend l’accusé.
« Aujourd’hui on ne peut rentrer en condamnation à l’encontre de mon client, ce sont des invocations, des prédications à Dieu, il n’a encouragé personne à commettre des actes terroristes », poursuit l’avocat en demandant la relaxe de son client.
Pour Stéphane Kellenberger, procureur de la République de Digne, le prévenu est au contraire « un manipulateur, cultivé à tendance paranoïaque ». Il requiert une peine de 18 mois de prison assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve pendant 4 mois.
Le tribunal correctionnel de Digne-les-Bains a finalement prononcé la relaxe du prévenu en demandant à ce que les armes saisies dans sa caravane lui soient restituées.
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