Des milliers d’habitants de la ville de Lianyungang dans l’Est de la Chine ont récemment protesté contre la proposition de l’État d’un projet de transformation des déchets nucléaires. Les responsables chinois, en essayant de minimiser l’importance de cet incident, ont drastiquement contrôlé le réseau Internet chinois et ont même tenté de menacer les administrateurs de forums en ligne.
Dans la soirée du 6 août dernier, des manifestations se sont produites à Lianyungang, une ville de 5 millions d’habitants sur la côte Est de la Chine. Les résidents craignaient que les autorités locales puissent approuver la construction d’une usine de recyclage et transformation des déchets nucléaire dans leur ville. Il y a déjà une grande centrale nucléaire à Tianwan, une zone à environ 30 km à l’est de Lianyungang.
Des habitants de Lianyungang ont rapporté à Epoch Times que plus de dix mille manifestants sont descendus dans les rues le 7 août dernier. Selon les vidéos postées sur les réseaux sociaux chinois, les manifestants portaient des banderoles et des panneaux en scandant « luttons contre les déchets nucléaires, protégeons nos foyers ! ».
Les images montraient des policiers anti-émeute qui dispersaient les manifestants en leur donnant des coups de pieds et de boucliers, alors que certains manifestants jetaient divers projectiles sur la police. Des témoins ont confié à Epoch Times que la police a arrêté plus de 40 habitants de Lianyungang et violemment agressé des manifestants sans aucune distinction.
En même temps, les responsables du contrôle d’Internet ont pris des mesures drastiques contre la propagation en ligne des informations sur cet incident.
Selon la publication économique chinoise Caijing, la police chinoise a arrêté un homme de 30 ans originaire de la côte Est de la Chine, soupçonné de « diffusion de fausses informations », le 6 août. Un certain message en ligne posté par cet homme contenait la phrase « la police de Lianyungang a émis un avertissement formel !!! ».
Le 9 août, l’agent « 001137 » de la cyberpolice de Jiangsu a utilisé le compte officiel de son département sur le réseau de Sina Weibo (équivalent chinois de Twitter) pour avertir un internaute chinois que le message qu’il avait posté au sujet de Lianyungang « contredisait gravement les faits ». Si l’internaute ne supprimait pas son message, il pourrait être détenu jusqu’à 10 jours pour « répandre des rumeurs et troubler l’ordre public », précisait le poste de l’agent.
D’autres messages en ligne ont été supprimés par les censeurs sans aucun avertissement.
Dans un message de 3 300 caractères posté sur Sina Weibo, l’internaute « Karmaxu » a souligné que les publications officielles comme China Youth Daily ne devraient pas « réfuter les rumeurs » sur la nature des manifestations, car les habitants de Lianyungang n’étaient préoccupés que par la question de la sécurité environnementale. « Pour nous, la sécurité de notre patrie est la question la plus fondamentale. N’est-ce pas le cas ? », a écrit cet internaute.
Selon Weiboscope, un site web recueillant des informations sur la censure d’Internet en Chine, le message de Karmaxu a été supprimé seulement quatre minutes après sa publication. Weiboscope est géré par l’école de journalisme de l’Université de Hong Kong.
Les forces de sécurité ont également essayé d’intimider les administrateurs des forums de discussion en ligne.
« Les administrateurs des groupes de discussion qui avait appelé les gens à protester […] ont été invités à boire du thé », a confié Mme Chen, résidente de Lianyungang, à la radio internationale « Sound of Hope (Son de l’Espoir) », le 8 août. L’expression « boire du thé » fait allusion aux séances d’interrogation non-officielles avec la police ou des agents de sécurité.
Cependant, malgré les répressions en ligne, les manifestations contre le projet des déchets nucléaires ne semblent pas s’apaiser.
Le 8 août dernier, le résident de Lianyungang M. Ge a expliqué à Epoch Times que de plus en plus de gens se joignent aux manifestants et envisagent de continuer le mouvement de désobéissance civile. Un autre résident local qui n’a pas voulu que son nom soit mentionné, a précisé que des manifestations similaires avaient lieu également dans la ville voisine de Yancheng de la province du Jiangsu.
Le 10 août, les autorités de Lianyungang ont annoncé sur leur compte officiel de Sina Weibo qu’ils avaient suspendu les recherches du site de recyclage des déchets nucléaires.
On ne sait pas si cette annonce incitera les résidents de Lianyungang à retourner dans leurs foyers. Bien que les autorités de Lianyungang avaient annoncé dans leur déclaration officielle du 7 août que le projet des déchets nucléaires n’était qu’au « stade préliminaire d’évaluation », les manifestations avaient continué dans leur élan.
Article écrit avec la contribution de Franck Fang.
Version anglaise : How the Chinese Authorities Are Censoring an Anti-Nuke Protest
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