« Violette, notre héroïne » : Violette Dorange, nouvelle star de la course au large, a franchi la ligne d’arrivée du Vendée Globe

Par Epoch Times avec AFP
9 janvier 2025 11:50 Mis à jour: 9 février 2025 18:05

Violette Dorange vient de franchir la ligne d’arrivée du Vendée Globe en 25e position. Nouvelle star de la course au large, la benjamine du tour du monde à la voile en solitaire et sans escale a gagné son pari en passionnant grand public et médias.

Il est un peu plus de midi quand la jeune femme entame sa remontée du célèbre chenal. Âgée de 23 ans , elle établit un record de précocité. Veste noire, salopette rouge, elle salue la foule depuis son voiler, grand sourire accroché aux lèvres et fumigènes en main, visiblement émue.

Téléphone en l’air, de nombreux admirateurs filment son arrivée. Ils se sont installés par milliers dès le début de matinée, emmitouflés dans leurs anoraks et bonnets sous quelques gouttes de bruine.

Sur le quai, presque toutes les pancartes lui sont dédiées : « La vie en Violette », « Bravo Vio, tu l’as fait », « Violette, notre héroïne », « Violette girl power »…

Les fans de la skipper Violette Dorange l’accueillent le long du chenal après sa 25e place dans la 10e édition du Vendée Globe, aux Sables-d’Olonne, le 9 février 2025. (Photo SEBASTIEN SALOM-GOMIS/AFP via Getty Images)

Le phénomène Violette Dorange (Devenir) a passé la ligne d’arrivée du Vendée Globe en 25e position à 11h39 (GMT+1), bouclant son tour du monde en 90 jours, 22 heures et 37 minutes, peu après le Japonais Kojiro Shiraishi (DMG Mori) et devançant de quelques heures Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement) et Sébastien Marsset (Foussier).

Arrivée au ponton, Violette Dorange essuie quelques larmes avant de secouer la bouteille de champagne remise par le président de la course puis d’accueillir ses parents à bord. À quelques dizaines de mètres de là, les fans réunis au village Vendée Globe hurlent toujours son nom.

« Un engouement autour du projet »

« J’étais coupée du monde pendant trois mois, j’étais au courant qu’il y avait un engouement autour du projet mais je le découvre vraiment aujourd’hui et c’est incroyable », a déclaré à la presse la navigatrice.

« Je crois que ce qui me touche le plus, c’est d’atteindre les jeunes, les enfants, les petites filles. Tout l’enjeu de mon projet, c’est de montrer que même si on est jeune, on peut se lancer dans de belles aventures, se lancer des défis », a-t-elle ajouté, tout juste débarquée.

Violette Dorange a bouclé son premier Vendée Globe à la barre de l’ancien bateau de Jean Le Cam, doyen de la compétition, arrivé le 4 février en 20e position et revenu l’accueillir dimanche.

« C’est une personne qui inspire les gens, on le voit bien. Beaucoup de jeunes, et de moins jeunes d’ailleurs, peuvent s’identifier à elle », a affirmé le navigateur, six départs de Vendée Globe au compteur.

Avec ses vidéos où elle partage ses frayeurs après une montée au mat pour réparer une avarie – « un cauchemar » – ses joies à l’ouverture des cadeaux de Noël – « ça fait trop plaisir » – ou ses repas, elle a séduit 469.000 personnes sur Facebook et 541.000 sur Instagram.

En comparaison, Charlie Dalin, vainqueur de cette édition, cumule 70.000 « followers » sur Instagram et le doyen Jean Le Cam, 65 ans, 118.000 (139.000 sur Facebook).

« Même Léon Marchand et Angèle la suivent sur Instagram, c’est ouf ! » s’enthousiasme Charles, son frère aîné, rapporte Le Parisien.

Côté médias, France Inter tient le journal de bord de la skippeuse du monocoque Devenir et Le Monde la suit de près.

« Beaucoup de simplicité et de vérité »

À chaque édition du Vendée Globe tous les quatre ans, « on a celui ou celle qui ressort du lot », rappelle à l’AFP le président de la course Alain Leboeuf, en citant le cas de Le Cam, qui avait bouleversé le public en 2020 en sauvant Kevin Escoffier dans l’Atlantique Sud.

Pour M. Leboeuf, Violette Dorange se démarque car « elle a su partager ses sentiments » avec « beaucoup de simplicité et de vérité ».

Les organisateurs ont « imposé à chaque skippers du matériel à bord pour fabriquer de l’image et la diffuser », poursuit-il. « C’est un encouragement à la communication. Après, il y a ceux (…) qui se prennent au jeu. »

« Depuis que j’ai commencé la course au large, j’ai toujours filmé mes courses pour en faire des films sur YouTube », raconte la principale intéressée, qui a traversé la Manche en Optimist dès ses 15 ans.

« Ça fait un petit peu bizarre parce que je sais qu’il y a eu un engouement incroyable pour le projet et en même temps, je ne le vis pas tellement puisque je suis un petit peu isolée (…) dans tous les cas, ça me rend heureuse », confie la jeune skippeuse, qui est repassée lundi matin dans l’hémisphère Nord.

La skipper Violette Dorange pose à bord de son monocoque Imoca « Devenir », au large de Lorient, quelques mois avant le départ du Vendée Globe, course à la voile autour du monde en solitaire, le 23 avril 2024. (Photo SEBASTIEN SALOM-GOMIS/AFP via Getty Images)

« L’impression que ça pourrait être eux, leur fille ou leur nièce ou leur cousine »

Si la navigatrice a « un des plus petits budgets de la flotte », « on s’est bien penché sur la stratégie », décrit David Lupion, son responsable réseaux sociaux.

« Pour moi la recette c’est l’émotion », développe le Brestois : « si tu changes une voile ou ton cap, tout le monde s’en fout. Si tu me dis que tu as eu du mal à changer une voile, là ça m’intéresse ».

« Elle a une sorte de fraîcheur, même dans son ton de voix », analyse Isabelle Autissier, première femme à avoir réalisé un tour du monde en solitaire lors d’une compétition en 1991. Cela pourrait expliquer l’intérêt de gens « qui ne connaissent rien à la voile » : « comme toujours sur les réseaux sociaux, ils ont un petit peu l’impression que ça pourrait être eux, leur fille ou leur nièce ou leur cousine », poursuit la navigatrice.

Mais « contrairement à ce qu’on dit, les marins ne sont pas des taiseux » et en communiquant, Violette Dorange ne constitue pas une exception, estime Isabelle Autissier.

Lors d’un Vendée Globe, « ce dont on témoigne, c’est véritablement d’émotions extrêmes », relate Catherine Chabaud, première femme à finir la course en 1997. « Exprimée par une jeune femme de 23 ans, qui paraît à la fois forte et fragile, ça impressionne peut-être encore plus », dit-elle.

« Je pense qu’à mon retour à terre, ça va être très intense » avec l’arrivée aux Sables d’Olonne, puis « la semaine de presse à Paris », prophétisais Violette Dorange. « Moi, j’ai envie de vraiment rester la même dans tous les cas. »

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