L’Europe est « embarquée pour le retour vers la Lune » avec LUNA, son installation simulant la surface de notre satellite, se félicite dans un entretien à l’AFP l’astronaute Thomas Pesquet, pour qui participer à une mission lunaire serait « un rêve ».
Le Français a testé mercredi au Centre aérospatial allemand (DLR) de Cologne cette installation « unique au monde », qui reproduit l’environnement lunaire et doit permettre d’entraîner les astronautes et de tester les matériels qui iront un jour sur la Lune.
Mais qui est donc dans ce scaphandre ? 🧑🚀🙋♂️🤫 Aujourd’hui, l’ESA dévoile le tout nouveau bâtiment #LUNA. Ce centre unique au monde simule l’environnement lunaire 🌕 et va préparer les astronautes, les ingénieurs et les scientifiques aux futures missions lunaires. On se rapproche… pic.twitter.com/Gjh4Gh0Imz
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) September 25, 2024
Comment s’est passée votre première « sortie » ?
Avec Matthias (Maurer, autre astronaute de l’Agence spatiale européenne, ndlr), on a répété à quoi ressemblerait une sortie sur la surface de la Lune dans des scaphandres de 25 kg avec des équipements pour la géologie, la communication, pour déployer des antennes, analyser des roches…
Ce qui m’a surpris, c’est la lumière rasante qui sera celle sur la Lune, surtout au pôle Sud. On a beaucoup de mal à évaluer le relief, avec ce régolithe (l’épaisse couche de poussière qui recouvre la surface lunaire, ndlr), où on s’enfonce. Dès qu’on sortait du chemin, arriver à repérer où poser ses pieds, c’était une autre paire de manches.
Ce qui est marquant, c’est aussi la lenteur. On n’est pas sur Terre, on est beaucoup moins habile. Ca m’a rappelé mes sorties extra-véhiculaires de la station spatiale internationale (ISS).
Que représente l’inauguration de LUNA pour les ambitions européennes ?
C’est un moment un peu charnière pour l’Europe parce qu’on se lance vraiment dans l’exploration lunaire. On s’est déjà engagés avec la NASA sur pas mal de fournitures d’éléments et d’équipements pour Artemis (le programme américain de retour sur la Lune, ndlr). Mais LUNA, c’est vraiment la première marque très visible du fait que, ça y est, on est embarqués pour le retour vers la Lune.
On le prouve en investissant dans des choses qui vont être sur le long terme. Cette installation, on va l’ouvrir aux autres agences spatiales, aux chercheurs et, on l’espère aussi, aux entreprises privées.
Est-ce que LUNA peut renforcer les chances des Européens d’être parmi ceux qui poseront effectivement un pied sur la Lune ?
Notre participation au programme américain Artemis – essentiellement le module de service de la capsule Orion qui permettra aux astronautes d’aller vers la Lune – nous donne trois places sur les trois premières missions. Mais ça, ce sont des missions autour de la Lune. La NASA nous dit “pour descendre sur la Lune, il faut proposer quelque chose qui se fasse sur la surface”. Les Japonais ont un rover pressurisé et, nous, un atterrisseur qu’on espère utiliser pour avoir voix au chapitre. LUNA n’est pas quelque chose de contractuel, mais ça nous permet de montrer notre volonté.
Est-ce que la Lune est un objectif personnel pour vous ?
Oui. Dans ma génération d’astronautes, recrutés en 2009, on a tous fait une ou deux missions vers l’ISS, on est tous restés entre 100 et 400 jours dans l’espace. Maintenant on a envie d’aller plus loin, c’est normal. Ce serait le rêve et la culmination d’une carrière. La Lune, c’est quand même 1000 fois plus loin que l’ISS. Quand on va sur l’ISS, on a l’impression de faire quelque chose de pas ordinaire. Mais, aller sur la Lune, c’est encore un autre niveau dans l’aventure.
Pour un astronaute de votre génération, né après les dernières missions Apollo, que représentait la Lune ?
Ce n’était sans doute pas aussi fort pour nous que ça l’a été pour les générations précédentes. Ce qui est libérateur, parce qu’on n’est pas rentrés dans la carrière en se disant “de toute façon, on ne fera jamais aussi bien”. On ne regardait que vers l’avenir. Et les missions ISS, ça occupe bien ! Pendant quasiment 10 ans, j’ai eu la tête dans le guidon et quand j’ai commencé à souffler en 2022-2023, les missions lunaires sont arrivées. C’est une chance phénoménale.
Vous vous entraînez déjà pour ça ?
On s’entraîne, mais c’est un objectif à la fois assez lointain et diffus. On ne sait pas exactement ce qu’on fera. Est-ce qu’on s’entraîne pour être aux commandes du vaisseau Orion ou pour descendre sur la surface ? Ce sont des missions complètement différentes. Il nous manque aussi beaucoup d’éléments matériels pour pouvoir s’entraîner. Donc, on se tient prêt.
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