Après une session plénière de trois jours, la direction du Parti communiste chinois (PCC) a annoncé le 11 novembre l’adoption d’une résolution historique vantant les « réalisations politiques » du secrétaire général Xi Jinping, en plus des « réalisations majeures et du bilan historique » du PCC au cours de ses 100 ans d’histoire.
Le 19e Comité central du Parti a entamé sa 6e session plénière le 8 novembre. L’agence de presse Xinhua a publié un communiqué annonçant les principaux points de la réunion le jour même de sa conclusion.
Intitulée « Résolution sur les principales réalisations et l’expérience historique du Parti au cours du siècle dernier », voilà le troisième document de ce type à être élaboré depuis la fondation du PCC en 1921. Le texte définitif n’a pas encore été publié.
Selon le communiqué, Xi Jinping a mené le régime vers « de nouvelles et importantes réalisations dans diverses entreprises », bien que les relations internationales de la Chine communiste se soient considérablement dégradées « sous l’effet combiné de changements mondiaux d’une ampleur inédite depuis un siècle et de la pandémie mondiale du coronavirus ».
Promouvoir Xi Jinping
La 6e session plénière a souligné le rôle déterminant du texte à travers lequel le dirigeant Xi Jinping offre son interprétation du marxisme-léninisme, intitulé « Pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère ». Le communiqué a également souligné l’importance de « maintenir la position centrale du camarade Xi Jinping au sein du Parti central et du Parti dans son ensemble ».
Le « Parti central » désigne la direction du PCC à Pékin. Dans sa totalité, le Parti compte plus de 90 millions de membres à des postes variés au sein du gouvernement ou dans la société.
La résolution historique est généralement considérée par l’opinion publique comme un moyen de renforcer l’autorité de Xi Jinping, qui se prépare à assumer un troisième mandat à la tête du PCC. De nombreux observateurs de la Chine ont décider de faire une étude comparative entre ce document et ceux publiés par les précédents dirigeants communistes – Mao Zedong en 1945 et Deng Xiaoping en 1981.
Selon les règles actuelles, le poste de chef du Parti (« secrétaire général » du Parti) est limité à deux mandats de cinq ans. Cependant, Xi Jinping semble ne vouloir désigner aucun successeur.
Plusieurs éditoriaux publiés par les médias d’État chinois avant et pendant la 6e session plénière ont fait l’éloge de Xi Jinping en tant que force motrice du « grand rajeunissement de la nation chinoise ».
Tony Saich, professeur spécialiste de la Chine à l’université de Harvard, a déclaré au Washington Post que la dernière résolution historique « vise à montrer que le Parti souhaite désespérément que Xi Jinping reste, qu’on l’implore de rester, parce que c’est lui le leader qui fera avancer la Chine ».
Alex Dukalskis, professeur en politique et relations internationales à Dublin, a fait remarquer à l’Irish Independent que l’adoption du document envoie un « signal extrêmement fort » de la suprématie de Xi Jinping au sein du PCC. La résolution historique, selon lui, montre que le dirigeant chinois n’est menacé par aucune opposition dans son désir de régner indéfiniment.
Un ton tempéré
Mais, tous ne sont pas convaincus que l’adoption de cette nouvelle résolution historique constitue la preuve incontestable du pouvoir de Xi Jinping, ni que l’homme de 68 ans jouisse d’une autorité sans entrave au sein du PCC.
En octobre, après l’annonce par Pékin que le Comité central du PCC discuterait de la résolution historique lors de la session plénière, le commentateur Wang Xiangwei du South China Morning Post écrivait que le document de Xi Jinping allait probablement être « tourné vers l’avenir » de son maintien au pouvoir, plutôt que de se concentrer sur « les principales erreurs et leçons » des dirigeants précédents.
Selon le communiqué de la 6e session plénière, la résolution historique souligne le rôle qu’ont joué les dirigeants précédents en promulguant chacun leur propre interprétation du marxisme pour renforcer le PCC et assurer sa survie.
Ce qui contraste avec les résolutions émises par Mao et Deng, qui critiquaient leurs rivaux passés. La résolution de 1945 répudiait la faction du PCC qui réclamait une coopération plus étroite avec l’Union soviétique et soutenait la doctrine maoïste d’un mouvement communiste chinois géré indépendamment de Moscou. La résolution de 1981 sous Deng Xiaoping, quant à elle, condamnait la tristement célèbre révolution culturelle de Mao et affirmait la politique de réforme économique.
Dans une analyse du 12 novembre, Will Wo-Lap Lam, chargé de recherche à la Jamestown Foundation, a cité le chercheur et dissident chinois Chen Pokong affirmant que Xi Jinping s’était attiré une forte hostilité de la part de ses rivaux en cherchant à instaurer son culte de la personnalité.
Selon M. Lam, cette opposition pourrait expliquer la présence d’un long paragraphe dans le communiqué « consacré aux politiques des anciens présidents Jiang Zeming et Hu Jintao, bien connus comme étant les rivaux politiques de Xi Jinping ».
Malgré cette rivalité, le communiqué explique que la théorie des « Trois Représentants » de Jiang Zeming a « uni et conduit l’ensemble du Parti et de la nation à défendre la théorie et la ligne fondamentales du Parti » et a contribué à « introduire le socialisme aux caractéristiques chinoises dans le 21e siècle ».
Les défis en coulisses
Jiang Zeming, aujourd’hui âgé de 95 ans, et ses alliés au sein du PCC sont généralement considérés comme ayant conservé leur ascendant politique bien au-delà de 2002, date à laquelle le dirigeant a officiellement passé les rênes au successeur Hu Jintao.
Cependant, depuis son arrivée au pouvoir en 2012, Xi Jinping a mené une campagne anti-corruption sans relâche, purgeant des centaines de hauts fonctionnaires chinois liés à la faction de Jiang Zeming.
Selon les analystes de SinoInsider, un cabinet de conseil new-yorkais en risques politiques spécialisé dans les élites chinoises, la publication par Pékin d’une résolution historique plutôt tempérée indique que, malgré ses neuf années de mandat, Xi Jinping est incapable d’éradiquer l’influence de la faction de Jiang Zeming ou des élites contestataires.
Ces dernières années, l’attitude de la communauté internationale à l’égard de Pékin s’est considérablement assombrie, notamment à la suite des révélations sur l’incarcération massive des minorités ethniques musulmanes au Xinjiang, la répression du mouvement pro-démocratie de Hong Kong et d’autres signes montrant que le Parti communiste demeure inchangé dans son objectif de domination totalitaire.
Et à l’intérieur du pays, le PCC est confronté à des crises économiques et sociales croissantes, comme l’effondrement du marché immobilier, les pénuries d’électricité persistantes, le déclin démographique sévère et la reprise épidémique du Covid-19.
« On peut considérer que la 6e session plénière reflète les efforts de Xi Jinping pour mobiliser publiquement et recruter des partisans. Ceci dans un contexte de lutte entre factions au sein de l’élite du PCC », en vue d’une « énorme tempête » de défis auxquels Xi Jinping et le régime vont être confrontés, écrit SinoInsider dans une lettre d’information du 11 novembre.
Cependant, selon l’analyse, l’autorité « découlant de cette propagande et non de véritables réalisations politiques est éphémère et peu substantielle ».
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