Un manifestant est entre la vie et la mort après de violents affrontements avec les forces de l’ordre samedi dans les Deux-Sèvres, dont autorités et organisateurs se rejettent la responsabilité sur fond d’opposition à un projet de retenues d’eau.
Le pronostic vital de cet homme de 30 ans, dans le coma après un traumatisme crânien, restait engagé dimanche selon le parquet de Niort qui a ouvert une enquête spécifique sur les circonstances dans lesquelles trois manifestants au total, dont une femme de 19 ans et un autre homme de 27 ans, ont été grièvement blessés. D’autres enquêtes ont été ouvertes sur les faits, notamment pour « organisation de manifestation interdite », « violences sur militaires » et « destruction de biens ».
Selon un bilan actualisé par le parquet à 18H00 dimanche, deux gendarmes blessés grièvement « sont désormais en urgence relative ». Au total, 47 militaires et sept manifestants ont été pris en charge par les secours. Les organisateurs – le syndicat agricole Confédération paysanne, le collectif d’associations « Bassines non merci » et le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre – font état d’un bilan beaucoup plus lourd : 200 manifestants blessés, dont 40 graves. Celui du parquet ne porte que sur les blessés officiellement secourus, ce qui peut expliquer l’écart entre les chiffres.
Les deux camps s’accusent d’avoir tiré les premiers
Le rassemblement, comme le précédent fin octobre, avait été interdit par la préfecture et plus de 3000 forces de l’ordre ont été mobilisées autour du chantier. Selon les autorités, il a réuni quelque 6000 manifestants, dont un millier d’activistes radicaux ; une « intox » pour les organisateurs, qui parlent de 30.000 personnes. Leur répartition en trois cortèges avait pour but déclaré d’encercler la « bassine » pour en « stopper » la construction, mais des affrontements ont rapidement éclaté sur le site, transformé en scène de guerre, les deux camps s’accusant d’avoir tiré les premiers grenades lacrymogènes ou cocktails molotov.
Le gouvernement a dénoncé « un déferlement de violence intolérable », les organisateurs « une opération de répression massive » et « une dérive violente de l’État ». Une grande partie de la foule est restée pacifique, selon des journalistes de l’AFP. Des observateurs de la Ligue des droits de l’Homme mettent en cause « un usage immodéré et indiscriminé de la force sur l’ensemble des personnes présentes, avec un objectif clair : empêcher l’accès à la bassine, quel qu’en soit le coût humain ». Selon eux, les cortèges ont été ciblés avant et après leur arrivée sur les lieux par des tirs de grenades lacrymogènes, assourdissantes et explosives « de type GM2L et GENL », ainsi que de LBD 40. « Des grenades ont été envoyées très loin et de manière indiscriminée » et les détonations « étaient régulièrement suivies de cris d’appel au secours ».
La LDH pointe aussi des tirs en direction d’élus et des entraves à l’arrivée des secours, en particulier pour le manifestant entre la vie et la mort qui n’aurait pas été héliporté avant plus de trois heures, selon les organisateurs.
Les autorités imputent le délai d’intervention des secours à des violences renouvelées sur les gendarmes qui devaient sécuriser leur accès au site. Selon la préfète des Deux-Sèvres, « à aucun moment, les élus n’ont été identifiés dans cette zone ».
« Face à des individus extrêmement violents », les gendarmes assurent avoir fait « un usage proportionné de la force, en utilisant massivement du gaz lacrymogène », ainsi que des grenades de désencerclement « pour préserver leur intégrité » et des tirs de LBD « dans les moments de grande tension ».
Au total, 4000 grenades ont été tirées par les forces de l’ordre, selon le ministre de l’Intérieur.
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