ÉCONOMIE

Batteries: levée de fonds record pour la gigafactory de Verkor à Dunkerque

septembre 14, 2023 14:40, Last Updated: septembre 14, 2023 14:50
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La start-up française Verkor a franchi jeudi un pas décisif pour l’installation à Dunkerque (nord de la France) de sa gigafactory de batteries, bouclant une levée de fonds record, l’État subventionnant le projet dans l’espoir de faire monter en puissance l’industrie européenne de la voiture électrique face à la concurrence asiatique.

L’entreprise, qui fournira d’abord Renault, a annoncé avoir réuni « plus de deux milliards d’euros », dont le montant record « d’au moins 850 millions d’euros » auprès d’investisseurs privés – la plus importante levée de fonds d’une jeune pousse française. S’y ajoute une subvention publique d’environ 650 millions d’euros – sous réserve de validation par la Commission européenne – ainsi qu’un prêt de 600 millions d’euros de la Banque européenne d’investissement.

Cité dans un communiqué de l’entreprise, le président Emmanuel Macron « félicite » Verkor pour ce tour de table qui « envoie un signal fort sur notre ambition de réindustrialisation ». « La France attire, se réindustrialise, décarbone son économie, crée des emplois ! », a-t-il ajouté sur X (ex-Twitter).

L’opération valorise la start-up à « plus d’un milliard d’euros », a indiqué à l’AFP Benoit Lemaignan, cofondateur et président de l’entreprise. Elle a été solennellement bouclée jeudi matin à Paris mais le montant « pourrait augmenter dans les prochaines semaines », selon le communiqué.

Fondée en 2020, Verkor a inauguré fin juin à Grenoble son usine pilote de batteries à haute puissance et compte ouvrir d’ici 2025 son usine à Dunkerque – avec 1200 emplois directs à la clé et une production initiale de 16 gigawattheures (GWh) par an. Les premiers travaux sont en cours. Le financement bouclé « donne une bonne visibilité » pour « construire l’usine, faire venir les machines, monter l’équipe et démarrer », détaille le responsable.

Deux millions de voitures électriques produites en 2030

Verkor est suivi de près par le gouvernement. L’usine doit aider l’industrie automobile française à atteindre l’objectif de deux millions de voitures électriques produites en France en 2030, après des années de délocalisations.

Le tour de table a été large : le gestionnaire d’actifs australien Macquarie Asset Management est « principal investisseur », « avec l’appui » de Meridiam, spécialiste français des infrastructures, qui a précisé à l’AFP avoir versé 200 millions d’euros.

Ces deux entités deviendront les premiers actionnaires, selon l’Élysée. Macquarie a travaillé avec Crédit Agricole Assurances, qui prend également une part significative, a confirmé son directeur général Philippe Dumont. Le Fonds Stratégique de Participations (FSP), alliance de sept compagnies d’assurance françaises, a également « réalisé un investissement majeur », selon un communiqué d’ISALT, société gestionnaire du fonds.

« C’est un investissement très symbolique de ce que peut être la question de la réindustrialisation en France avec une industrie de pointe », a expliqué à l’AFP Nicolas Dubourg, directeur général du FSP. Plusieurs actionnaires existants ont contribué à nouveau, notamment le constructeur automobile Renault, qui s’était engagé à acheter les trois quarts de la production de Verkor.

Les batteries seront notamment utilisées dès 2025 dans les futurs modèles Alpine et dans « des véhicules des segments supérieurs », a indiqué le patron du groupe, Luca de Meo, dans le communiqué. « Nous n’avons pas vocation à ne fournir que Renault », a nuancé M. Lemaignan. Cette « gigafactory » répond à « un besoin de marché à court terme » tout en bâtissant « un outil industriel qui va durer des dizaines d’années », assure-t-il, qualifiant les batteries de « pétrole de demain dans la mobilité ».

Une « Vallée des batteries » pour l’autonomie de la France

Actuellement, la fabrication des batteries et le raffinage des matériaux qui les composent sont dominés par des groupes asiatiques. Mais Verkor n’est pas seule à s’installer en France : le fabricant taïwanais ProLogium a obtenu une subvention de 1,5 milliard d’euros pour sa première usine, à Dunkerque également, avec une ouverture prévue pour 2026.

Cent kilomètres au sud, à Douvrin (Nord), Stellantis, TotalEnergies et Mercedes ont implanté la première usine de batteries française pour voitures électriques, avec leur coentreprise Automotive Cells Company (ACC). Et Renault doit ouvrir sa propre usine avec le groupe chinois AESC-Envision en 2024, également dans le Nord, à Douai. « On est en train de constituer une vraie vallée des batteries » avec quatre usines qui « permettront à la France d’être autonome en matière de production », s’est félicité la présidence.

En Allemagne, le géant chinois CATL a lancé la construction d’une usine en 2019. Le soutien public montre que l’Europe est « capable de soutenir cette industrie » au même titre que les États-Unis avec l’Inflation Reduction Act (IRA), a estimé le patron de Verkor. « On n’a pas à rougir » sur les montants, mais « la vitesse de mise en route américaine est probablement aujourd’hui significativement plus rapide », juge M. Lemaignan. « Le pragmatisme américain doit nous interpeler. »

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