Lors de sa dernière visite chez le médecin en avril 2013, Gabin, 3 mois, pesait 8,550 kg. Six semaines plus tard, « il ne pesait plus que 5,825 kg ». Il est décédé aux urgences, le 7 juin.
Un médecin de famille, jugé après le décès d’un bébé mort de faim à l’âge de 22 mois, a plaidé jeudi 4 juin l’erreur d’appréciation devant le tribunal correctionnel de Guéret.
Jean-Louis V., 62 ans, était poursuivi pour « non-assistance à personne en danger », un « fait rare » selon l’association L’Enfant bleu, partie civile après la mort du petit Gabin en 2013. Me Yves Crespin, avocat de l’association, explique au micro d’Europe 1 : « On sait que les médecins hésitent à faire des signalements. 5% des signalements reçus par la justice ou l’administration émanent des médecins ». D’après lui les professionnels « redoutent des poursuites disciplinaires, que des plaintes soient déposées contre eux par des parents ou des tiers qui vont leur reprocher la violation du secret professionnel ou la rupture d’une relation de confiance ». « Il faut que ce procès permette aux médecins de prendre conscience qu’ils sont les premiers à pouvoir protéger les enfants », conclut-il sur Europe 1.
Le médecin risque 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende.
Le procureur Bruno Sauvage, qui s’en est remis au jugement de la cour, a souligné que les juges devaient se demander si le médecin avait conscience ou non du péril imminent pour Gabin lors de ses visites.« Ce ne sont pas les négligences qui lui sont reprochées. Il s’agit de déterminer si le comportement du médecin était intentionnel. Était-il conscient du péril ? Est-ce sciemment et volontairement qu’il s’est abstenu d’apporter assistance à Gabin ? »
Une « famille parfaite en face de moi »
Masque sur le nez, costume noir, cheveux poivre et sel, le médecin, toujours en activité, a affirmé devant le tribunal n’avoir « rien vu ». « L’état de Gabin ne m’inspirait pas d’inquiétude. Pendant les consultations, il était toujours propre et bien vêtu ». « Il était toujours dans les bras de sa mère. J’avais la famille parfaite en face de moi. Céline Vialette n’a jamais posé de problème. Elle était très attentive à son enfant. Elle semblait s’occuper parfaitement de Gabin », a poursuivi le médecin. « Ne fallait-il pas être plus vigilant ? », demande le président du tribunal Arnaud Baron, rappelant que le médecin connaissait les difficultés sociales de la famille, les problèmes d’addiction du père et qu’il était le confident des problèmes de couple.
Le médecin répond : « Sur l’instant pas spécialement. J’avais vu Céline Vialette élever Melvin (le fils aîné né 5 ans avant Gabin), elle semblait s’occuper parfaitement de Gabin. J’avais plus de soucis sur les capacité d’Édouard Ruaud, le père. Céline Vialette ne m’a jamais parlé du poids de Gabin, si elle m’en a parlé c’est parce que je lui ai posé la question. Je ne mesurais pas un quelconque danger, sinon j’aurais agi. C’est mon métier et ma raison de vivre ».
À sa mort, il faisait le poids d’un bébé de 3 mois
Entre janvier et juin 2012, Gabin perd 400 grammes. Le médecin admet qu’il ne « s’en est pas rendu compte. Je me suis fié à l’état visuel… Il est né avec un petit poids mais sa courbe suivait grossièrement la courbe de l’OMS ». « Si vous aviez vu, vous auriez pu sauver cet enfant ? », lui demande le président. « Je pense que non. Parce qu’entre la dernière consultation et la mort, sa perte de poids est énorme. Il serait décédé quand même. Les parents sont les seuls responsables dans cette histoire ».
Le 25 avril 2013, lors de sa dernière visite chez le médecin, « Gabin pesait 8,550 kg ». Six semaines plus tard l’enfant avait été admis aux urgences en état de « déshydratation extrême » et « de mort apparente », et n’avait pu être réanimé. Gabin ne marchait plus et ne pesait que 5,8 kg. « C’est le poids qu’il faisait à trois mois », avait souligné l’accusation lors du procès des parents.
Les parents condamnés ont fait appel
Depuis la mort de Gabin, le docteur assure avoir changé sa pratique : « J’essaye de m’intéresser un peu plus à la croissance. Je note tous les poids et les tailles. Je ne m’imaginais pas faire une erreur aussi grossière. Je comprends que les experts puissent être très en colère ».
Édouard Ruaud, 40 ans, et Céline Vialette, 34 ans, avaient affirmé lors du procès avoir été accaparés par des difficultés de couple et d’argent. Condamnés le 15 novembre 2019 à 17 ans de réclusion criminelle – ils ont depuis fait appel – ils se sont portés partie civile et suivaient le procès par visio-conférence depuis leur lieu de détention.
Le jugement sera rendu le 2 juillet.
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