Quelque 140 personnes ont été arrêtées lors de rassemblements de l’opposition au Bélarus où le chef de l’Etat Alexandre Loukachenko intensifie sa répression avant l’élection présidentielle, a indiqué samedi le centre Viasna de défense des droits de l’homme.
M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, brigue un sixième mandat en août. Plusieurs figures de l’opposition, dont le principal rival du président, Viktor Babaryko, ont été arrêtées à l’approche de la présidentielle prévue le 9 août.
« Je n’ai jamais pensé qu’il puisse y avoir des gens au Bélarus qui voudront détruire le pays », a déclaré samedi M. Loukachenko, lors de l’inauguration d’un monument dans l’Est bélarusse.
Selon lui, le Bélarus vit actuellement un « moment très dangereux pour sa souveraineté et son indépendance ».
Mais « personne ne se verra permettre de trahir ou détruire ce que vous et moi, nous avons créé pendant un quart de siècle », a assuré le président du bélarusse.
Manifestants descendus dans la rue à Minsk
Vendredi était la date limite pour la collecte de parrainages d’électeurs et, dans la soirée, des manifestants sont descendus dans la rue à Minsk, la capitale, ainsi que d’autres villes, en signe d’appui aux opposants du président.
Valery Tsepkalo, un détracteur du chef de l’Etat et candidat potentiel, s’est joint à ces rassemblements que la police a dispersés.
Selon le centre Viasna, quelque 140 personnes ont été interpellées dans plusieurs villes, dont 80 à Minsk.
Cinq personnes dont un mineur ont été battues, d’après la même source.
Un vidéaste freelance en mission pour Reuters arrêté
Plusieurs journalistes travaillant pour des médias étrangers ont été appréhendés, dont le correspondant du service bélarusse de Radio Free Europe. Un vidéaste freelance en mission pour Reuters a été arrêté à Minsk avant d’être relâché, a indiqué une porte-parole de l’agence de presse.
Certaines personnes ont été relâchées vendredi, d’autres attendaient d’être présentées devant la justice.
Ces arrestations de « journalistes ont été vivement dénoncées par des ambassades occidentales à Minsk ».
Les protestations de vendredi soir n’étaient pas massives mais elles étaient inhabituelles dans un pays où le président Loukachenko n’a toléré aucune opposition pendant près de trois décennies, selon des analystes.
Un slogan des gens n’importe qui sauf lui
« La société est polarisée », a déclaré à l’AFP l’analyste indépendant Valeri Karbalevitch, ajoutant que beaucoup souhaitaient que M. Loukachenko quitte le pouvoir. « Aujourd’hui, le slogan des gens est: n’importe qui sauf lui ».
« Les gens sont fatigués de Loukachenko », a déclaré à l’AFP Vladimir Orlov, écrivain âgé de 66 ans.
Défiant les pronostics, un certain nombre de militants de l’opposition ont recueilli au moins 100.000 signatures de sympathisants pour pouvoir se présenter aux élections.
Viktor Babaryko, a recueilli 435.000 signatures
Le principal rival du chef de l’Etat, l’opposant Viktor Babaryko, a recueilli 435.000 signatures, selon ses adjoints qui ont annoncé samedi à l’AFP avoir déposé son dossier de candidature auprès de la Commission électorale centrale.
Ancien banquier d’une filiale du géant russe Gazprom, accusé de « fraude » et de « blanchiment d’argent », M. Babaryko avait été arrêté jeudi.
Alexandre Loukachenko avait accusé vendredi à la fois Moscou et les Occidentaux de chercher à déstabiliser son pays.
Aucune opposition n’a pu s’ancrer dans le paysage politique bélarusse
D’autres opposants et rivaux potentiels du président belarusse ont été visés par la justice et la police ces dernières semaines : le populaire blogueur Sergueï Tikhanovski, poursuivi pour « troubles à l’ordre public », sa femme Svetlana qui dit avoir reçu des menaces ou encore la figure historique de l’opposition Mikola Statkevitch, qui purge une peine de 15 jours de prison pour une manifestation non autorisée.
M. Tikhanovski a particulièrement dynamisé la campagne présidentielle en lançant le slogan « Ecraser le cafard » en allusion au président. Depuis, beaucoup d’opposants sont descendus dans la rue en brandissant des tongs.
Depuis 1994, aucune opposition n’a pu s’ancrer dans le paysage politique bélarusse. Nombre de ses dirigeants ont été emprisonnés, et en 2019, aucun opposant n’a été élu au Parlement.
Les résultats des quatre dernières élections présidentielles n’ont pas été reconnus comme justes par les observateurs européens.
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