Bertrand Alliot : « Si je suis aussi durement attaqué, c’est parce que je remets en cause l’alarmisme sur la biodiversité »

Par Julian Herrero
17 février 2025 17:15 Mis à jour: 17 février 2025 19:03

ENTRETIEN – Le porte-parole de l’association Action Écologie, Bertrand Alliot, qui s’apprête à publier un ouvrage, Comprendre l’incroyable écologie, a été démis de ses fonctions à l’université Gustave Eiffel en raison de ses prises de position sur les politiques menées au nom du réchauffement climatique et de la préservation de la biodiversité. Il revient en détail pour Epoch Times sur ce qu’il qualifie de « campagne de dénigrement ».

Epoch Times : Bertrand Alliot, en janvier, Mediapart a publié un article : Action Écologie, autopsie d’une offensive écolo issue de l’extrême droite. Quelques semaines plus tard, vous dénonciez cet article qui « n’a manifestement pour but que de nous classer, de façon impropre, dans le camp politique de l’ ‘extrême droite’ et d’entacher ma réputation ». Pourriez-vous revenir dessus ?

Bertrand Alliot : Mediapart a essayé de faire une enquête sur Action Écologie parce que nous avons gagné en visibilité ces derniers temps, notamment à la suite de la publication d’un entretien dans Le Point en octobre, dans lequel j’affirmais qu’il n’y avait pas d’effondrement de la biodiversité en Europe ; et l’organisation d’un colloque en novembre à l’Institut de France intitulé : « Comprendre le phénomène écologie ». À l’époque déjà, l’Académie des sciences avait agi en sous-main pour tenter d’empêcher la tenue de cet évènement : elle voulait empêcher l’expression de sept docteurs diplômés de l’université française…

Mediapart a réalisé une enquête à charge en nous portraiturant en personnalités d’ « extrême droite » et « climatosceptiques », alors que le colloque ne portait pas sur le climat et que notre pensée est bien plus subtile que ça. L’utilisation de ces qualificatifs est ridicule !

Mais le pire sont sans doute les propos diffamatoires : ils osent insinuer, contre l’évidence, que j’utilise des titres universitaires que je ne possède pas. Tous les moyens sont bons pour discréditer une personne qui ose remettre en cause le catastrophisme écologique.

Vous avez été démis de vos fonctions à l’université Gustave Eiffel. Quel événement précis a conduit à la perte de vos fonctions ? La publication de cet article ?

Non, ce n’est pas la faute de l’article de Mediapart. C’est la faute de ceux qui l’ont utilisé honteusement pour organiser une campagne de dénigrement au sein de mon université.

J’ai eu droit à tout : à un communiqué de presse diffamatoire du SNESUP-FSU, à des motions discutées dans les UFR pour dénoncer ma nomination, à une campagne d’affichage dans les couloirs. Le Président qui m’avait nommé était lui-même harcelé à chacune de ses réunions. Imaginez que certains collègues refusaient même de me serrer la main.

J’ai été banni à cause d’opinions exprimées en dehors du cadre professionnel, alors que j’avais été choisi pour mes qualités professionnelles après un processus de sélection compétitif.

Que vous a reproché concrètement la direction de l’établissement ?

Rien du tout ! Le président Gilles Roussel m’a soutenu bec et ongles pendant trois semaines. Mais, de guerre lasse, il a cédé.

Aujourd’hui, pourquoi est-il toujours difficile dans les milieux éducatifs, intellectuels et scientifiques d’apporter la contradiction sur le réchauffement climatique ?

En fait, nous critiquons le catastrophisme qui caractérise aujourd’hui le mouvement de l’écologie et au nom duquel sont menées des politiques insensées. Pour cette simple raison, certains veulent nous ostraciser en nous lançant à la figure « climatosceptique ! », mot qu’il suffit de prononcer désormais pour clore tout débat.

C’est un « label » puissant utilisé contre tous ceux qui s’opposent au dogme écologique. L’alarmisme est devenu un fonds de commerce et il devient dangereux de s’élever contre certains intérêts.

Si je suis aussi durement attaqué, c’est parce que je soulève le problème de l’alarmisme sur la biodiversité. C’est ce que j’appelle, dans mon prochain livre, une « crise de remplacement ».

La biodiversité est une nouvelle buche jetée dans le foyer pour alimenter le feu du catastrophisme. Mais, il faut comprendre qu’il est beaucoup plus aisé de détricoter les arguments des alarmistes sur la biodiversité que ceux sur le climat, parce que le sujet est plus facile à saisir.

Par ailleurs, certains ne supportent pas le fait que je vienne du « sérail ». J’ai été très longtemps dans les associations de protection de la nature, notamment quinze ans administrateur à la Ligue de protection des oiseaux (LPO), une des plus importantes ONG de France. Je sais donc de quoi je parle.

Mais les adeptes du dogme écologique ne peuvent concevoir qu’il y ait une tête qui dépasse essayant d’apporter un peu de nuance dans cet océan de mauvaises nouvelles. Je suis d’ailleurs le seul issu des associations environnementales qui ose dénoncer ce qu’est en train de devenir l’écologie. C’est affligeant.

 Vous avez reçu le soutien de participants du colloque du mois de novembre : Philippe Fabry, Jean-Paul Oury, Thomas Lepeltier mais aussi Chantal Delsol, qui a publié une tribune dans Le Figaro dans laquelle elle écrit que « dénoncer le statut de religion apocalyptique que revêt désormais l’écologie conduit à la prison sociale ».

Elle a tout à fait raison. D’ailleurs, depuis mon bannissement, je n’ai plus aucune nouvelle de la direction de l’université.

Malgré tout, il faut inlassablement remettre en cause ses politiques menées au nom de l’écologie et qui ne mènent nulle part, voire qui contribuent à détruire l’environnement. Il suffit de lire le dernier livre d’Erwan Seznec et de Géraldine Woessner, Les Illusionistes, pour s’en rendre compte.

D’ailleurs, je note l’incohérence de ceux qui suivent la religion écologique : depuis des années, la réglementation ne cesse de se renforcer. Pourtant, à les entendre, la situation environnementale n’a jamais été aussi catastrophique ! Plus les politiques se renforcent et moins il y a de résultats ! Il serait temps de se réveiller.

Allez-vous poursuivre vos engagements malgré ce qui vient de vous arriver ?

Oui, plus que jamais. Mon cas personnel, cependant, importe peu. Il faut maintenant que ce débat ait lieu dans la société française. Allons-nous poursuivre longtemps ces politiques punitives qui n’ont jusque-là obtenu aucun résultat tangible ? Allons-nous détruire le pacte social français pour que survive un ignoble bout de papier nommé le Pacte vert européen ?

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