Si la Ville de Biarritz tient à garder le nom de son quartier historique « La Négresse », l’association Mémoires et Partages, elle, s’indigne du caractère « offensant » de cette appellation. Le 16 janvier dernier, les deux parties se sont opposées devant la cour administrative d’appel de Bordeaux.
Lors de l’audience qui s’est tenue ce jeudi 16 janvier devant le tribunal administratif d’appel de Bordeaux, la rapporteuse de la cour d’appel a estimé que le nom de ce quartier de Biarritz, situé non loin de la gare, était insultant. « La Négresse » pourrait donc bien disparaître des radars. Le sujet sera clos fin février, lorsque la justice aura tranché.
« La connotation raciste et sexiste du terme »
Ce 16 janvier, la municipalité a de nouveau défendu le maintien de ce nom, qui fait l’objet d’une controverse depuis plusieurs années. L’association Mémoires et Partages se bat en effet pour qu’il soit définitivement abrogé. Dans un premier recours en décembre 2023, le tribunal administratif de Pau avait autorisé la ville à conserver ce nom, estimant qu’il n’avait pas été donné « dans le but de présenter de manière dégradante, humiliante ou avilissante une esclave ou descendante d’esclave à la peau noire », mais « dans une perspective mémorielle », comme l’a rapporté France 3 Nouvelle-Aquitaine.
Considérant que la justice avait « raté son rendez-vous avec l’histoire » en prenant cette décision, l’association avait fait appel. L’affaire a donc été examinée par le tribunal administratif d’appel de Bordeaux ce 16 janvier. En entendant la rapporteuse de la cour d’appel pointer « la connotation raciste et sexiste » du terme « Négresse », Karfa Diallo – fondateur de Mémoires et Partages – s’en était réjoui. Le conseiller régional EELV de Nouvelle-Aquitaine a en effet qualifié cette réaction d’« excellente nouvelle ». Selon lui, cela montre que le représentant de l’autorité publique a conscience du côté « péjoratif » de « La Négresse ».
Rappelant que ce nom, selon la légende, aurait été donné à une femme noire tenant une auberge au début des années 1800, le militant a dénoncé « un symbole de racisme historique », qualifiant d’inadmissible le fait qu’une femme noire soit « jetée en pâture » depuis la fin du 19e siècle. « On ne peut croire que ce soit un hommage adressé à cette femme. Il y a beaucoup de mauvaise foi dans cette affaire », a-t-il encore souligné.
« Au début du 18e siècle, il n’a pas de valeur péjorative ou insultante »
Un point de vue aux antipodes de celui de Pierre Cambot, avocat de la ville de Biarritz, qui a dit regretter « qu’on stigmatise la ville de Biarritz et ses habitants, qui sont présentés comme accrochés à une formule péjorative et insultante », sans chercher d’explications. Comprenant néanmoins la légitimité de cette « indignation », il a ajouté : « Aujourd’hui, on va essayer de juger l’histoire, alors qu’il faudrait peut-être la comprendre. »
Remettant les éléments dans leur contexte, il a également donné quelques explications sur ce terme, utilisé à une époque où il n’avait aucune valeur « péjorative ou insultante » d’après lui. « C’est un terme qui désigne étymologiquement les personnes de couleur noire. Il n’aura son sens insultant, qui n’est pas discuté, que plus tard », a-t-il plaidé. Selon Me Cambot, ce terme pourrait tout aussi bien être liée à la terre argileuse du lieu.
Pour couper court à cette polémique et « lever ce doute », la ville de Biarritz a proposé d’installer une plaque commémorative expliquant l’origine de ce nom. Pour savoir ce qu’il adviendra réellement de cette affaire, il ne reste plus qu’à attendre la décision de la cour d’appel administrative, qui doit être rendue à la fin du mois de février.
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