Joe Biden reçoit jeudi la Première ministre italienne Giorgia Meloni à la Maison Blanche, pour la remercier de son soutien à l’Ukraine et l’encourager à prendre ses distances avec la Chine communiste, sans évoquer le clivage qui sépare leurs partis.
Le président américain s’était pourtant publiquement inquiété de la victoire du parti Fratelli d’Italia de Mme Meloni, qui se présente comme un parti conservateur nationaliste, aux élections de septembre 2022. Mais Giorgia Meloni, en poste depuis dix mois environ, a su gagner les faveurs de Washington par son franc soutien à l’Ukraine face à la Russie.
Elle sera donc reçue dans le célèbre Bureau ovale à 15h locales (19h00 GMT), pour une réunion bilatérale. Cet entretien sera précédé, comme le veut l’usage, de courtes déclarations à la presse.
Une « solide relation » entre deux pays alliés de l’Otan
Il s’agit selon la Maison Blanche de « réaffirmer la solide relation » entre leurs deux pays alliés au sein de l’Otan, une alliance matérialisée par l’importante présence militaire américaine en Italie, où les États-Unis disposent de cinq bases. À l’agenda également l’Afrique du Nord, et l’immigration en provenance des pays du pourtour méditerranéen, un sujet dont la cheffe de gouvernement a fait une priorité. Enfin, le président américain veut évoquer avec Giorgia Meloni – dont le pays présidera l’an prochain le G7 – une « coordination transatlantique plus étroite » face au régime communiste en Chine.
Le G7 (Allemagne, Canada, France, États-Unis, Italie, Japon, Royaume-Uni) est devenu, en particulier depuis le début de la guerre en Ukraine, un forum privilégié de discussion et de coordination entre les Américains et leurs proches alliés. Les États-Unis, lancés dans une féroce rivalité avec la Chine, voudraient convaincre les Européens de prendre leurs distances avec Pékin.
Souhait et crainte de quitter les Nouvelles routes de la soie
Le sujet est délicat pour l’Italie. Le pays se dit désormais prêt à quitter la très controversée initiative chinoise des Nouvelles routes de la soie, lui qui est le seul État membre du G7 à avoir annoncé en 2019 se joindre à ce programme d’investissements massifs de Pékin, sans retombées majeures depuis. Mais Rome ne veut pas provoquer ouvertement la deuxième puissance mondiale, de peur de subir de douloureuses représailles économiques. L’Italie aspire à une « relation équilibrée » et un « dialogue responsable » avec le régime chinois, selon une source diplomatique italienne.
Joe Biden devrait en revanche bien se garder de commenter l’orientation politique de son interlocutrice. Interrogé à ce sujet, un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a affirmé qu’il revenait « au peuple italien de décider de leur gouvernement. C’est une démocratie. Le président (Biden, ndlr) respecte cela. »
Le 29 septembre 2022 Joe Biden avait évoqué devant des donateurs du Parti démocrate le grand combat que se livrent selon lui les partisans de la démocratie et les tenants de l’autoritarisme dans le monde, y compris aux États-Unis. Il avait mentionné les élections remportées par Fratelli d’Italia pour illustrer son propos.
« Vous voyez ce qui s’est passé en Italie avec cette élection. Vous voyez ce qui se passe dans le monde. La raison pour laquelle je vous en parle, c’est que nous ne devons pas être excessivement optimistes à propos de ce qui se passe ici » aux États-Unis, avait-il lancé.
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