Avec la réforme du système ferroviaire en 2018, l’État s’est engagé à reprendre 35 milliards d’euros de dette de SNCF Réseau, laquelle se monte au total à 48,2 milliards d’euros.
Cette opération se passe en deux temps : 25 milliards d’euros repris dans la loi de finance de 2020, et 15 milliards d’euros dans celle de 2022. Le Directeur général du Trésor, Emmanuel Moulin, justifie cet engagement de l’État par celui de la SNCF « de mener une profonde transformation qui devra, grâce aux marges de manœuvre financières dégagées par cette reprise de dette et aux efforts internes de productivité, permettre de retrouver l’équilibre dans les années à venir ».
Et cela semble fonctionner : devant les bons résultats de l’année 2022, le groupe a ainsi annoncé : « nous ne sommes plus surendettés ». Son chiffre d’affaires a bondi à 41,4 milliards d’euros, portant le résultat net du groupe à 2,4 milliards d’euros, contre 890 millions d’euros en 2021. La dette de la SNCF s’élève désormais à 24,4 milliards d’euros, soit 12 milliards de moins qu’en 2021.
Alors qu’on commençait à se réjouir de la reprise en main du groupe, voilà que Ouigo, membre de la branche Voyage de la SNCF, annonce offrir 20.000 billets de train à 1 euro mardi 23 mai. Ça les regarde, pourrait-on penser : depuis le 1er janvier 2020, la SNCF n’est plus une société publique mais une société anonyme, libre de gérer ses investissements, obligée de maitriser sa dette, susceptible de faire faillite, bref, une entreprise, une vraie. À ce titre, elle est également libre de dispenser quasiment gratuitement certains de ses services si cela lui chante.
Sauf qu’il s’agit d’une société anonyme à capitaux public, avec l’État comme actionnaire et une reprise de 35 milliards d’euros de sa dette par Bercy. Par conséquent, son sort étant étroitement lié à la quantité d’impôts payée par les Français, il est particulièrement malvenu de la part de la SNCF de proposer 20.000 billets à 1 euro, quand on sait qu’il lui manque encore des milliards d’euros pour être à flot et que ce sont les contribuables qui renflouent ses caisses. Prétendre offrir un cadeau à une personne au moyen de sous tirés de la poche de cette même personne, c’est un petit peu se ficher du monde. Le vrai cadeau, à ce stade, serait encore d’arriver à l’heure.
Article écrit par Aliénor Barrière. Publié avec l’aimable autorisation de l’IREF.
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