Ces dernières années, nos élites ultrariches et ultrapuissantes nous ont présenté trois concepts étonnants et renversants. Et même s’ils ne sont pas élus, leur influence sur les gouvernements, les institutions universitaires et sur la vie professionnelle des gens ordinaires est énorme.
Sans ordre particulier, quelles sont ces trois grandes idées ?
Premièrement, nous pouvons aller sur Mars et y habiter. (Y a-t-il des volontaires parmi vous ? Il paraît que la vue est imprenable.)
Deuxièmement, il est tout à fait normal que la NASA puisse dépenser 324,5 millions de dollars pour envoyer une fusée dans l’espace quand il s’agit de sauver le monde. Ce plan pour sauver le monde consiste à entrer en collision avec un astéroïde dans le but de modifier son orbite. Ce qui n’est pas sans rappeler le mythe d’Œdipe. Selon la légende, un prophète lui révèla qu’il tuerait son père et épouserait sa mère. Pour échapper à ce sort, il s’enfuit de Corinthe et, de ce fait, permis involontairement à la prophétie de se réaliser. Peut-être devrions-nous désormais appeler ce phénomène « la Loi des conséquences involontaires ».
Troisièmement, et c’est peut-être ce qu’il y a de plus inquiétant, il existe un projet d’outils technologiques pour réduire l’intensité du soleil. Une technologie pour réduire l’intensité du soleil ? Vraiment ? Nous allons bloquer les rayons du soleil ? En dehors de tous les autres facteurs qui participent au changement climatique, il y a une chose frappante que l’on peut apprendre du livre de Jeremy Nieboer Climate : All Is Well, All Will Be Well [Climat : tout va bien, tout ira bien] (2021) : « À l’échelle mondiale, une analyse de 75.225.200 décès survenus dans 13 pays au cours de la période 1985-2012, dans des conditions climatiques très différentes d’un pays à l’autre, révèle que les températures froides tuent 20 fois plus que les températures chaudes. » Il semble pourtant qu’en bloquant les rayons du soleil nous allons avoir plus froid.
Agir avec hybris
En général, les mythes nous enseignent des vérités psychologiques profondes, des vérités qui nous apprennent bien plus de choses que la science et son catalogue de données factuelles. Certaines de ces données peuvent même être différentes selon la politique du moment. La vaccination durant la pandémie en est un exemple retentissant.
Donc, quel mythe serait le plus à même d’expliquer ces actions toutes plus imprudentes, dangereuses et irresponsables les unes que les autres ? La réponse ne tient pas dans un mythe en particulier, mais en fait dans un seul mot. Le mot que les Grecs utilisaient pour désigner ce type de comportement : « hybris », ou orgueil démesuré.
Qu’est-ce que l’hybris, exactement ? Un des exemples les plus pertinents est celui de Capaneus. En prenant d’assaut la ville de Thèbes, Capaneus s’écria : « Même Zeus ne peut plus m’arrêter ». Pour ce blasphème, Zeus le terrassa d’un éclair, car à la suite de tout orgueil démesuré (comme le savaient les Grecs) survient Némésis, la déesse du châtiment.
Mais examinons ce concept de plus près. Tout commence avec le siècle des Lumières. Notons que le mot « lumière » n’est pas sans rappeler l’orgueil de Prométhée qui vole le feu pour le donner aux hommes, le feu étant ce qui produit la lumière. Les penseurs du siècle des Lumières, selon le philosophe John Gray, « se voyaient comme ceux qui permettaient la renaissance du paganisme, mais il leur manquait le sens païen du danger que représentait l’orgueil démesuré. À quelques exceptions près, ces savants étaient en réalité des néo-chrétiens, missionnaires d’un nouvel évangile plus fantaisiste que tout ce que contenait le credo qu’ils pensaient avoir laissé derrière eux. »
Ce nouvel évangile, bien sûr, qui a remplacé le christianisme et toutes les religions organisées, était l’évangile de la « raison ». Grâce à la raison, les êtres humains allaient pouvoir créer une utopie sur terre et se libérer de Dieu, et des dieux, une bonne fois pour toutes.
Le culte de la raison
Le psychologue jungien James Hollis a ce propos très juste : « Cette croyance hybristique que nous avons, selon laquelle nous sommes maîtres de nous-mêmes et de la nature, nous éloigne encore davantage de la réalité de notre condition humaine. »
Cette cécité à l’égard des forces inconscientes qui travaillent en nous a conduit à l’avènement de la Première et à la Deuxième Guerre mondiale, et continue d’exister aujourd’hui. Le communisme n’en est qu’une manifestation parmi d’autres, et relève du matérialisme scientifique.
Il peut sembler exagéré de dire que les guerres mondiales ont été causées par le culte de la raison. Mais en réalité le culte de la raison vient directement des Lumières et n’a pas cessé d’exister depuis lors. En témoigne le statut et l’autorité apparemment incontestable de la science et des experts scientifiques. Cela ne relève pas de l’exagération, mais davantage d’une ironie profonde comme celle qui caractérise le mythe d’Œdipe. Les fanatiques de la raison ont cherché à détruire le christianisme et la religion en général car tout cela n’était que superstitions à leurs yeux. Ils voulaient remplacer par la raison.
Ils tenaient les religions pour responsables des guerres, des croisades, des inquisitions et de tous les maux du monde. Si seulement nous pouvions nous débarrasser des religions et les remplacer par la raison, pensaient-ils, le monde en deviendrait inévitablement meilleur. Ils pensaient que l’utopie serait alors à portée de main.
La face sombre de l’hybris
Mais l’hybris, en y réfléchissant davantage, ne consiste pas seulement à défier Zeus, les dieux, le christianisme ou d’autres religions. Cela va plus loin. Dans son livre A Brief Guide to Classical Civilization, Stephen Kershaw écrit : « L’hybris est plus qu’une attitude. Il se manifeste par des actions violentes et arrogantes. Le mot en grec [avait la même connotation] que le terme ‘dommage corporel grave’ pour nous aujourd’hui. »
Peter Jones, dans son livre « Eureka ! Everything You Wanted to Know About the Ancient Greeks but Were Afraid to Ask » [Eureka ! Tout ce que vous vouliez savoir sur les Grecs anciens sans jamais oser le demander], affirme que l’hubris
« … signifiait à l’origine exercer une violence physique sur quelqu’un. Par extension, cela a fini par signifier humilier quelqu’un, avoir le dessus sur lui, lui montrer qui était le patron, physiquement ou socialement. Le but était de dégrader ou d’avilir l’autre personne, comme le dit Aristote, pour le simple plaisir de démontrer sa supériorité. C’est une chose qu’aucun Grec digne de ce nom n’était prêt à accepter de qui que ce soit, une attitude qu’aucun dieu n’acceptait venant d’un simple mortel. »
En d’autres termes, les individus hybristiques ne manifestent pas seulement une attitude antagoniste aux religions, aux dieux ou à Dieu tout-puissant lui-même. Ils ont aussi un esprit violent et agressif et veulent dominer. Ce qui n’est pas sans rappeler le livre prophétique de J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux, dans lequel le Seigneur des Ténèbres, Sauron, cherche à dominer l’intégralité des êtres vivants de la Terre du Milieu.
Coloniser Mars, dévier les astéroïdes de leur trajectoire et bloquer les rayons du soleil relèvent assurément d’actions excessivement violentes et orgueilleuses. Ces actes clament à l’unanimité : « Nous pouvons contrôler l’univers ! Voyez comme nous sommes forts ! »
En plus de cette attitude détestable, les individus qui se font les chantres de ces absurdités sont aussi très attachés à se montrer vertueux. Ils ne font pas seulement le bien, ils sauvent le monde. Ils sont appelés à être les sauveurs de l’humanité. Ce ne sont plus les dieux ou Dieu que nous avons besoin de louer et de célébrer, c’est eux !
Charlie Munger, un ami de Warren Buffet et un de ses partenaires commerciaux de longue date, a un jour fait cette triste observation : « À chaque époque (…) une grande nation sera, le moment voulu, anéantie. (…) Notre tour viendra forcément. Mais je n’aime pas trop y penser. » Qui aime y penser ? L’Occident, par exemple, est une civilisation formidable, mais tant d’individus chargés d’hybris prennent la main sur les gouvernements. Le temps qui reste à cette civilisation se raccourcit de jour en jour, car après l’hybris vient Némésis, la déesse du châtiment.
Tandis que nous voulons commander au soleil et aux planètes, il est peu probable qu’ils se laissent faire.
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