« Nous devions agir face à l’ingérence vénézuélienne », a déclaré dans un entretien à l’AFP la cheffe de la diplomatie bolivienne, Karen Longaric, pour expliquer les premières mesures du gouvernement par intérim de La Paz contre le Venezuela, en rupture avec les pratiques sous l’ancien président Evo Morales.
« Nous ne pouvions pas rester les bras croisés face à l’ingérence évidente du Venezuela. Dans les derniers jours qui ont précédé la transition constitutionnelle, il a été constaté que des diplomates du Venezuela étaient sérieusement et activement impliqués dans des actes de déstabilisation. Nous devions agir », a dénoncé Mme Longaric, juriste spécialisée en droit international.
Le président socialiste bolivien Evo Morales, qui a démissionné le 10 novembre au plus fort de la crise post-électorale et s’est depuis réfugié au Mexique, avait privilégié pendant ses près de 14 ans de présidence les relations avec l’Iran, la Chine, la Russie, Cuba et le Venezuela.
Rapidement reconnue par Washington comme présidente par intérim, la sénatrice de droite Jeanine Añez, 52 ans, a immédiatement redessiné la politique étrangère du pays andin.
Sa première décision en la matière a été de reconnaître l’opposant vénézuélien Juan Guaido comme président par intérim du Venezuela, à l’instar d’une cinquantaine de pays, Etats-Unis en tête.
Les diplomates vénézuéliens ont été renvoyés
Le nouveau gouvernement a également démis tous ses ambassadeurs, nommés sous la présidence Morales, à l’exception de ses représentants au Pérou et au Vatican. Les diplomates vénézuéliens ont également été renvoyés.
Mardi, un ambassadeur bolivien aux Etats-Unis a été nommé pour la première fois depuis onze ans et la Bolivie a également annoncé jeudi qu’elle allait rétablir ses relations avec Israël.
Quand on lui demande si le tournant pris par La Paz en matière de politique étrangère ne va pas trop loin pour un gouvernement par intérim dont le rôle est avant tout de convoquer de nouvelles élections, Mme Longaric répond qu’il s’agit « d’un gouvernement constitutionnel, dont la marge de manœuvre n’est aucunement limitée ».
« Nos agissements sont fondés sur la Constitution bolivienne. Nous ne voyons pas pourquoi nous aurions dû paralyser le pays durant les trois mois que va durer la transition », a-t-elle ajouté. « Nous prenons les bonnes décisions, nous faisons ce qui est juste », a jugé la ministre qui entend « faire perdre son caractère idéologique » à la relation de La Paz avec les autres capitales.
« La relation avec le Brésil était assez limitée, assez dévaluée. Il est dans l’intérêt de la Bolivie de renforcer les liens, d’activer la coopération internationale et d’ouvrir des marchés également avec les Etats-Unis », a conclu Mme Longaric.
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