Un grossiste français en fruits et légumes est au cœur d’une vaste enquête, soupçonné par la justice d’avoir fait passer pour des produits français des centaines de tonnes de légumes espagnols, a annoncé lundi la préfecture des Bouches-du-Rhône, dans le sud de la France.
À la suite de plusieurs mois d’enquête, plusieurs perquisitions et gardes à vue ont été réalisées dans ce dossier, qui a abouti à la mi-juin à une opération de contrôle.
« En matière de fruits et légumes, la fraude dite de la ‘francisation’ consiste pour une entreprise à acheter des produits à l’étranger, souvent à bas prix, et à les revendre en prétendant qu’ils sont issus de la production française », a expliqué la préfecture dans un communiqué.
« Dans cette affaire, le grossiste en fruits et légumes est suspecté d’avoir acheté en 2020 et 2021 plusieurs centaines de tonnes de légumes (courgettes, poivrons, courges, asperges…) et d’avoir maquillé leur origine. Les étiquettes des légumes indiquant ‘Espagne’ auraient été retirées des colis et des emballages et remplacées par des étiquettes indiquant une origine ‘France' », a-t-elle ajouté.
?? Bouches-du-Rhône. Un grossiste de la région soupçonné d’avoir “francisé” des centaines de tonnes de légumes espagnols https://t.co/AJLl8otzmn
— Revue de presse Police & Réalités (@PoliceRealites) July 5, 2021
Des factures éditées par le grossiste
Des factures sur lesquelles était inscrit « origine : France » ont également été éditées par le grossiste, toujours selon la préfecture : « impossible dès lors pour ses clients, et le consommateur final, de s’apercevoir qu’il s’agissait, en fait, de légumes espagnols ».
Toujours en cours, l’enquête a permis de déterminer que les clients concernés seraient pour l’essentiel des enseignes de la grande distribution, qui se fournissaient auprès de ce grossiste pour les rayons fruits et légumes de leurs magasins. « Ce grossiste pourrait également avoir agi avec la complicité d’un conditionneur de fruits et légumes chargé de reconditionner certains légumes en filet et d’y étiqueter l’origine France », a encore indiqué la préfecture.
Il risque deux ans d’emprisonnement et 300.000 euros d’amende
« L’intérêt à la fraude réside dans les différences de prix et de saisonnalité des fruits et légumes entre les pays producteurs. Par exemple, en juin dernier, le poivron espagnol se négociait sur le marché de gros aux alentours de 2 euros/kg alors que le poivron français, dont la récolte débute à peine, s’achète à près de 3 euros/kg », a-t-elle souligné.
Lorsqu’elle est établie, cette pratique constitue un délit de pratique commerciale trompeuse punissable d’un emprisonnement de deux ans et d’une amende de 300.000 euros.
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