Le gouvernement brésilien a envoyé samedi à l’aube plusieurs milliers de militaires et policiers, appuyés par des hélicoptères, faire une démonstration de force contre des bandes armées dans plusieurs favelas de Rio de Janeiro.
Une recrudescence de la violence
L’opération, annoncée par le Secrétariat de la sécurité de l’Etat de Rio (Seseg), intervient après une multiplication des vols de cargaisons de camions de transport de marchandises, et alors que 10 000 hommes sont mobilisés dans la ville depuis huit jours pour lutter contre la flambée de violence.
Rio a enregistré au premier semestre son plus haut niveau de violences depuis 2009, avec 3.457 homicides, soit 15% de plus qu’au même semestre de 2016, selon des données de l’Institut de sécurité publique (ISP). Des bandes rivales, qui prospèrent sur le trafic de drogue, se disputent violemment le contrôle des favelas. De nombreuses personnes sont tuées dans des échanges de tirs entre gangs mais aussi avec la police.
En outre, depuis le début de l’année, 93 policiers ont été abattus à Rio. La 93e victime côté police a été enregistrée samedi à l’aube: un sergent de la police militaire tué par balles alors qu’il se trouvait en voiture, selon la presse citant la police.
Les violences dans les favelas ont entraîné le mois dernier des manifestations des habitants de ces zones défavorisées, mais dans les quartiers riches, en plein coeur de Copacabana. Puis ce sont des proches de policiers tués qui ont manifesté, également à Copacabana, contre ce déchaînement de violence de plus en plus incontrôlable. Les braquages de poids-lourds acheminant diverses marchandises sont de plus de plus fréquents aussi. De plus en plus souvent, les chaînes de télévision diffusent des images, captées par des écrans de surveillance, de poids-lourds obligés de s’immobiliser par des voitures s’arrêtant en travers de leur route. La cargaison est dévalisée en quelques minutes par des dizaines de malfaiteurs. Selon la Fédération des industries de l’Etat de Rio, 10.000 cas de vols de cargaisons ont été signalés l’an dernier, essentiellement sur les routes d’accès à la ville de 6,5 millions d’habitants, impliquant de lourdes pertes financières.
Une descente en force
Le 26 juillet, le chef de l’Etat Michel Temer avait signé un décret autorisant « l’emploi des forces armées dans l’Etat » de Rio de Janeiro pour lutter contre le crime organisé. Immédiatement, une force de 10 000 hommes, dont 8 500 militaires, avait commencé à prendre position dans la métropole. L’opération de ce samedi correspond à la deuxième phase de cette mobilisation de l’armée et de la police dans l’Etat de Rio secoué ces dernières semaines par une hausse alarmante des actes de violence et des vols de camions. Les raids de la police et de l’armée étaient menés samedi dans plusieurs favelas violentes de la Zone Nord de Rio et dans une autre de la Zone Ouest, avec 40 mandats d’arrêt, a précisé à l’AFP un porte-parole de la Seseg.
Quelque 3.600 militaires sont déployés avec « plusieurs centaines » d’hommes appartenant à diverses forces de police, a précisé la Seseg. La radio CBN a raporté que des fusillades avaient été entendues dans la favela de Lins et qu’une personne avait été tuée dans un affrontement dans celle de Sao Joao. Ces deux favelas, zones où s’entassent près d’un quart des habitants de Rio dans des conditions de grand dénuement, sont situées en Zone Nord. « Les forces armées ont encerclé quelque unes de ces zones et se déploient dans des endroits stratégiques », a indiqué la Seseg dans un communiqué. « Certaines routes ont été fermées à la circulation et l’espace aérien est contrôlé par des aéronefs (…) dans les secteurs de l’intervention des forces armées », a ajouté la Seseg. Cette dernière devait donner une conférence de presse sur l’opération à 10H00 locales (13H00 GMT).
Les autorités ont par ailleurs diffusé sur internet les photos de quinze personnes recherchées dans la favela de Lins, avec une récompense de 1.000 réais (environ 270 euros) pour toute information sur « des caches d’armes, la localisation de trafiquants ou points de vente de drogue ».
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