Toujours pas « assez », a dit Michel Barnier, le négociateur en chef de l’UE, sur le réseau social Twitter et graphiques à l’appui, a demandé « plus de progrès sur les trois sujets clés » de la phase actuelle des négociations: l’épineux règlement financier du Brexit, le sort des droits des expatriés européens et britanniques après le divorce, programmé fin mars 2019, et les conséquences de la séparation pour l’Irlande.
Les négociations du Brexit ont repris jeudi entre le Royaume-Uni et l’UE, qui a prévenu qu’il faudrait un accord de principe d’ici la fin du mois sur les termes du divorce, pour ouvrir rapidement les tractations commerciales réclamées avec impatience par Londres.
Le sixième round de négociation s’est ouvert en matinée au siège de la Commission européenne à Bruxelles, où les Européens n’ont pas caché leur inquiétude croissante face à la fragilité de leur interlocuteur, le gouvernement conservateur de Theresa May.
Cette session sera courte et ne suscite pas d’espoirs d’avancées décisives côté européen. Elle s’achèvera vendredi par une conférence de presse commune du négociateur en chef de l’UE Michel Barnier et son homologue britannique David Davis.
« Le temps presse », a prévenu jeudi M. Barnier depuis Rome où il prononçait un discours avant de rentrer dans l’après-midi à Bruxelles. « Le moment d’une vraie clarification approche », a ajouté celui qui négocie au nom des 27 pays qui resteront dans l’UE.
« Nous avons fait des progrès considérables dans les domaines qui comptent », a au contraire estimé le ministère britannique chargé du Brexit sur son compte Twitter, dans un message en forme de réplique, accompagné d’une vidéo détaillant les engagements pris à ce stade.
Les 27 ont rappelé lors du dernier sommet européen en octobre qu’il faudrait des « progrès suffisants » sur les trois sujets clés pour qu’ils donnent leur feu vert à des discussions avec Londres sur une période de transition post-Brexit, souhaitée par Theresa May, et sur leurs relations commerciales à plus long terme.
« Tout est prêt (pour commencer des négociations commerciales, ndlr) dès le 1er janvier », a assuré à l’AFP un haut diplomate de l’UE. Mais « si nous n’avons pas tout scellé fin novembre ou la première semaine de décembre » sur les priorités préalables des 27, « cela reporte à février ou mars » cette perspective, a-t-il ajouté.
« Nous n’avons pas besoin de discours, nous avons besoin d’engagements écrits de la part des Britanniques », a commenté cette source, soulignant que ce sixième round sera « seulement oral » et ne durera « qu’un jour et demi ».
Londres estime avoir fait un grand pas avec des propositions pour garantir les droits des Européens souhaitant rester au Royaume-Uni après le Brexit.
« D’importants problèmes doivent encore être résolus » dans ce dossier, a toutefois averti mercredi le groupe d’eurodéputés qui suit les négociations du Brexit, mené par le libéral Guy Verhofstadt.
L’autre principale pomme de discorde reste le solde de tout compte que devra verser le Royaume-Uni pour honorer ses engagements financiers envers l’UE.
Le président du Parlement européen Antonio Tajani a récemment affirmé que la facture tournerait autour de « 50 ou 60 milliards » d’euros, confirmant pour la première fois des estimations officieuses circulant à Bruxelles, et déplorant « les clopinettes » proposées par Londres.
Les 27 ont malgré tout voulu faire un geste lors de leur sommet d’octobre en acceptant de lancer des « préparatifs internes » pour la négociation de la future relation avec Londres.
Des représentants des 27 ont évoqué entre eux le sujet pour la première fois lors d’une réunion mercredi à Bruxelles.
L’objectif est « d’être prêt à aller rapidement de l’avant « si des « progrès suffisants » sont constatés en décembre, « mais cela ne préjuge pas du tout de ce qui sera décidé », a insisté une source diplomatique, soulignant que l’ouverture de la deuxième phase des négociations était loin d’être acquise.
Les Européens sont d’autant plus prudents qu’ils sont préoccupés par la fragilité grandissante de Theresa May.
« Nous sommes un peu inquiets de ce que nous voyons en ce moment au Royaume-Uni, nous voulons un partenaire de négociation fort », a confié à l’AFP un diplomate de l’UE.
Déjà aux prises avec des divisions internes sur les modalités du Brexit, Mme May est encore affaiblie par la démission mercredi d’un nouveau membre de son gouvernement, pour avoir rencontré en secret des dirigeants israéliens. Il s’agit du deuxième départ du cabinet en une semaine, après celui du ministre de la Défense Michael Fallon, mis en cause dans un scandale de harcèlement sexuel.
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