Le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, Michel Barnier, a mis en garde Londres mardi contre toute « illusion » sur la place des services financiers dans la future relation entre le Royaume-Uni et le continent, que les deux parties vont négocier cette année.
« Je voudrais (…) dire clairement à certains responsables britanniques qu’il ne doit pas y avoir d’illusion sur cette question: il n’y aura pas d’équivalence générale, globale ou permanente sur les services financiers », a affirmé M. Barnier à Strasbourg devant les eurodéputés. « Nous garderons la maîtrise de ces outils et nous garderons l’autonomie de décision », a insisté le Français.
M. Barnier adresse ainsi une réponse directe au ministre britannique des Finances, Sajid Javid, qui a affirmé mardi matin son intention de bâtir une « relation durable » avec l’UE en matière de services financiers, secteur crucial pour Londres.
Les services financiers, secteur crucial pour Londres
Dans l’espoir de calmer les inquiétudes de la puissante City de Londres, le Britannique a assuré, dans le quotidien City AM vouloir « établir des normes et des manières de travailler avec l’UE pour les décennies à venir », tout en se gardant la possibilité de fixer ses propres règles.
Le Royaume-Uni, qui a quitté l’UE le 31 janvier, est entré dans une période de transition jusqu’au 31 décembre, pendant laquelle il continuera d’appliquer les normes européennes.
A l’issue de cette période, qui servira à Londres et Bruxelles pour négocier la future relation, les entreprises de la City perdront le « passeport » qui leur permet d’opérer librement sur le continent. Elles devront alors obtenir une « équivalence » de la part de l’UE.
La place des services financiers britanniques sur le continent est l’une des grandes inconnues du Brexit.
Il n’y aura pas de négociations
« Il n’y aura pas de négociation à proprement parler sur les services financiers », a rappelé Michel Barnier. « Nous ne négocions pas sur ces sujets avec le Royaume-Uni: nous vérifions la cohérence et quand nous le jugeons possible, nous donnons des équivalences sur tel ou tel secteur de l’industrie financière », a-t-il insisté.
M. Javid a relativisé cette posture ferme dans un entretien à la BBC, d’après des extraits tweetés par l’un des éditeurs de la télévision et radio publique britannique: « c’est une négociation et elle se fait partiellement en public ».
Des équivalences au passeport précédent
Si Bruxelles appelle à une convergence maximale pour décerner le précieux sésame des équivalences, l’un des responsables de la Banque d’Angleterre, Jon Cunliffe, a laissé entendre mardi dans un discours à Berlin qu’il était au contraire probable d’observer un éloignement des textes en vigueur.
Avec le Brexit, la réglementation financière de l’UE n’aura plus à se plier à la complexité, et l’ampleur des activités et risques de la place londonienne, et à l’inverse, les « procédés et structures complexes du cadre réglementaire de l’UE ne seront plus nécessaires au Royaume-Uni », a-t-il argumenté, ajoutant qu’il « pourrait y avoir divergence ».
Le Français a souligné que ce système fonctionnait déjà avec le Canada, les Etats-Unis et le Japon. « Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas avec le Royaume-Uni », a-t-il dit.
Un accord post-Brexit unique
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a pour sa part rappelé mardi dans l’hémicycle européen son intention de conclure un accord post-Brexit « ambitieux » et unique, visant notamment « l’absence de droits de douane, zéro quota et une relation commerciale pour tous les biens ».
Le Parlement européen doit voter mercredi sur ce sujet, avant que les discussions ne commencent formellement début mars.
De son côté, Londres a prévenu lundi qu’elle prévoyait « des contrôles sur les importations de biens européens à la frontière à l’issue de la période de transition le 31 décembre 2020 ».
Un modèle australien
Il est important « de traiter tous nos partenaires de manière identique alors que nous commençons à négocier nos propres accords commerciaux », a argumenté le gouvernement britannique, qui compte désormais nouer des accords commerciaux avec les Etats-Unis, le Japon et l’Australie.
Concernant ce dernier, Ursula von der Leyen a rappelé mardi au Premier ministre Boris Johnson, qui avait évoqué « un modèle australien » pour la future relation avec le continent, que l’UE « n’a pas d’accord commercial avec l’Australie » mais qu’elle a démarré les négociations en vue d’en conclure un.
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