Le ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a plaidé pour en finir avec l’État-providence et passer à un modèle « d’État protecteur », afin de « reprendre la maîtrise » d’un système devenu « incontrôlable », dans une interview au Journal du Dimanche.
« Nous devons remplacer l’État-providence par l’État protecteur », explique le ministre, qui donne cette interview de trois pages aux allures de programme politique, à l’occasion de la parution d’un nouveau livre, « La voie française », publié chez Flammarion, « écrit pendant les vacances de Noël ».
Quand le modèle d’État-providence a été fondé en 1945, il avait « peu de prestations et beaucoup de cotisants. Près de quatre-vingts ans plus tard, il a beaucoup de prestations et moins de cotisants. Comment cela peut-il tenir ? Les salariés ne peuvent plus être les seuls financeurs du modèle social. La charge est trop lourde. Il faut trouver des voies complémentaires, plus justes et moins pénalisantes pour le travail et la production », développe Bruno Le Maire.
Bruno Lemaire dit croire à un « État qui protège », à « notre modèle social » au micro de France Inter. « En revanche, je ne crois pas en l’accumulation de dépenses année après année qui deviennent des acquis sur lesquels on ne bouge pas ».
Arrêtons les caricatures ! Ce n’est pas parce que je viens de la droite que je ne crois pas en notre modèle social : je crois à la nécessité de protéger les plus fragiles. Je crois en l’hôpital public. Je crois à l’école publique.
En revanche, je ne crois pas en l’accumulation… pic.twitter.com/4PXp5vxYT3
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) March 18, 2024
Sortir du « mirage de la gratuité universelle »
Selon lui, « partout en Europe », mais « surtout en France », « l’État-providence a fini par devenir une machine à empiler de nouvelles dépenses publiques, sans examen de leur pertinence ni de leur efficacité, sans remise en cause non plus des dépenses précédentes. Nous devons reprendre la maîtrise de ce système devenu incontrôlable. »
Le modèle actuel a selon lui comme « but ultime la gratuité de tout, pour tous, tout le temps : c’est intenable ! » Le ministre estime que « le temps des choix est venu », pour sortir du « mirage de la gratuité universelle ».
Il argumente en citant notamment le vieillissement de la population, avec le grand âge qui « pèse lourdement sur les comptes sociaux et pèsera de plus en plus lourd », et appelle à débattre au parlement des « grands enjeux du vieillissement, de la prise en charge de la dépendance, de l’accompagnement des personnes seules ».
Si l’on veut faire des urgences à l’hôpital une priorité, il faut savoir renoncer « à d’autres dépenses moins prioritaires », dit-il encore.
Inciter massivement à la reprise du travail
Bruno Le Maire fait le constat d’un écart de 2% entre le plein-emploi en France et ailleurs et propose des pistes pour le réduire.
« Nous devons continuer à inciter massivement à la reprise du travail en France. La meilleure rémunération, la formation, la valorisation des filières qui embauchent, une meilleure orientation sont des politiques que nous mettons déjà en oeuvre. Ajoutons-y une nouvelle réforme de l’assurance chômage : nous avons encore une durée d’indemnisation parmi les plus généreuses en Europe. Cette générosité se paie au prix fort : un taux de chômage encore au-dessus de celui de nos principaux partenaires économiques », lance le ministre.
Il précise notamment que le « taux d’emploi des plus de 55 ans est l’un des plus faible des pays développés, ce qui est révoltant ». « Un gâchis » de compétence et d’expérience. La réduction de « la durée des allocations n’est pas la seule solution, mais regardons-la», ajoute-t-il. Il pointe « l’hypocrisie » du système qui vous « met directement du chômage à la retraite ». Il évoque également la responsabilité des entreprises ainsi que la mise en place d’autres systèmes qui existent ailleurs en Europe comme proposer au plus de 60 ans qui ont eu un travail pénible, de reprendre à temps partiel à 80% tout en garantissant 90% du salaire et 100% des cotisations retraites.
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