Une nouvelle attaque sanglante de jihadistes présumés a tué jeudi trente-trois soldats dans l’est du Burkina Faso, pays sahélien qui s’enfonce de plus en plus ces dernières semaines dans la violence apparue en 2015.
« Le détachement militaire de Ougarou », dans la région de l’Est, « a fait face à une attaque complexe d’envergure dans la matinée de jeudi », indique un communiqué de l’armée. « Trente-trois de nos soldats sont malheureusement tombés les armes à la main, tandis que douze autres ont été blessés », ajoute-t-il.
« Au cours des combats qui ont été particulièrement intenses, les militaires du détachement ont fait preuve d’une remarquable détermination face à un ennemi venu en très grand nombre », selon l’armée qui affirme qu’ils « ont ainsi réussi à neutraliser au moins quarante terroristes avant l’arrivée des renforts ». Le déploiement de ces renforts « a permis d’évacuer les blessés qui sont actuellement pris en charge par les services de santé », selon l’armée.
Des assaillants « lourdement armés »
Des sources sécuritaires ont affirmé que les assaillants étaient « lourdement armés » et que « certains soldats manquent à l’appel ». Le communiqué précise que « le chef d’état-major général des armées salue la mémoire des soldats qui ont consenti le sacrifice suprême dans l’accomplissement de leur devoir ». « Il encourage l’ensemble des unités engagées dans les opérations à maintenir les efforts afin de renforcer la dynamique de reconquête en cours », ajoute le texte.
Cette attaque survient une semaine après le massacre le 20 avril d’au moins une soixantaine de civils d’un village du nord, Karma, par des hommes portant des tenues de l’armée. Révélée officiellement dimanche, elle a fait une « soixantaine » de morts selon un procureur de la région, « plus d’une centaine », selon des représentants des rescapés et des habitants de Karma.
« Actes ignobles et barbares »
Le gouvernement a « fermement condamné jeudi « ces actes ignobles et barbares » et a affirmé suivre de très près l’évolution de l’enquête », ouverte par le procureur du tribunal de grande instance de Ouahigouya (nord) en vue d' »élucider » les faits et « interpeller toutes les personnes impliquées ».
Les victimes de Karma ont été inhumées jeudi soir. « Les autorités administratives se sont mobilisées pour l’inhumation des restes de nos mamans, de nos papas, de nos sœurs et de nos fils », soit « une centaine de personnes », a déclaré à l’AFP Daouda Belem, l’un des rescapés. Il a tenu à remercier le gouvernement qui a « permis à Karma d’inhumer ses morts » et appelé à collaborer avec la gendarmerie pour son enquête.
Le 18 avril, ce sont au moins vingt-quatre personnes, dont 20 supplétifs civils de l’armée, qui avaient été tuées lors de deux attaques de jihadistes présumés dans le centre-est du Burkina. Le 15 avril, six soldats et 34 supplétifs civils avaient été tués dans le nord lors de l’assaut lancé contre leur détachement.
Plus de 10.000 morts depuis sept ans
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.
Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10.000 morts – civils et militaires – selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
Le président de transition du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir par un putsch en septembre 2022, a signé la semaine dernière un décret de « mobilisation générale » d’une durée d’un an, permettant si besoin la réquisition des « jeunes de 18 ans et plus » pour aller lutter contre les jihadistes qui ensanglantent le pays.
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