Au moins 4.000 personnes ont été interpellées au Cachemire indien depuis la révocation de l’autonomie de ce territoire par New Delhi il y a deux semaines, ont déclaré à l’AFP des sources gouvernementales, donnant pour la première fois une idée de l’ampleur des mesures prises par les autorités pour prévenir des manifestations.
Ces personnes ont été interpellées en vertu de la loi sur la sécurité publique, a précisé à l’AFP un magistrat s’exprimant sous couvert de l’anonymat. Cette loi controversée permet aux autorités d’emprisonner une personne jusqu’à deux ans sans accusation ni procès.
« La plupart d’entre elles (les personnes interpellées) ont été évacuées par avion du Cachemire parce que les prisons n’ont plus de place », a précisé le magistrat. Il a ajouté qu’il avait eu recours à un téléphone satellitaire qui lui avait été attribué pour collecter les chiffres auprès de ses collègues à travers le territoire.
Par ailleurs, la famille d’un commerçant en bois a affirmé dimanche qu’il était décédé à cause des gaz lacrymogènes répandus par les forces de l’ordre. Celles-ci « ont tiré des grenades lacrymogènes et à cause de la fumée il a suffoqué et il est mort », a déclaré à l’AFP Muddasir Ahmed, le neveu de Sidiq Khan, 62 ans.
Le gouvernement local interrogé n’avait pas répondu immédiatement dimanche. Un seul décès avait jusqu’à présent été signalé, celui d’un jeune homme qui s’est noyé en tentant d’échapper à la police.
Les autorités n’ont jamais indiqué officiellement combien de personnes ont été placées en détention depuis le début de cette crise. Elles se sont contentées de confirmer l’arrestation d’une centaine de responsables politiques locaux, de militants et d’universitaires dans les tout premiers jours.
Elles ont expliqué ne pas disposer de bilan global des arrestations et ont justifié « les quelques mises en détention préventives » par la nécessité d’éviter « que la paix ne soit troublée » dans ce territoire à majorité musulmane revendiqué par le Pakistan, qui est le théâtre depuis des décennies d’une rebellion séparatiste.
Mais l’AFP a pu confirmer l’ampleur des rafles auprès de nombreux responsables du gouvernement local à Srinagar, principale ville du Cachemire indien, y compris des membres de la police et des forces de l’ordre.
Ainsi un policier parlant anonymement a indiqué qu’à Srinagar, « 6.000 personnes environ avaient subi un examen médical après avoir été détenues ». « Elles sont d’abord envoyées à la prison centrale de Srinagar, et ensuite transportées ailleurs par avion militaire », a-t-il précisé.
Un autre membre des forces de sécurité a fait état de « milliers de personnes emprisonnées », mais a ajouté que ce chiffre ne tenait pas compte d’autres habitants qui ont été détenus dans des postes de police mais n’ont pas été enregistrés.
Les tensions demeurent vives dans ce territoire depuis le 5 août, date à laquelle l’Inde a révoqué l’autonomie constitutionnelle de la partie du Cachemire qu’elle contrôle.
Un black-out sur les communications et de fortes restrictions à la circulation avaient été imposés par les autorités indiennes la veille de l’annonce le 5 août de la révocation de l’article 370 de la Constitution, qui conférait ce statut d’autonomie spéciale à la région himalayenne.
Vendredi, l’Inde avait commencé à assouplir certaines de ces restrictions. Mais des heurts ont été signalés en plusieurs endroits samedi autour de Srinagar, faisant huit blessés, selon les autorités locales.
Les restrictions ont été en conséquence rétablies à la suite de ces incidents, a rapporté l’agence de presse indienne Press Trust of India (PTI), citant des fonctionnaires parlant sous couvert d’anonymat.
Un haut fonctionnaire du gouvernement a déclaré dimanche à l’AFP que des centraux téléphoniques reprendraient leurs activités normales « d’ici la fin de la journée ». Les autorités avaient précédemment nié ou minimisé des informations faisant état de violences et souligné au contraire que la majeure partie de la vallée du Cachemire était restée pacifique.
Par ailleurs, l’armée indienne a confirmé qu’un soldat avait été tué samedi lors d’un échange de tirs transfrontaliers « intenses » avec le Pakistan. Quelque 80.000 paramilitaires indiens supplémentaires ont été déployés dans le Cachemire indien. Un demi-million de soldats s’y trouvent déjà en temps normal.
L’Inde et le Pakistan, qui se sont partagé le territoire du Cachemire après leur indépendance en 1947, se sont depuis livrés trois guerres, dont deux à propos du Cachemire.
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