Anthony Rota a annoncé sa démission de son poste de président de la Chambre des représentants suite à la reconnaissance d’un vétéran d’une unité nazie au sein du Parlement.
« Cette Chambre est au-dessus de chacun d’entre nous. Par conséquent, je dois démissionner de mon poste de président », a déclaré M. Rota à la Chambre des communes avant la période des questions, le 26 septembre.
« Je réitère mes profonds regrets pour l’erreur que j’ai commise en reconnaissant une personne dans la salle lors de l’allocution conjointe du Président Zelenskyy devant le Parlement. »
Après avoir appris que M. Hunka avait combattu aux côtés des nazis, M. Rota s’est excusé dans un communiqué le 24 septembre, soulignant qu’il était le seul responsable de l’invitation de cet homme au Parlement.
Lors de l’annonce de sa démission, M. Rota a souligné que le fait d’avoir reconnu Yaroslav Hunka, un Canadien d’origine ukrainienne, avait blessé de nombreuses personnes et communautés, « y compris la communauté juive du Canada et du monde entier, et des survivants des atrocités nazies perpétrées en Pologne, entre autres nations ».
« J’accepte l’entière responsabilité de mes actes », a-t-il ajouté.
M. Rota a fait savoir que sa démission prendrait effet le 27 septembre en fin de journée, date à laquelle commenceront les préparatifs en vue de l’élection d’un nouveau président de la Chambre. D’ici là, les vice-présidents présideront les débats à la Chambre des communes.
Lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy au Parlement à Ottawa le 22 septembre, M. Rota a reconnu M. Hunka comme un « vétéran de la Seconde Guerre mondiale qui s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes ».
Après 30 secondes d’applaudissements nourris par tous les députés présents, M. Rota a ajouté : « C’est un héros ukrainien, un héros canadien, et nous le remercions pour tous les services qu’il a rendus ».
Pendant la Seconde Guerre mondiale, M. Hunka a combattu au sein de la 14e division de grenadiers Waffen SS, l’aile militaire du parti nazi.
En février 1944, l’unité a perpétré un massacre de villageois polonais à Huta Pieniacka, en Ukraine, brûlant vifs entre 500 et 1000 Polonais, selon diverses estimations.
Le Tribunal militaire international a déclaré, lors du procès de Nuremberg qui a suivi la guerre, que la Waffen SS était une organisation criminelle responsable d’atrocités massives. Après la guerre, environ 2000 vétérans de cette unité ont pu s’installer au Canada.
Tout à fait inacceptable
Les conservateurs, le NPD (Nouveau Parti démocratique) et le Bloc Québécois ont demandé à M. Rota de démissionner de son poste, et le Premier ministre Justin Trudeau a indiqué lors d’un point de presse le 26 septembre que les leaders de la Chambre tiendraient une réunion sur le sujet plus tard le même jour.
La responsabilité quant à l’échec du processus de vérification doit, selon les conservateurs, être étendue à l’ensemble du gouvernement libéral, tandis que les libéraux estiment que la responsabilité incombe uniquement au président de la Chambre.
Lors d’une conférence de presse tenue le 26 septembre, la ministre des finances, Chrystia Freeland, a qualifié l’incident de « tout à fait inacceptable » et a dit espérer que M. Rota « ferait ce qui est honorable » et démissionnerait.
Les Amis du Centre Simon Wiesenthal, un groupe de défense des droits des Juifs, a déclaré plus tôt dans la journée que les actions de M. Rota avaient « compromis tous » les députés présents et donné une « victoire à la propagande » d’une Russie en guerre avec l’Ukraine depuis le début de 2022.
Le groupe a également demandé à la commission de la procédure et des affaires parlementaires de la Chambre des communes d’organiser des auditions publiques et d’examiner les « défaillances des procédures de contrôle » afin de déterminer ce qui s’est passé.
Le ministre polonais de l’éducation, Przemysław Czarnek, a affirmé dans une déclaration le 26 septembre qu’il avait « pris des mesures » pour que M. Hunka soit extradé vers la Pologne. M. Czarnek a également envoyé une lettre à l’Institut de la mémoire nationale, un organisme historique polonais qui a le pouvoir d’engager des poursuites, lui demandant de « déterminer de toute urgence si Yaroslav Hunka est recherché pour des crimes contre la nation polonaise ou les Polonais d’origine juive ».
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