Au Canada, dans une résidence pour personnes âgées, les pensionnaires ont été abandonnés en pleine pandémie du coronavirus.
31 personnes décédées en quelques semaines. Des pensionnaires ni nourris, ni changés, laissés à l’abandon, des soignants qui désertent, un patron ex-délinquant : les révélations sur une maison de retraite près de Montréal, décimée par le coronavirus, ont provoqué un véritable électrochoc au Canada.
La résidence Herron à Dorval, cet établissement privé est devenu en quelques jours le symbole douloureux de l’hécatombe qui frappe les résidences pour aînés du pays. On y recense, comme dans de nombreux pays européens, la moitié des décès liés au virus du PCC (Parti communiste chinois), connu communément comme le nouveau coronavirus, responsable de la maladie infectieuse respiratoire appelée Covid-19.
@mamicouette @GranyJapy pas très rassurant l’état d’esprit du personnel soignant « courage fuyons »??Coronavirus : abandonné en pleine pandémie, l’Ehpad qui indigne le Canada https://t.co/hEg4rJ9HdF
— Fanny (@fanny152813) April 18, 2020
« Épouvantable »
Selon le Montréal Gazette, des responsables des autorités sanitaires appelés à la rescousse dans cet établissement où une grande partie du personnel avait déserté, par peur de contracter le Covid-19, les forces de l’ordre ont découvert une scène de désolation : patients pas nourris depuis plusieurs jours, des couches qui débordent d’excréments, des malades gisant au sol après une chute. Et deux aînés retrouvés morts dans leur lit. Au moins cinq des 31 décès ont été attribués directement au virus du PCC, les autres sont en cours d’analyse.
« Épouvantable », s’est ému le Premier ministre du Québec, François Legault, pointant une « grosse négligence » et ordonnant plusieurs enquêtes – dont une de la police criminelle – après les révélations du journal local.
« Ça m’a vraiment donné la nausée, parce que j’ai soudain eu tout un tas de questions : qu’aurions-nous pu faire différemment ? Pourquoi personne ne nous a rien dit ? », se désole Moira Davis, après le décès de son père Stanley Pinnell au centre Herron, le 8 avril. Jointe par téléphone dans sa maison de Saskatchewan, dans l’ouest du pays, Mme Davis explique avoir été préoccupée par l’état de son père, âgé de 86 ans, persuadée qu’il était infecté depuis « au moins le 1er avril » au vu de la faiblesse de ses conversations au téléphone.
« CORONAVIRUS : CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR »
Le « parent pauvre » du système de santé
À la résidence Herron, au moins cinq des 31 décès ont été attribués directement au virus du PCC, les autres sont en cours d’analyse. Une procédure de demande d’action collective a été déposée, au nom des 130 résidents, contre le centre Herron, réclamant au total plus de 5 millions de dollars canadiens (3,4 millions d’euros) pour « traitement inhumain et dégradant ».
D’après le quotidien La Presse, le président du groupe qui possède le centre, Samir Chowiera, avait séjourné en prison pour trafic de drogue et fraude.
Cette hécatombe n’est pas une surprise pour les experts : le budget consacré aux soins de longue durée est le « parent pauvre » du système de santé au Canada, où il n’existe pas de financement spécifique contrairement à la France ou à l’Allemagne. « On a négligé le secteur des personnes âgées depuis très longtemps », dit Réjean Hébert, ancien ministre de la Santé au Québec, citant des « difficultés de main-d’œuvre » liés à des « emplois qui sont mal payés ».
Face au tollé, le Premier ministre du Québec a appelé les médecins à « venir faire le travail des infirmières » dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée, l’équivalent québécois des Ehpad. Il estime qu’environ 2 000 travailleurs de la santé manquent à l’appel.
Le Premier ministre, Justin Trudeau, a annoncé vendredi l’envoi de 125 membres des Forces armées pour aider le personnel des CHSLD de la province. Le Québec comptait le 17 avril 688 morts du coronavirus, soit la moitié du bilan national de 1 354 décès.
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